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    Une déconcertante responsabilité

    Par RÉGINE DETAMBEL, Écrivain

    VOUS ME DEMANDEZ DE TÉMOIGNER DE MON EXPÉRIENCE D'AUTEUR en ce qui concerne les bibliothèques. Et c'est à plusieurs titres que je voudrais intervenir.

    La perception par l'oreille

    En tant qu'auteur invité dans les bibliothèques, je voudrais citer deux formes de manifestations qui m'ont semblé exemplaires. Tout d'abord, l'exemple le plus récent : le 19 avril dernier j'étais invitée à Annecy dans le cadre de l'Espace littéraire. Les bibliothécaires avaient lu mon travail, je devais être présentée par Marie Rouanet, puisque dans ce cycle, les auteurs vont par deux et l'un d'entre eux, en quelque sorte, parraine l'autre et contribue à le faire découvrir par le public. Détail qui a son importance pour moi qui signe toujours avec un vieux stylo en plastique : à l'issue de la conférence, la médiathèque d'Annecy m'a offert un magnifique stylo Dupont personnalisé au nom de l'Espace littéraire 2001. Et je me suis sentie invitée vraiment comme un écrivain. Un bouquet de fleurs n'aurait pas atteint la même chose en moi. On m'aurait simplement invitée en tant que femme...

    Une autre manifestation exemplaire me semble être celle que mena le Carré d'Art à Nîmes, quand Thierry Guichard, toute une année, à raison d'une fois par mois, présentait un auteur féminin. Il y eut Camille Laurens, Lydie Salvayre, etc. Là aussi, avec la qualité de la préparation de Thierry Guichard et le souci de la réception que l'on connaît aux bibliothécaires du Carré d'Art, cela reste pour moi un événement.

    Mais dans ces deux cas, quelque chose manquait cruellement. Pour les personnes qui n'avaient pas lu quelque chose de moi, aucune lecture sonore n'avait été prévue. Et des personnes sans doute ont quitté cette salle sans rien connaître de ma musique. Il est bon de connaître l'univers d'un auteur, ses thématiques obsessionnelles, mais c'est une hérésie de ne faire connaître de lui que sa voix d'orateur au petit pied quand il répond aux questions de l'animateur. C'est pourquoi, depuis, je lis systématiquement de longs extraits de mon oeuvre pendant les interventions en bibliothèque. Je reviendrai beaucoup tout à l'heure sur l'importance de la voix et de la musique de la lecture, sur la perception d'un auteur par l'oreille et pas seulement par l'oeil.

    Entre l'arbre et l'écorce

    Le temps imparti ne me permet pas de citer d'autres exemples de bonheurs que j'ai eus comme auteur invité dans une bibliothèque mais il y en a d'autres, bien sûr. Toutefois, en citant L'Espace littéraire d'Annecy et ce cycle sur les femmes initié à Nîmes, j'insiste sur le principe du cycle justement. Il me semble essentiel qu'une bibliothèque ait un fonctionnement lunaire, ou féminin, afin d'habituer les lecteurs à un rendez-vous régulier. De plus, l'élaboration d'un programme d'invitation en début d'année permet de ressasser, seriner, rappeler sans cesse aux lecteurs, qui ont la mémoire labile, que telle intervention aura lieu tel jour à telle heure.

    Qui anime les interventions ? Dans les exemples que j'ai cités, ce ne sont pas les bibliothécaires qui sont animateurs. Marie Rouanet, écrivain, devait me présenter à Annecy. Thierry Guichard, critique et rédacteur en chef du Matricule des Anges, me présentait à Nîmes. Avantage de ce type de fonctionnement : Marie Rouanet me connaît depuis 11 ans, a lu tous mes livres au fur et à mesure de leur parution et connaît parfaitement mon travail. C'est le cas également de Thierry Guichard qui m'avait consacré, il y a quelques années, le dossier du Matricule et qui tient constamment à jour ses fiches critiques sur mes ouvrages.

    Je crois que de moins en moins de bibliothécaires seraient en mesure de présenter un auteur en en sachant autant sur cet auteur que les animateurs, professionnels ou non, que j'ai cités plus haut. On connaît, bien entendu, les raisons de cette incapacité pour certains, puisque, paradoxalement, le fonctionnement même des bibliothèques éloigne les bibliothécaires des auteurs et des livres. C'est un phénomène de société. Mais il faut souligner ce point qui me semble fondamental : le bibliothécaire est constamment entre l'arbre et l'écorce, il doit être à double face et si possible il faut que chacune de ses faces soit aussi résistante et crédible que l'autre. L'une de ses faces est tournée vers le public qu'il doit recevoir, conseiller, guider, et le public a ses exigences et ses besoins. L'autre face est tournée vers l'auteur qu'il doit recevoir, lire, connaître et reconnaître, et les auteurs ont leurs exigences et leurs besoins. Impossible donc de négliger l'une des faces, sinon on se mettra forcément quelqu'un à dos. Alors comment éviter d'exposer le revers de la médaille ? J'ai, sinon des solutions à proposer, du moins des idées à partager avec vous.

    Un flair transmis de sourcier à sourcier...

    En premier lieu, j'ai eu la surprise, en fin d'année dernière, d'être contactée par l'ODAC du Lot-et-Garonne pour une mission très précise. