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    L'image des bibliothèques

    Par Marc Givry, Architecte.

    Pour le congrès de l'A.B.F., en mai 1982 à Grenoble, on m'a demandé de parler de la place des bibliothèques dans la cité. Le sujet m'est apparu redoutable ; en effet, pour l'aborder, il aurait fallu définir ce qu'est une bibliothèque, ce qu'est une cité, et les relations que ces deux éléments entretiennent.

    Plus modestement, je me suis intéressé à l'image des bibliothèques ; le mot image étant pris dans son sens le plus visuel. A la limite, la question abordée était la suivante : quand on regarde des images, des photos, des représentations de bibliothèques, que voit-on ?

    Je me suis appuyé principalement, mais pas exclusivement, sur la ville de Grenoble. D'une part, j'y vis et je la connais bien. Mais surtout, par le nombre de ses bibliothèques, cette ville s'est beaucoup plus exposée aux regards que bien d'autres.

    Lorsque l'on parle d'image, la première qui vient à l'esprit, c'est l'image d'Epinai, l'imagerie. Et l'imagerie d'une ville moderne, c'est la carte postale.

    Sur les cartes postales de Grenoble, on trouve beaucoup de choses : le paysage urbain dans son cadre montagneux, les bâtiments de la ville, la gare, l'Hôtel de Ville, le stade déglace, l'hôpital même. Mais, il n'existe rigoureusement aucune carte postale de bibliothèque.

    On pourrait dire que les cartes postales ne sont pas un bon signe, que c'est juste bon pour les touristes. Je ne le crois pas ; je pense que c'est un signe très pertinent de ce qui, dans une ville, est digne d'être reconnu ; par exemple, il existe des cartes postales de ZUP (Zones à Urbaniser en Priorité), ce n'est sans doute pas anodin.

    Un autre signe pertinent, la signalisation. Dans une ville moderne, quand on cherche quelque chose, on suit les flèches. A Grenoble, un professionnel de la flèche, Jacques Decaux, a installé un ensemble de balises pour signaler tout ce qui devait l'être: Alpexpo; - la Poste; la Mairie; les Abattoirs; - le Marché d'Intérêt National et bien d'autres, mais aucune bibliothèque n'est mentionnée sur ces balises. Les balises Decaux sont, sans doute, une signalisation à l'échelle d'une ville. Mais à l'échelle d'un quartier, il est frappant de constater une même absence : par exemple, à la Villeneuve de Grenoble, où les flèches prolifèrent et où il existe deux bibliothèques, aucune indication ne les désigne ; ce qui n'est pas le cas des écoles, des crèches, de la piscine ou de la bourse du travail.

    A Grenoble donc, aucune image, aucun signe ne représentent les bibliothèques : c'est bien curieux pour une ville qui se flatte de son réseau de bibliothèques et de son taux de lecture publique. Les bibliothèques, en tant que bâtiment, ne seraient pas dignes d'intérêt ?

    Pour essayer de comprendre, revenons en arrière, au début de la lecture publique, c'est-à-dire au XIXesiècle.

    Je suis allé consulter le Guadet « Eléments et théorie de l'architecture », cours des Beaux-Arts de la fin du XIXequi fut pendant longtemps la bible des architectes. Il s'y trouve un chapitre traitant des bibliothèques où on présente comme modèle le Musée-Bibliothèque de Grenoble. A l'époque donc, la bibliothèque était un monument, et un monument nationalement célèbre. A l'heure actuelle, la bibliothèque s'est déplacée, mais le bâtiment existe toujours, et il est frappant de constater que le mot bibliothèque est toujours inscrit sur son fronton. A la même époque, il existait par ailleurs, une autre forme de lecture publique, les cabinets de lecture. Il s'agissait de lieux pas très grands, familiers, parfois populaires, plus proches du bistrot que du musée-bibliothèque, où il était possible de lire ou d'emprunter des livres et des journaux. A Grenoble, il ne reste plus aucune trace de ces cabinets de lecture.

