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    Art et histoire de l'art

    Les collections de la BnF sur le site de Tolbiac

    Par jEAN-FRANÇOIS FOUCAUD, Directeur du département î Littérature et art Bnf

    NOUS N'ESSAIERONS PAS ICI D'ENTRER DANS LE DÉTAIL D'UN SI VASTE SUJET. Rappelons simplement deux principes de base :

    • M la BnF est une bibliothèque encyclopédique. À ce titre, elle accorde à l'art et à l'histoire de l'art une place très mesurée, loin derrière les bibliothèques spécialisées, dont l'INHA, que présente Bruno Van Dooren dans ce même numéro. Le CADIST en histoire de l'art est la BAA, bibliothèque d'art et d'archéologie Jacques-Doucet, installée à Richelieu ;
    • à la BnF reçoit le dépôt légal depuis 1537. La richesse de ses collections en magasins dépend donc étroitement de la production française dans ce domaine. Notons que le projet qui a conduit à la BnF a permis d'obtenir des budgets d'acquisition conséquents, et donc de compléter ces collections, tant pour le libre accès que pour les magasins, surtout, bien sûr avec des ouvrages publiés à l'étranger.

    En effet, la BnF n'est pas l'ancienne BN : l'ouverture à tous les publics à partir de 16 ans et le développement du libre accès en font un tout autre établissement. Décidée très tôt, la séparation matérielle entre les chercheurs et le grand public a conduit aux deux niveaux actuels, le haut-dejardin, largement ouvert, et le rez-dejardin, réservé aux chercheurs, le seul où l'on ait accès à l'ensemble des ouvrages des magasins.

    Après une rapide présentation de l'organisation de la BnF, pour mettre notre sujet en situation, nous concentrerons notre regard sur le secteur Art, avec ses forces et ses faiblesses.

    La place du secteur Art

    L'organigramme actuel de la BnF comporte trois grandes directions et quatre délégations.

    La Direction des collections (DCO) gère les 14 départements de collections ; elle compte quelque 1 400 agents, soit la moitié de l'ensemble ; elle est issue de la fusion en 1998 de la DIA (Imprimé et Audiovisuel), qui regroupait les départements dits « déménageurs », et de la DCS (Collections Spécialisées), les départements restés à Richelieu.

    La Direction des services et des réseaux (DSR) s'occupe de missions transverses : agence bibliographique nationale, dépôt légal, conservation, informatisation, bibliothèque numérique.

    La DAP, Direction de l'administration et du personnel, ajoute aux tâches clairement énoncées dans son sigle l'entretien du bâtiment.

    Les délégations ont en charge la stratégie, les relations internationales, la diffusion culturelle et la communication.

    La bibliothèque de Tolbiac est divisée en sept départements : Philosophie, histoire, sciences de l'homme ; Droit, économie, politique ; Sciences et techniques ; Littérature et art ; Audiovisuel ; Recherche bibliographique ; Réserve. C'est donc un secteur du département Littérature et art qui est plus spécialement chargé de l'art, encore que les collections elles-mêmes soient largement réparties dans l'ensemble des magasins depuis bientôt cinq siècles.

    Encore ce secteur n'est-il pas un service à part entière : pour des raisons de gestion des salles et des équipes, il a été regroupé avec les littératures orientales. Il gère deux salles en haut-de-jardin et une en rez-de-jardin. Il fonctionne de manière autonome au sein du service, organise ses propres réunions sur la politique documentaire, le catalogage ou le service public.

    Le personnel

    L'équipe est composée de quatre conservateurs, dont l'une assume la direction, et de sept BA ou BAS, qui cataloguent ce qu'ont acquis les conservateurs, assurent la veille pour les signets de la BnF, et travaillent à divers programmes (numérisation, conservation, etc.). L'équipe de magasinage comprend normalement 25 titulaires et 14 contractuels à temps partiel, surtout affectés aux soirées et aux week-end.

