L'Association italienne des bibliothèques a eu l'heureuse initiative de publier sous la forme d'un livre conséquent d'une très belle composition et fort bien imprimé, les communications faites lors de son congrès de 1991, accompagnées des comptes rendus des tables rondes et de pièces annexes importantes.
Cette année-là, le congrès de l'AIB s'est tenu à Pise au mois de novembre et il avait pour thème principal : "L'impact des technologies de l'information sur les services rendus aux usagers dans les années 90". Sujet largement débattu dans le monde des bibliothèques et pour lequel nos collègues italiens ont fait appel à des noms illustres connus à l'IFLA et dans d'autres réunions. Qu'on en juge ci-après !
S. Michaël Malinconico de l'Université de l'Alabama a parlé du marché en croissance exponentielle de l'information (plus de 100% en 5 ans) et du rôle des bibliothèques et des bibliothécaires quand ils sont confrontés à ce qu'on peut bien appeler une invasion. M. Molinconico étudie alors l'évolution du contrôle bibliographique dans les années passées et celles à venir, la difficulté future à maîtriser le développement des collections (étant entendu que celles-ci incluent désormais l'information électronique) et comment l'accès au savoir est modifié par l'accroissement constant des systèmes de communication. Puis il conclut par un chapitre tout entier consacré au métier de bibliothécaire d'aujourd'hui et de demain : celui-ci sera de plus en plus un conseiller et même, pourrait-on dire, un consultant. Rien que cette vingtaine de pages donnerait déjà un grand intérêt à l'achat du livre publié par l'AIB (avec l'appui, il faut le souligner, de la Région Toscane).
Que dire alors de la participation de Maurice B. Line qui s'intitule "Du prêt inter bibliothèque à la fourniture électronique des documents : tendances et perspectives en Europe", sinon que ce bibliothécaire, maître à penser de bien de nos collègues anglo-saxons, s'y montre aussi brillant et novateur qu'à l'ordinaire.
Tout serait à citer, telles des pages écrites par des bibliothécaires transalpins sur "La première expérience italienne de qualité totale dans une bibliothèque" ou sur "L'usager et les services de renseignements et d'orientation" et encore "L'état de l'art de l'automatisation des bibliothèques en Italie : résultats d'une recherche" où nous apprenons beaucoup sur les efforts, réussis ou non, faits en la matière par nos voisins.
Je ne peux oublier de signaler aussi à l'attention des bibliothécaires français, les interventions et débats de la troisième journée du congrès de AIB, consacrée aux nouvelles techniques d'accès aux catalogues, à l'impact des CD-ROM sur les services pour le public, sur l'information en ligne (en particulier dans les disciplines économiques) et son futur proche.
On peut remarquer dans les textes donnés en appendice, la participation de Michel Melot "La circulation des documents entre les bibliothèques en France" et surtout les propositions d'actions prévues dans un plan triennal par un comité exécutif de l'AIB et approuvées par l'assemblée générale des membres de l'association. Elles concernent les orientations et les programmes généraux, à savoir :
Nos collègues s'interrogent aussi dans leurs conclusions sur leur association et sur ce qu'elle devrait être : un lieu de rencontres assurément, mais aussi un recours pour différents services, où régnerait une entente démocratique respectant certaines règles de bon fonctionnement et de bienséance.
Un vaste programme assurément. Il n'empêche, les bibliothécaires italiens ont raison, ils vont de l'avant et n'hésitent pas à contacter les politiques. La preuve : l'article donné par le Président du Conseil des Ministres lui-même "Intégration et innovation des services pour les usagers". Voilà qui n'est pas ordinaire !
Il faut lire ce volume, de surcroît écrit dans une langue claire, précise et classique à la fois, et dont beaucoup de textes mériteraient une traduction en français. Je pense encore par exemple à celui intitulé : "Les services d'orientation à travers la littérature grise". Je n'en connais pas d'équivalent.