Rare auparavant, la reproduction des ouvrages épuisés s'est développée depuis quelques années. C'est ce que l'on appelle les "reprints" ou encore "reproductions anastatiques" ou parfois "rééditions en fac-similé".
Ce phénomène doit être considéré avec intérêt par les bibliothèques. Il permet de combler des lacunes dans les bibliothèques anciennes et de rendre mieux accessible la documentation rétrospective aux bibliothèques nouvelles. Il peut aussi éviter l'usure due aux manipulations pour des éditions devenues rares et précieuses ou fragiles, et contribue ainsi à la meilleure conservation des originaux. Mis en concurrence avec les procédés de microreproduction, les reprints conservent sur eux l'avantage de la maniabilité, particulièrement pour les ouvrages de référence, qui font l'objet de consultations fréquentes, mais rapides, que l'on ne lit pas de façon séquentielle, mais que l'on feuillette pour se reporter de la table et des index aux brefs passages que l'on recherche.
Il s'agit donc à première vue, d'un phénomène bénéfique pour les bibliothèques et pour la recherche. Il convient quand même d'y regarder de plus près, car tout n'est pas positif dans la pratique des "reprints". On pourrait d'abord penser qu'ils permettent aux bibliothèques de se procurer à bon compte des ouvrages épuisés. Or, arguant de l'étroitesse du marché, les éditeurs font souvent faire des tirages si restreints que le reprint est vendu au moins aussi cher que l'original sur le marché d'occasion, quand on peut l'y rencontrer. Il existe même des reprints publiés à des fins purement bibliophiliques. Les reprints ne sont pourtant pas onéreux en eux-mêmes ; la preuve en est que beaucoup d'éditeurs en usent sans le dire pour la réédition d'ouvrages courants, faisant ainsi le bénéfice des frais de composition et de correction.
Il faut aussi distinguer deux types de reprints, ceux qui reproduisent des éditions anciennes pour leur valeur documentaire, et ceux qui reproduisent des ouvrages de référence du XIXe et du XXe siècle.
Beaucoup de reproduction d'éditions anciennes ne sont pas fiables, parce que l'on ne sait pas quel est l'exemplaire qui est reproduit. On sait qu'à l'époque artisanale, le texte pouvait être corrigé en cours de tirage, ce qui multipliait les variantes entre les exemplaires d'une même édition. Il faut aussi savoir si la reproduction a eu recours à un seul exemplaire ou si elle résulte du mélange de plusieurs, et si le format original a été respecté. Un tel reprint peut même faire oeuvre originale si il est accompagné d'une introduction présentant l'oeuvre, faisant l'état de la question à ce sujet, la situant dans son contexte bibliographique.
La reproduction des ouvrages du XIXe et du XXe siècle pose moins de problèmes. Mais, comme il s'agit souvent d'ouvrages de référence, il arrive à ce procédé de stériliser la recherche en perpétuant des ouvrages vieillis et dépassés, et en empêchant que l'on en fasse des rééditions mises à jour. On voit même tel ouvrage remplacé par un autre, reproduit de préférence parce qu'il est dans le domaine public, mais pas l'autre! Cependant, même en se limitant au procédé du reprint, on peut faire oeuvre originale !
Soit en regroupant une documantation dispersée :
Soit en complétant la reproduction d'une édition par une mise à jour sous une forme ou sous une autre. Ainsi la 3e édition du "Gutenbeg" de Ruppel en 1967 reproduisait la 2e (1947), mais ajoutait à la bibliographie 75 références à des études publiées entre temps. On peut envisager divers autres types de mises à jour : préface, postface, adjonction de tables ou d'index à des ouvrages qui en sont dépourvus, etc...