    Le budget d'acquisition

    Le budget du secteur Art n'est ni négligeable ni excessif, il tourne autour du million de francs. En 2000, 972 volumes ont été commandés pour le haut-de-jardin (dont 489 en français), 687 volumes pour le rez-de-jardin (dont 152 en français) et 925 pour les magasins. Le prix moyen du livre d'art reste élevé et stable, aux environs des 350 F. Ce prix moyen ne doit pas dissimuler les différences considérables existant d'un pays à l'autre, les deux extrêmes étant le livre espagnol (200 F en moyenne) et le livre allemand (450 F).

    Pour situer ce chiffre dans son environnement, le budget d'acquisitions de la BnF est de l'ordre de 25 MF pour les monographies et de 20 MF pour les périodiques, dont la gestion est centralisée. Le département Littérature et art a une dotation globale de 5 MF, et en consacre environ 20 % à l'art, dont une partie aux littératures classiques (215 000 F en 2001). Le service Art reçoit de moins en moins d'ouvrages par le biais des échanges : ainsi certains pays comme la Grande-Bretagne n'envoient-ils plus de publications.

    Les salles de lecture

    Le service gère deux salles en haut-dejardin et une en rez-de-jardin.

    La salle F (134 places) est l'une des plus fréquentées du haut-de-jardin. La capacité de 22 700 volumes prévus à terme a été légèrement révisée à la baisse (20 475), notamment du fait de l'encombrement spécifique de ces collections. Lors du comptage de mai 2001, 15 807 volumes avaient été livrés, soit près des trois quarts de l'objectif, 14 840 catalogués, et certains sont encore en cours d'équipement.

    En salle W (113 places), 12 250 volumes sont prévus à terme, et le taux de remplissage est comparable (9 241 ouvrages livrés). On y trouve aussi les anciens usuels de Richelieu, comme le Hautecoeur, le Bénézit, le Dictionnaire de Viollet le Duc et bien d'autres classiques, généralement des doubles des collections magasins. Lorsqu'il s'agissait d'ouvrages issus du dépôt légal, ils ont été renvoyés en magasins et remplacés, autant que faire se peut, soit par des exemplaires du commerce, soit par recours à l'an-tiquariat.

    La présentation des ouvrages tient compte de l'usage qui doit en être fait : le cahier des charges prévoit que l'ouvrage doit pouvoir subir pendant dix ans des manipulations répétées. Les reliures sont solides, de couleurs vives, mais les usagers leur reprochent à juste titre de faire disparaître l'idée de collection, de trop banaliser les ouvrages. Le parti retenu dans le secteur Art est de maintenir autant que faire se peut les jaquettes d'éditeur, qui permettent au premier coup d'oeil de repérer l'ouvrage recherché. L'équipement léger est de plus en plus prisé, notamment pour des questions de rapidité.

    Le rangement n'en reste pas moins difficile, les formats n'ayant pas tous été prévus par l'architecte : nombre d'ouvrages sont donc posés sur la tranche, ce qui n'est bon ni pour leur visibilité ni pour leur conservation. Mais on ne peut pas rajouter des rayonnages à l'infini, et l'on doit bien suivre les principes de Melvil Dewey... Les livres d'art prennent de la place : le ratio observé est de 28 vol/mètre linéaire en rez-de-jardin et de 31 vol/ mètre linéaire en haut-de-jardin.

    Les enquêtes de public régulièrement menées par l'établissement ont du mal à entrer dans une analyse fine de la demande. On peut constater simplement le bon taux de remplissage des deux salles consacrées à l'art, et le taux de rangement élevé qui est un indice de l'intérêt du public pour les collections. Un test a été conduit sur le rangement du libre accès en décembre 2000 ; il nous aidera à modifier à la marge notre politique documentaire pour mieux tenir compte des demandes des usagers, notamment dans certains secteurs un peu négligés.

    Les collections en magasins

    Si la richesse de la BnF est incontestable, elle est extrêmement difficile à quantifier. Jusqu'en 1996, les ouvrages ont été rangés suivant le classement méthodique de Clément. Nicolas Clément a travaillé à la bibliothèque du roi de 1670 à 1712 ; il a élaboré une classification des imprimés dont les grands principes ont été maintenus jusqu'au déménagement à Tolbiac et au nouveau système d'adressage. Les ouvrages sont répartis en 23 classes selon les lettres de l'alphabet : les quatre premières pour la religion, deux pour le droit, dix pour l'histoire, quatre pour la philosophie, deux pour les sciences naturelles et médicales, une seule, le V (prononcer U), pour les sciences et les arts, et les trois dernières pour les belles-lettres.

