Pour la Fédération internationale des associations de bibliothé- caires et des bibliothèques - l'IFLA - l'Accès universel aux publica- tions - l'UAP - est un programme prioritaire. Il exprime et résume la mission des bibliothèques, la justification de leur existence étant de pouvoir fournir à n'importe qui, n'importe quand et n'importe où, tout document publié dans le monde, c'est à dire tout ce qui permet la connaissance du savoir humain.
Un tel objectif est sûrement ambitieux : il rencontrera beaucoup d'obs- tacles, mais il ne doit pas être inaccessible. Else Granheim, Présidente de l'IFLA décrivait, lors du Congrès sur l'UAP tenu à Paris en 1982, le concept de l'UAP « comme un parapluie sous lequel peuvents'abri- ter plusieurs programmes, visant atteindre par des efforts progres- sifs, conjoints ou parallèles, l'objectif commun de l'accessibilité à tout moment des connaissances enregistrées, cette accessibilité étant un élément essentiel du développement économique, social, éducatif et du développement de chaque individu ».
Quel que soit le type de bibliothèque ou d'utilisateur, l'objectif sera toujours le même, c'est la raison qui a amené. l'IFLA à développer, au cours des dernières années, deux grands programmes complé- mentaires relatifs au Contrôle bibliographique universel, le CBU et à l'Accès universel aux publications, l'UAP.
L'objectif du CBU est d'assurer un accès universel et rapide aux don- nées bibliographiques de base, concernant toutes les publications de tous les pays. Le programme CBU a été créé au début des années 1970 : il a bénéficié du soutien de l'Unesco, de certaines organisa- tions internationales et bibliothèques nationales. Mais il est apparu rapidement que le Programme CBU avait besoin d'être complété : connaître l'existence d'une publication n'a qu'un intérêt limité, si celle-ci ne peut être communiquée aux utilisateurs, autrement dit si l'accès universel aux publications n'est pas une réalité. C'est en 1973, que le Conseil de l'IFLA a adopté une résolution concernant l'Accès uni- versel aux publications et en 1978, que l'IFLA a choisi l'UAP pour thème de son conseil en Tchécoslovaquie.
L'accès universel aux publications constitue l'élément essentiel de l'ac- cès à la connaissance, et donc du développement de chaque indi- vidu dans tous les domaines, éducatif, social, économique, philoso- phique ou religieux, politique, scientifique. Les chercheurs qu'ils tra- vaillent dans une université ou dans un laboratoire industriel, les ensei- gnants, les écrivains, les médecins, les agriculteurs, mais également et plus simplementtous ceux qui veulent compléter leurs connaissan- ces ont le droit d'avoir accès à tous les documents publiés.
Pour répondre à cette demande, les documents doivent être rendus disponibles ; face à une croissance exponentielle des documents, l'IFLA a voulu organiser le travail et la coopération de ceux qui sont désignés comme les spécialistes de l'information : bibliothécaires, documentalistes, voire même archivistes, auteurs, éditeurs et librai- res... les activités de chacun dépendant plus ou moins de celles des autres. Un programme précis est apparu comme indispensable. Un Bureau international de l'IFLA pour l'UAP a été créé, il est établi à Boston Spa, à la British library lending division, et notre collègue Mau- rice Line en est le Président. Ce Bureau diffuse depuis quelque mois une News-letter qui peut être obtenue en en faisant la demande auprès de cet organisme.
La première tâche fixée était de faire un constat de la situation et un inventaire des obstacles à l'accès universel aux publications :
On est donc obligé de constater qu'actuellement l'accès aux publi- cations est loin d'être universel ; il est difficile de se procurer une par- tie des documents publiés et de nombreux individus dans le monde n'ont accès à aucun document ; il ne faut pas oublier en effet que l'UAP doit permettre d'attirer l'attention sur les besoins des utilisateurs et des non-utilisateurs pour qu'ils deviennent utilisateurs.
Un accès effectif aux publications passe par des mesures précises qui n'auront d'effet que si elles sont admises par chaque pays. L'ac- cès universel aux publications ne peut être le fait d'un seul pays, mais doit être que la conséquence d'une volonté internationale.
Dans ce but il faut :
Le Bureau de l'UAP est tout à fait conscient que de telles mesures ne seront réalisables qu'avec le concours des gouvernements, des asso- ciations professionnelles, des professionnels du livre. Il leur donne même la responsabilité du développement et de la réussite du pro- gramme. C'est aussi la conclusion à laquelle a abouti le Congrès de Paris.
Il a été défini par le Programme de l'UAP et plus spécialement par le Congrès sur l'UAP.
Elles peuvent apporter une aide utile en assurant la publicité de l'UAP. Elles doivent étudier les moyens d'améliorer l'UAP et les résultats de leurs travaux peuvent influencer le gouvernement dans le choix d'une politique. Elles peuvent aider à équilibrer les besoins et les respon- sabilités. Elles peuvent aussi collaborer avec les éditeurs et les librai- res pour une amélioration de leurs services.
Les activités des spécialistes de l'information et des associations pro- fessionnelles ne sont possibles, que si les gouvernements jouent leur rôle : ils peuvent contrôler, directement ou indirectement la publica- tion de documents (ils sont parfois éditeurs); ils peuvent concevoir une législation favorisant les importations et exportations, et les échan- ges de publications.
L'Unesco dans le programme Unisist et dans le Système Natis a démontré que la planification et le développement national de l'in- formation constituent l'infrastructure indispensable à l'accès à l'in- formation. Chaque pays, et donc son gouvernement, doit accepter l'entière responsabilité qui lui incombe dans l'accomplissement du Programme UAP, d'acquérir, de conserver, d'échanger et de prêter toutes ses publications, pour répondre aux besoins de ses propres ressortissants et de ceux de tous les autres pays.
Chaque gouvernement doit déterminer sa politique dans ce domaine et donner aux bibliothèques les moyens de la réaliser : ils doivent comprendre que cette politique favorisera le développement éco- nomique et social de chaque pays ; qu'elle favorisera aussi le déve- loppement de l'enseignementet de la recherche etqu'elle ne pourra se développer sans leur soutien.
Nous venons de décrire ce que doit être l'action des gouvernements pour l'accès aux publications à l'intérieur d'un pays, mais l'UAP ne se développera que s'il est possible d'améliorer l'accès international aux publications. Cette seconde étape est indispensable. Le prêt inter- national doit se développer en utilisant des techniques et des solu- tions nouvelles (collections nationales bien sûr, mais aussi régiona- les et mondiales) ; les échanges de publications doivent se déve- lopper en accord avec les deux conventions de l'Unesco adoptées en 1958. L'IFLA a certainement un très grand rôle à jouer dans ce domaine : ses divisions et ses sections doivent lier leurs activités au développement de l'UAP ; la planification de l'UAP ne doit pas être figée en fonction de la situation actuelle. Tout plan doit être suffisam- ment souple pour pouvoir être adapté à l'évolution des technologies futures (la Deutsche Forschungsgemeinschaft accepté de donner une subvention pour permettre une étude sur ce point), mais aussi suffisamment réaliste pour être mis en oeuvre dans des pays qui ne peuvent utiliser de telles technologies.
En terminant, j'aimerais citer M. Urmquhart, ancien directeur de la Division du prêt de la British library ; il affirmait que « les grands enne- mis de l'UAP ne sont pas ceux, qui pour quelque raison inexplicable, s'y opposent, mais ceux qui restent les bras croisés, convaincus qu'ils onttoutfait, dans leur domaine, pour réaliser l'UAP ». L'UAP, soyons en conscients doit se construire tous les jours.