    Ce retour au XIXesiècle nous a fourni deux catégories : le monumental et le familier, qui peuvent nous aider à éclairer l'image des bibliothèques. Voyons comment ces deux catégories ont évolué.

    Dans les années 60, la bibliothèque « Musée » de Grenoble s'est déplacée pour devenir la bibliothèque d'étude, imposant bâtiment, d'un style Mussolinien tardif, d'un accès austère, et qui se compose d'une salle de lecture au dernier étage, au-dessus de 5 ou 6 étages de stockage : cette bibliothèque ne pratique que la lecture sur place.

    Pour.se démarquer de cette image très érudite et très austère d'une bibliothèque, et pour développer une lecture plus populaire, il s'est constitué un-réseau d'annexes.

    Les premières se sont localisées dans des bâtiments divers : elles ressemblaient plutôt à des salles paroissiales assez confidentielles, du style « au fond de la cour à droite». Mais comme Grenoble est une ville qui se veut de gauche, le culturel est devenu socio-culturel et les bibliothèques ont rejoint les centres sociaux. Par exemple, la bibliothèque de la Bajatière : installée dans des préfabriqués, elle voisine avec le Club de boxe, les activités du 3" âge, et la cantine scolaire. Toutefois, cette image « assistanat social » des bibliothèques est apparue plutôt réductrice et peu attirante.

    Par la suite, les bibliothèques décidèrent de devenir attractives, et dans notre société, les méthodes d'attraction, c'est le commercial qui les maîtrise. Il y a quelques années, une campagne de promotion des bibliothèques par affiches fut lancée. Ces affiches proclamaient :

    « Vous connaissez votre boucher,

    Vous connaissez votre boulanger,

    Mais connaissez-vous votre bibliothèque ? »

    Cette assimilation de la bibliothèque au petit commerce a donné par exemptera bibliothèque Berriat la Ville a acheté un fonds de commercent la bibliothèque a dorénavant vitrine sur rue entre l'épicier et le marchand de légumes. Mais curieusement, quand on regarde cette vitrine, on ne voit aucun livre ; juste quelques affiches scotchées contre la glace. Pourtant, d'habitude, on trouve des livres à l'étalage des vrais commerçants, les libraires.

    Bien sûr, ce n'est pas toujours ainsi. Les discothécaires de la Maison du Tourisme sont capables de composer des vitrines superbes où des bonbons, des trains électriques, des pochettes de disque et une petite grue nous expliquent « qu'ici on prête des disques pour enfants ?. Mais il est vrai que dans la profession, les discothécaires sont considérés comme des déviants. Dernier avatar de l'image des bibliothèques, l'intégration.

    Ces dernières années, un leitmotiv administratif fut de lutter contre les cloisonnements administratifs. Il semblait aberrant que des locaux scolaires ne puissent pas servir pour des réunions d'adultes en dehors des heures de classes, ou qu'une bibliothèque de quartier ne puisse pas fusionner avec le centre documentaire d'un CES. Ces réflexions ont abouti, dans le cadre de la Villeneuve, à la construction d'un équipement intégré, qui regroupe sous un même toit et avec la même architecture, un CES, une maison de quartier, une salle de spectacles de 600 places, diverses autres activités administratives ou sociales, et une bibliothèque.

    L'intégration architecturale de la bibliothèque y est très réussie ; tellement réussie que de l'extérieur, il est impossible d'apercevoir son existence.

    La bibliothèque s'est tellement intégrée qu'elle a disparu en tant que telle ; il est d'ailleurs piquant de constater, quand on regarde les plans de la Villeneuve affichés pour les visiteurs, que là où se trouve la bibliothèque, il y a marqué CES et non pas bibliothèque comme on pourrait le supposer.

    Autre type d'intégration, l'intégration dans un centre commercial : la bibliothèque Grand'Place.