    Deux siècles plus tard, confronté à d'énormes difficultés de catalogage, Léopold Delisle décide de clore les séries existantes au 1" janvier 1875 et d'en ouvrir de nouvelles où les ouvrages ne seraient plus intercalés, ce qui obligeait à d'incessants mouvements de l'ensemble, mais rangés dans l'ordre de leur arrivée. Le fonds clos prend également la désignation d'Inventaire, le Nouveau fonds conserve le lettrage de Clément, mais ajoute trois formats, fol., 4°, 8° (le 16° n'a été introduit qu'en 1943).

    Si je me suis étendu un instant sur ce système que tous les bibliothécaires connaissent, c'est qu'il a son importance pour notre sujet. En effet, en 1994, il a été décidé de scinder le V entre les départements Sciences et Littérature. Le Nouveau fonds a été affecté au département des Sciences, l'Inventaire restant en Littérature ; on a créé alors un fonds V2-Arts pour préparer cette division.

    L'ancien fonds représente environ 1 400 mètres linéaires, auxquels il faut donc ajouter les 7 500 mètres linéaires du nouveau fonds. Avec le V2, les catalogues de ventes d'oeuvres d'art (V36) et de timbres (V60), le V couvre à peu près 9 km de rayonnages, pour quelque 34 km dans notre département et 180 pour l'ensemble de la BnF.

    Et les autres départements peuvent conserver des ouvrages qui relèvent du même domaine ; en Histoire, le LnlO par exemple est une collection de monographies sur les artistes français, artistes que l'on peut trouver aussi dans le Ln27 (biographies françaises). De même, une partie de l'histoire de l'art, conçue comme science auxiliaire de l'histoire, sera plutôt classée chez nos voisins : ce peut être le cas pour des monographies sur les monuments, qui peuvent aussi être classées par pays. On comprend que dans ces conditions il est difficile, sinon impossible, d'estimer avec une précision suffisante la part des collections des magasins qui relèvent de l'art - et à plus forte raison de l'histoire de l'art.

    Cela n'a d'ailleurs guère d'importance, dans la mesure où le lecteur a accès depuis sa place, quelle qu'elle soit, à tous les ouvrages des magasins. Ainsi la moitié seulement des documents prélevés dans les magasins du département sont communiqués dans ses salles, mais 26 % dans les salles d'histoire. L'interdisciplinarité implique de nombreux déplacements, tantôt pour le lecteur, plutôt pour le document.

    Une exception : la Réserve conserve évidemment un grand nombre d'ouvrages sur l'art - ainsi que les livres d'artistes, clairement séparés des collections ordinaires ; il faut se rendre dans une salle spéciale pour les consulter.

    Lorsque nous achetons pour les magasins, notre but est de proposer un fonds sur l'art de tous les temps et de tous les pays, avec les beaux-arts, les arts décoratifs et populaires. On veille à l'encyclopédisme du fonds, en privilégiant la production nationale (livres d'art allemand publiés en Allemagne). Toutefois, sont systématiquement acquis, quel que soit le sujet, les catalogues d'expositions de certains grands musées, les publications d'éditeurs importants ou d'auteurs reconnus.

    Les nouvelles collections

    Le fonds Art créé pour le libre accès à Tolbiac est avant tout un fonds de référence et de synthèse dans une bibliothèque encyclopédique. Du fait de la richesse des bibliothèques parisiennes spécialisées, il ne cherche en aucun cas l'exhaustivité. Les ouvrages d'archéologie ou d'histoire des civilisations sont regroupés au département Histoire. En rez-de-jardin, il présente surtout des outils d'exploitation pour les fonds des magasins. En hautde-jardin, il est plus généraliste, avec des sources, des catalogues de musées, un point fort sur l'architecture contemporaine - du fait de l'impact présumé du nouveau bâtiment - et un fonds synthétique sur des disciplines très peu représentées en rezde-jardin (gravure, photo).

    L'art français a une place particulière, sans toutefois prétendre à l'exhaustivité. Ce domaine est fortement représenté dans les fonds grâce au dépôt légal. Suivre en complément la production étrangère constitue depuis longtemps un axe prioritaire de développement des collections.

