Qui n'a rêvé, après de multiples recherches infructueuses, de trouver un répertoire de sites ou un lieu d'information lui permettant de s'orienter sans perte de temps vers les sites susceptibles de lui livrer tout sur son sujet ? Et n'a ensuite souhaité qu'à l'instar des grands sites qui élaborent leurs liens, un projet coopératif permette de faire un état des lieux, de dresser un inventaire utile à tous ? Ce désir mérite quelques commentaires, car tous les sites ne sont pas de même nature, et l'usage que l'on en fait n'est pas du même ordre.
Dans la gamme des lieux d'information Internet traitant d'art, on peut distinguer plusieurs catégories : les sites d'artistes, les news, les forums, les périodiques, les sites d'expositions, de galeries, les sites d'information multimédia et vidéo, les sites d'éditeurs. Ils sont pour la plupart d'une assez grande volatilité : créations, fermetures, changements d'adresse se succèdent (1) . Les professionnels de l'information, quels que soient leurs efforts, ne peuvent garantir une mise à jour fréquente et régulière, et chacun dans sa spécialité ou sa passion sait se tenir informé de ce qui le concerne. On peut comparer cette situation à celle de la documentation spécialisée dans les sciences exactes ou les sciences humaines : un chercheur se tient mieux informé que quiconque des publications qui se rapportent à son sujet. Il faut considérer que les stratégies de recherche sont ici strictement individuelles. Chacun explore, évalue, participe en fonction de ce qu'il recherche. Et toutes les logiques sont possibles : du général au particulier ou l'inverse, par agglomérations successives, de façon aléatoire... En cela pas de médiation. Ou qui trop embrasse...
Les sites en texte intégral et les bases d'images sont des réservoirs en pleine croissance, mais ils sont le plus souvent payants. Leur recensement n'est sans doute pas prioritaire dans l'immédiat.
Par contre, les catalogues en ligne fournissent dès maintenant une information riche et structurée, et nous sont très précieux pour augmenter le nombre de notices de référence. Cette « métainformation » est stable, cumulative, et on trouverait un grand bénéfice à simplifier et mémoriser les stratégies de recherche qui sont communes à tout un groupe de personnes s'intéressant au même domaine, l'art contemporain ou l'histoire de l'art. Il faut viser la plus grande pertinence (2) si l'on veut développer un effort coopératif, plutôt que de multiplier les ouvertures qui relèvent de la recherche individuelle.
Peut-être est-ce lors de la quête de notices, si quotidienne pour nous, que l'on constate un paradoxe majeur d'Internet : Il existe une contrepartie à ses ressources quasi illimitées, et à l'extrême rapidité de circulation, c'est l'absence d'accumulation, la faible coopération et la transmission limitée, trois principes fondateurs des bibliothèques qui paraissent ici bien mis à mal. Réagir à cette impression de retour en arrière est salutaire, si, du moins, on adapte les méthodes et les moyens.
Il faut donc s'entendre sur l'information ou méta-information qui doit être accumulée. On pourrait définir un certain nombre de critères qui pourraient servir de grille d'évaluation de sites. Ainsi pour qu'un réservoir de notices soit utile, il faut :
Un tel travail ne peut être « bricolé » localement par une personne, sinon à risquer continuellement des lacunes. Comment et avec qui définir l'enrichissement, l'évaluation, le contrôle des informations ? Faut-il envisager un financement européen ?
Un forum hébergé par un site choisi (3) pourrait dans un premier temps permettre une mise au point du projet avec les personnes désireuses de s'y impliquer..