    Pour que le centre commercial Grand'Place, ouvert il y a environ 5 ans, ne soit pas qu'un vulgaire centre commercial, mais devienne un «Centre de vie et de commerce», divers équipements publics y avaient été programmés - dont une bibliothèque d'environ 3.000 m2. Cette bibliothèque, qui dispose d'une situation et de dispositions qu'auraient pu accepter le BHV ou la FNAC, marche très bien, mais là aussi, vue de l'extérieur, elle est rigoureusement invisible : nulle part, le mot bibliothèque n'apparaît sur les façades, et rien ne la distingue dans l'ensemble du centre commecial ; alors que le BHV, Conforama ou les Nouvelles Galeries n'oublient pas de signaler leur existence.

    De ce rapide tour d'horizon, on peut retirer l'impression que, à Grenoble, les bibliothèques sont devenues des institutions qui ne s'exhibent guère, qui cherchent même plutôt à disparaître en tant que bâtiment.

    Et on peut se demander si la rubrique Architecture et la rubrique Bibliothèque ont encore quelques rapports, si un discours, comme dans le Guadet au début du siècle, sur l'architecture des bibliothèques a encore une utilité.

    Si on consulte le « Guide d'Architecture Contemporaine », ouvrage paru en 1974, qui recense 500 bâtiments intéressants construits depuis 30 ans en France, on trouve 3 bibliothèques :

    • la bibliothèque universitaire de Nanterre,
    • la bibliothèque Eisa Triolet de Pantin,
    • la bibliothèque d'enfants de Clamart.

    Trois bibliothèques citées sur 500 bâtiments, ce n'est pas si mal. Mais si on regarde l'index des genres, on va trouver 30 églises

    • 10 fois plus - : c'est plutôt paradoxal à une époque de perte de vitesse du culturel et d'émergence du culturel.

    Mais cette comparaison n'est pas innocente ; en effet, l'église est confrontée un peu au même problème que les bibliothèques : comment, suite au Vatican II, faire des lieux proches des fidèles, accessibles, voire attractifs, tout en gardant une certaine identité. A ce sujet, on peut signaler que dans la Villeneuve de Grenoble-Echirolles, les églises, après avoir utilisé des salles polyvalentes, expérimenté un oratoire intégré dans le centre commecial, se font construire un bâtiment propre, une église. Au moins, au sein de l'église, le débat sur ces questions d'image, voire d'image de marque, existe : on trouve des revues et des livres traitant d'art sacré ou d'architecture religieuse contemporaine.

    Je ne crois pas qu'il en soit de même au sein des bibliothèques. Pour illustrer ce fait, on peut noter qu'à Grenoble, alors qu'il existe un discours officiel sur la notion de réseau, aucun logotype, aucune manière commune de dire bibliothèque ne s'est imposé : imagine-t-on chaque bureau de poste, ou chaque succursale d'un réseau bancaire écrire PTT ou Crédit Agricole à sa manière ?

    Mais revenons nos deux catégories de départ, le monumental et le familier.

    Nous avons vu qu'à Grenoble, pour lutter contre une image monumentale, sacralisée de la lecture, les bibliothèques se sont efforcées de devenir le plus familières possible au risque même de disparaître comme institution.

    Mais ces deux catégories qui avaient une validité certaine au XIXesiècle, où l'élite et le peuple étaient très typés, ne serait-ce que dans le vêtement, et où les cultures ne se mélangeaient guère, ont-elles encore un sens aujourd'hui ? Est-ce que le monumental et le familier sont toujours antagoniques ? N'existe-t-il pas des bâtiments comme Beaubourg ou la Maison de la Culture de Grenoble, qui, bien que faisant partie de l'ordre du Monument, n'en sont pas moins accessibles, fréquentés, et avec lesquels il est possible d'entretenir des relations de familiarité ?

    Dans la première partie, nous nous sommes intéressés à la définition de l'image des bibliothèques : cette image ne nous est pas apparue très nette.

    Dans la seconde partie, nous nous interrogerons sur la diffusion de cette image : question intéressante puisque la multiplication des bibliothèques est à l'ordre du jour.