    Notre but est de répondre avec rapidité et pertinence aux nombreuses demandes - on sait que les fonds d'art sont parmi les plus consultés dans les bibliothèques publiques ; nous proposons donc en libre accès des ouvrages qu'il fallait auparavant demander en magasins.

    Les limites

    L'archéologie, nous l'avons vu, est rattachée au département Histoire. Photographie, cinéma et musique sont à l'Audiovisuel. L'urbanisme est l'un des points les plus difficiles à gérer : on traite l'acception historique et artistique, dans une perspective d'« art urbain » ; les aspects sociologiques, juridiques et techniques sont traités respectivement par les autres départements. Par ailleurs, les départements spécialisés proposent leurs propres collections, plus pointues dans certains domaines : c'est le cas des Médailles pour la numismatique et la sigillographie, également présentes au département Histoire.

    Les dominantes

    En haut-de-jardin, sur 15 000 ouvrages, 3 650 sont en 709.2 (artistes), dont 2 100 sur les artistes contemporains. Viennent immédiatement après l'histoire de l'art avec 2 200 titres, l'architecture avec 1 850 titres et la photo avec 1 400 - mais les aspects techniques sont plutôt présents à l'Audiovisuel, et les aspects chimiques en Sciences. Puis 1 160 ouvrages sur la peinture, près de 900 en généralités et 600 sur les musées.

    En rez-de-jardin, sur 8 700 ouvrages, c'est le corpus des artistes qui vient encore en tête avec 2 000 références, plus équitablement réparties entre les périodes. L'histoire de l'art suit avec 1 600 titres, puis un millier sur l'architecture, 700 en généralités et 600 sur les musées.

    Les doublons entre les deux niveaux ne sont pas rares, mais les publics sont sensiblement différents : moins de 10 % des chercheurs inscrits fréquentent le haut-de-jardin. En revanche, nous essayons d'éviter les doublons avec d'autres départements.

    Enfin, il faut reconnaître des faiblesses, sur lesquelles nous comptons faire un effort dans les années à venir : il peut s'agir du sport, classé en 796, mais aussi de disciplines qui accèdent aujourd'hui au patrimoine culturel, comme la mode, la décoration et plus généralement l'art de vivre.

    Les périodiques

    Le choix des revues est volontairement très sélectif : 135 titres en hautde-jardin, 38 en rez-de-jardin - où, rappelons-le, les lecteurs ont accès aux collections des magasins. Certains de ces titres, acquis aujourd'hui pour le libre accès, sont destinés à enrichir les magasins après une période plus ou moins longue, d'un à dix ans, dans les salles. Sur les 188 abonnements, 70 ne sont pas encore représentés dans les magasins. En revanche, évidemment, tous les périodiques français reçus par le dépôt légal sont en magasins.

    La majorité des titres sont français (70 abonnements). Viennent ensuite les titres anglais (25) et américains (23), allemands (13), italiens (12) et suisses (11). Pour les autres langues, elles sont représentées par un à quatre titres. Il s'agit uniquement de langues européennes, les deux titres japonais sont en anglais.

    Le principal problème des périodiques est leur faible taux de consultation ; le sondage de décembre 2000 a confirmé que le public du haut-dejardin n'utilisait que 10 % des 3000 titres proposés. La présentation dorsale est peut-être l'une des raisons de cette désaffection, et nous comptons revenir en septembre à une présentation frontale de certains titres, plus attractive certes, mais plus consommatrice d'espace.

    Les langues

    La prédominance du français est indéniable, quels que soient nos efforts pour entretenir des collections très cosmopolites. 53 % des collections du haut-de-jardin sont en français, pour un tiers seulement en rez-de-jardin.

    Beaucoup d'usagers lisent l'anglais, et le fonds reflète cette tendance lourde, avec 27 % en haut-de-jardin et 35 % en rez-de-jardin ; mais les autres langues, quoique très largement représentées dans notre département, ont un taux de consultation sensiblement moindre. La sur-représentation de l'anglais est commune à l'ensemble des collections en libre accès de la BnF ; elle est moindre au département Littérature, dont la vocation est justement de faire découvrir les oeuvres littéraires d'un très grand nombre de pays en langue originale : nos collections permettent d'approcher les littératures de 25 domaines linguistiques.

