Le colloque international des Vaux-de-Cernay sur "les grandes bibliothèques de l'avenir" permettait à de grands établissements documentaires de tous les points du globe d'échanger des expériences, des "savoir-faire" et de projeter des scénarios de prospective bibliothéconomique. Ces journées réunissaient des directeurs, administrateurs, experts, architectes des plus grandes bibliothèques du monde, pour la France, la BN et la BdF, les bibliothèques nationales du Québec, d'Alexandrie, d'Allemagne, le British museum, le Japon, la Bibliothèque publique de San Francisco. Jack Lang et Dominique Jamet introduirent le congrès dont voici les quatre thèmes :
Un premier colloque international sur l'avenir des grandes bibliothèques avait eu lieu, déjà, en 1990. Aux premiers jours de l'été 1991 se tenait à nouveau ce colloque, sur le même thème que le précédent, bien que les titres inversés aient pu sembler promettre le contraire. La Bibliothèque de France en était l'organisateur, et cela, malgré les attaques qu'elle avait subies l'année précédente.
A la lecture de ces actes, notre Bibliothèque de France, toujours prestigieuse et novatrice, perdit un peu de son aura et devint une grande bibliothèque parmi d'autres. Le monde semblait olors plein de très grandes et prestigieuses bibliothèques en cours d'élaboration. La British Library se préparait à ouvrir ses portes à Saint Paneras. La Bibliothèque de France la suivrait de près. La Bibliothèque d'Alexandrie, phare symbolique et renaissant de la culture, planté au coeur de la Méditerranée, rejaillissait, en quelque sorte, de ses cendres. Et puis, plus pragmatique, le Japon concevait une bibliothèque électronique accessible à distance pour résoudre les problèmes de saturation de plus en plus sévères dont souffre sa Bibliothèque du Congrès. L'Allemagne réunifiée réorganisait ses bibliothèques nationales tandis que le Québec concevait une nouvelle grande bibliothèque nationale. D'immenses bibliothèques publiques, celles de San Francisco, de New York, de Catalogne, comparaient leurs missions et les réponses qu'elles y apportaient. L'objectif commun était de permettre, dans les meilleures conditions possibles, l'accès à la culture et à l'information au plus grand nombre possible et par tous les moyens, tout en préservant les patrimoines culturels nationaux.
Au coeur des débats, innovation et nouvelles technologies furent étudiées sous trois angles : répondre vite et mieux aux besoins des lecteurs, ne plus dissocier l'utilisation des ressources audiovisuelles de celles du livre, mieux gérer les collections sur un plan local afin d'améliorer la conservation et la préservation des collections... Il revenait de droit à Denis Varloot, aujourd'hui Président-Directeur général de Télésystèmes, hier Directeur des Bibliothèques, des Musées et de l'Information scientifique et technique, au Ministère de l'Education nationale, de présenter le registre complet des technologies nouvelles au service des bibliothèques de France. Il parla de Tootsi, Geotel, la fibre optique, l'EDI, la transmission à large bande, de GEDI et d'ION...
L'importance d'élaborer un catalogue de qualité à l'aide d'un fichier d'autorité cohérent fut un des thèmes phares et l'on insista sur la sûreté des services bibliographiques. Quant au débat sur la presse, source d'information primordiale, il fut abordé sous ses aspects les plus récents. En effet, la numérisation de la presse périodique, la diffusion des nouveaux supports d'information équipés de logiciels de recherche très performants multiplient les possibilités d'accéder vite et complètement à l'information, soit dans les bibliothèques soit, à distance, chez le lecteur même.
"Les Bibliothèques-Musées du document écrit devraient se méfier de l'informatique, être plus prudentes car la page écran n'est en rien la page écrite." C'était la façon provocatrice d'introduire "l'outil privilégié" de la préservation et de la conservation et d'une gestion rationnelle des collections que représente l'informatique. L'accès à distance était indispensable, mais il ne fallait pas qu'il gomme l'importance de l'image symbolique du bâtiment lui-même. Il fallait, sans nul doute, s'ouvrir à la modernité, utiliser les technologies de pointe, mais la bibliothèque devait être, aussi, le siège d'une grande recherche architecturale. Elles étaient les "cathédrales du savoir" et devaient exercer une attraction mystique au sein des métropoles.
Définition et planification des projets, dialogues avec les architectes, mesure et place de l'innovation dans ces bibliothèques aujourd'hui mais aussi demain furent les thèmes animés des débats. Les intervenants venus du monde entier parlaient de leurs bibliothèques, décrivaient leurs projets, échangeaient leurs expériences. Une petite photo introduisait chaque prestigieux intervenant saisi en pleine action : cette présentation vivante et originale d'actes de congrès était couronnée par un album souvenir ou les participants étaient photographiés en pleine action ou à des moments de détente et de plaisir. La lecture en devenait facile... ou était-ce l'intérêt des sujets abordés
NDLR : Malgré sa date tardive, le Bulletin a souhaité publier cette analyse.