    Il y a quelques mois, en février 1982, je suis allé visiter la bibliothèque du centre Bonlieu à Annecy, qui venait d'ouvrir. On m'a remis une plaquette de présentation du centre qui datait de 1978 ; soit au moins 3 ans avant l'ouverture. Pour présenter la bibliothèque, il y avait non pas comme d'habitude des dessins ou des croquis d'ambiance, mais des photos d'intérieur.

    Trois ans avant son existence, il est donc possible de fournir des photos d'intérieur d'une bibliothèque.

    Si on consulte l'ouvrage « Bâtiments publics - une nouvelle génération», publié en 1980, sous l'égide de la Mission Interministérielle pour la Qualité des Constructions Publiques, on trouve des photos d'intérieur de la bibliothèque de Cergy Pontoise et de celle de Maisons-Alfort : ces photos auraient pu tout aussi bien servir pour Bonlieu, comme d'autres photos prises en Hollande, ou au Québec.

    Les bibliothèques seraient donc devenues, pour l'aménagement intérieur, un produit prédéfini, interchangeable, voire stéréotypé.

    Essayons d'étudier les éléments du stéréotype. Lorsqu'on examine les bibliothèques récentes, on peut faire les mêmes constatations dans les domaines suivants : le plan, la lumière, le mobilier.

    Là plupart des plans de bibliothèque que j'ai pu examiner me sont apparus peu formalisés : pas vraiment composés ni structurés, mais pas vraiment exubérants ou délirants non plus. Le plus souvent, on perçoit une trame constructive, en général donnée par les niveaux de parking qui se trouvent en dessous, sur laquelle on a disposé des surfaces en respectant des relations : ces plans ne sont souvent qu'une simple transcription d'un programme sans beaucoup de recherche spatiale.

    Certes, les contingences fonctionnelles, les schémas de circulation sont importants, mais l'architecture ne s'arrête pas là. Par exemple, parlons de déplacement. Pour se déplacer dans un bâtiment, on peut le faire d'une manière uniquement fonctionnelle, du type pour aller de A à B, il faut passer par C puis D, mais on peut le faire aussi d'une manière chorégraphique, de façon souple sur un rythme à deux temps ou dans un style heurté en butant sur des obstacles.

    Une des explications possibles du manque de caractère des plans de bibliothèque, provient du processus de conception des projets qui sont souvent élaborés en deux temps : - premier temps : la définition d'une boîte que l'on voudra le plus indifférenciée possible puisqu'on ne sait pas précisément ce qui va rentrer dedans; -deuxième temps: l'aménagement intérieur de cette boîte souvent réalisé par un autre Maître d'Oeuvre qui fait ce qu'il peut dans un cadre donné.

    Un autre élément typique des nouvelles bibliothèques est la lumière, ou plutôt son absence. A l'heure actuelle, peu de bibliothèques peuvent survivre sans la « fée électricité ». De ce point de vue, les bibliothèques ont suivi la mode des grandes surfaces et des centres commerciaux, qui vouent un culte exclusif au néon, et d'ailleurs, cela paraît normal.

    Mais pourtant, si on construisait une salle de cinéma avec de grandes fenêtres, cela semblerait une incongruité. Alors qu'une bibliothèque avec une lumière naturelle défaillante ne choque personne.

    Dernier point : le mobilier.

    S'il existe un élément standardisé et stéréotypé dans les bibliothèques, c'est bien le mobilier. En France, trois ou quatre fournisseurs se retrouvent systématiquement partout. On comprendrait cette uniformité si le rangement des livres nécessitait des objets aussi spécialisés qu'un fauteuil de dentiste ou qu'une table de dessin industriel (il y a d'ailleurs plus de variétés pour ces deux catégories que pour le mobilier de bibliothèque). Supporter des livres n'est pas une tâche très complexe et il y a bien mille manières de le faire : il suffit de feuilleter quelques revues pour s'en convaincre.

