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La conversion du mauvais lecteur et la naissance de la lecture publique

1992
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    Par Claudine Belayche, BM de Reims
    Noë Richter

    La conversion du mauvais lecteur et la naissance de la lecture publique

    Edition de la Queue du Chat, 1992 (Le Bourg 72220 Marigné). - 93 p. - Prix:

    Cet ouvrage, en 93 pages, me semble formuler les questions fondamentales que bibliothécaires, sociologues de la lecture, éducateurs peuvent se poser sur ce qui fait d'un non-lecteur un très grand lecteur (la 1 ère partie) et l'histoire très résumée de fa "lecture publique" en France.

    1 / "La conversion d'un mauvais lecteur". Texte tiré à part du colloque "Non lecteurs... nouveaux lecteurs" (Brest, 1990). Le questionnement de N. Richter porte sur le passage de l'état de non-lecteur à celui de lecteur. Problème que l'on se pose tous les jours au sujet des enfants, des adultes, si l'on prétend pratiquer des opérations de développement de la lecture. Les réflexions du bibliothécaire sur l'environnement sociologique, culturel, de quelques autodidactes (Suzanne Voilquin, Martin Nadaud, Agricol Perdiguier) venus de familles presque analphabètes et qui ont tous un jour été pris de passion pour l'univers des "connaissances humaines", de désir d'apprendre. Si Noë Richter nous fait un rapide historique de leurs parcours, il ne conclura pas : il n'y a pas deux destins identiques ; mais il repère toujours l'existence d'un médiateur (ou plusieurs) qui provoque(nt) le déclic et accompagne(nt) le nouveau lecteur. Beaucoup de questions restent posées...

    2/ La naissance de la lecture publique. Texte court, qui se lit comme un roman. Sans prétendre à l'exhaustivité, l'auteur nous propose un balisage de la "conception française", ou plutôt des idées qui se sont succédées sur la lecture publique en France à travers le 20 e siècle. Où l'ont voit, dès 1905, s'opposer les conceptions modernistes, défendues par Eugène Morel, Paul Otlet et H. La Fontaine, de bibliothèques publiques, de formation, d'information, de divertissement et de culture - à celles traditionnelles de la conservation. A travers tout le siècle- et jusqu'à ce jour, la France ne semble pas avoir su poser nettement, et à égalité de traitement, sans mépris ou déconsidération pour l'une ou l'autre, la double nécessité de conservation des documents et de savoir, pour assurer la meilleure circulation des idées et des textes. Et quand j'ai lu, sous la plume d'Otlet et La Fontaine à la conférence bibliographique de Bruxelles (1935) "la bibliographie doit renseigner les savants, les praticiens, les bibliothécaires, les librairies, le grand public des lecteur..." j'ai pensé aux réflexions (encore en cours ? ) sur la catalogue collectif national, le CCOE, le Pancatalogue,... Je n'en dirai pas plus, car le texte est court, concis, et dit (presque) tout ce qu'il faut savoir aujourd'hui de l'histoire des bibliothèques pour comprendre les difficultés que nous rencontrons chacun dans notre domaine, à propos des institutions, des collectivités de tutelle, du fonctionnement de l'A.B.F. et la difficulté d'acclimater en France le concept de bibliothèque publique. De plus, la bibliographie des textes originaux consultés est très complète.

    C'est le petit livre qu'il faut avoir lu, si l'on n'a pas encore lu toutes les histoires des bibliothèques françaises.