    En matière d'art comme de linguistique ou d'histoire du livre, la part de l'allemand reste significative, avec 12 % en rez-de-jardin contre 7 % en moyenne.

    Si l'on additionne les fonds français et anglais, on obtient 80 % des collections du haut-de-jardin et 70 % de celles du rez-de-jardin, l'italien et l'allemand y étant mieux représentés. À la demande des lecteurs, la part des acquisitions en langues autres que le français et l'anglais a été considérablement réduite ces deux dernières années.

    Les ressources électroniques

    Les utilisateurs du site bnf fr connaissent bien les signets, sélection commentée de ressources accessibles par Internet, choisies par les bibliothécaires, qui les classent et tiennent à jour leur description. Une nouvelle répartition est en cours entre les Estampes et le secteur Art. Nous prenons en charge les répertoires et annuaires généraux, l'actualité de l'art, les musées (répertoires et catalogues), les catalogues de bibliothèques, les inventaires et bases de données documentaires, l'art du XXe siècle, l'art contemporain, les arts électroniques et l'architecture. Les Estampes s'occupent du marché de l'art, des bases d'images, des affiches et des estampes. La BnF adhère au projet Renardus, qui va transformer la présentation actuelle des signets en base de données.

    Quelques cédéroms bibliographiques sont également disponibles sur le serveur, dont Art Index, BHA (bibliographie d'histoire de l'art), Design and Applied Art Index, Aribibliographies modem, ou l'Allgemeines Kùnstler Lexikon. La BnF a un abonnement payant à la version internet du Dictionnaiy ofArt. Ce secteur est en plein développement, nous étudions actuellement l'offre et la BnF a déjà souscrit à plusieurs bouquets » de périodiques numérisés, plutôt dans les domaines scientifiques.

    Aujourd'hui, l'histoire de l'art est peu représentée sur Gallica ; pourtant, les reproductions de planches noir et blanc sont bonnes, ce qui devrait encourager une mise à niveau ; la collection complète de la Gazette des Beaux-Arts est prête à être numérisée, mais la Revue Générale de l'Architecture et des Travaux Publics, si prisée des historiens de l'architecture du XIXe, n'est pas encore programmée. Toutefois, les collections d'art en général sont assez riches, notamment au travers des livres illustrés de la Réserve, des dessins de Boullée ou de Lequeu, des photographies d'Atget, ou du fonds Destailleur conservés aux Estampes.

    Conclusion

    Comment situer la BnF dans le paysage des bibliothèques d'art ? Nous avons vu que la volumétrie des collections, scrupuleusement suivie à l'unité près pour le libre accès, était quasi impossible pour les magasins. Nos grands voisins sont la BPI, avec 35 000 volumes et 200 périodiques, la bibliothèque Forney, pour les arts appliqués, 250 000 ouvrages dont 16 000 en libre accès et 438 périodiques, et naturellement le MNAM, pour l'art du XXe, avec 130000 ouvrages et 600 titres vivants.

    Si on ne devait retenir que trois atouts principaux de l'art à Tolbiac, ce seraient sans doute l'ancienneté, l'éclectisme et la complémentarité. Quoique plus ou moins respecté selon les époques, le dépôt légal a fait entrer à la bibliothèque depuis le XVIe siècle des centaines de milliers d'ouvrages qu'il serait maintenant bien difficile de se procurer ; les chercheurs y ont accès plus de 60 heures par semaine, 50 semaines par an. Quant à la bibliothèque du haut-de-jardin, conçue comme une propédeutique au rez-dejardin, elle a trouvé son public, et gardera vraisemblablement ce rôle après l'installation de l'INHA à Richelieu. Dernier atout et non le moindre : l'environnement documentaire, avec plus de 10 millions de volumes, et pour les périodiques 32 000 titres français et 8 500 en provenance de 850 pays. C'est cette richesse qui fait la différence entre la BnF et les bibliothèques spécialisées, puisqu'elle permet de replacer en perspective n'importe quelle étude, n'importe quel sujet.