    Dans la mise en place du mobilier, on trouve aussi souvent des dispositions types. Par exemple des rayonnages sur 2 mètres de haut au milieu des pièces, ce que ne font jamais les libraires qui équipent en hauteur les murs, mais qui ne mettent que des meubles bas au milieu ; il s'agit sans doute d'une réminiscence de la fonction de conservation où le propos était de mettre le maximum de livre dans le minimum de place et non de faciliter la vision d'ensemble ou l'accès.

    Autre disposition type, le tracé rayonnant, où les rayonnages convergent vers un point central, suivant un modèle quadi panoptique. J'ai trouvé souvent cette disposition : à Grenoble, à Annecy, mais aussi à Charleville-Mézières. Ce tracé nous fournit un indice sur l'origine de nos bibliothèques. En effet, on retrouve ce type de tracé en éventail quasi systématiquement dans les bibliothèques finlandaises, construites par Aalto. Mais dans ces bibliothèques, tout le bâtiment, les poteaux, la lumière, la toiture participent du même mouvement.

    En fait du modèle scandinave qui a inspiré nos bibliothèques, nous n'avons retenu qu'un tic stylistique, le tracé rayonnant, mais nous avons oublié le reste, l'espace fluide, ou la lumière bien traitée.

    Mais quand un modèle se reproduit, il est fréquent qu'il se banalise.

    Donnons quelques exemples :

    • les ascenseurs : il existe à Grenoble un immeuble qui s'appelle l'Ascenseur parce qu'à la fin du XIXesiècle, le premier ascenseur de la ville y a été installé. De nos jours, la possession d'un ascenseur n'est plus la fierté d'un immeuble.
    • les parkings : le Garage Hélicoïdal est le premier parc de stationnement de Grenoble construit en 1929, à l'époque des Talbots et des Bugatti, son ossature en béton recouvert d'une verrière fait un spectacle assez saisissant. De nos jours, la fréquentation des parkings souterrains n'est pas une grande ouverture spirituelle.
    • les cinémas: tous les grands cinémas, les Majestics, les Excelsiors, les Royaux, se sont transformés en des complexes multi-salles, fonctionnels et efficaces, mais sans beaucoup d'attrait.

    Les bibliothèques, en se multipliant, vont-elles se transformer en des objets aussi anodins que les ascenseurs, les parkings ou les complexes multi-salles ?

    Ce sont d'ailleurs des objets qui marchent bien : la mort des grands cinémas n'a pas été la mort du cinéma.

    Mais cette banalisation est-elle inévitable ? J'ai trouvé récemment, dans une revue d'architecture, un bâtiment extraordinaire qui venait d'être fini : sa façade avait l'aspect d'un masque grimaçant, à l'intérieur des mains sculptées soutenaient les escaliers, des formes proliférantes, des ossatures bizarres faisaient penser à Gaudi ou à Horta. Ce bâtiment n'était pas le palais d'un aristocrate excentrique, mais le siège social d'une banque à Vienne.

    Les banquiers, gens sérieux, seraient capables de produire de tels bâtiments, alors que les bibliothécaires, gens de culture, devraient se contenter d'équipements banalisés.

    Sur le plan international, il existe pourtant des bibliothèques remarquables : on peut citer aux U.S.A. la bibliothèque Exeter de Louis Khan, ou l'extension de celle de St Lawrence par Don M. Hisaka, ou bien en Suisse, la bibliothèque des Capucins à Lugano par Mario Botta.

    Mais qui, dans les bibliothèques, connaît l'oeuvre des architectes contemporains comme Louis Khan, Philip Johnson, Kevin Roche, I.M. Pei, Carlo Scarpa ou Mario Botta ? On trouve rarement ces noms sur les rayons des bibliothèques, qui sont bien dépourvues en la matière.

    Si les bibliothèques, qui font partie manifestement de la culture, ne sont pas capables de susciter de l'architecture, on peut se demander qui, dans notre société, la suscitera et si « les chefs d'oeuvres en péril ne sont pas ceux qu'on ne construit pas».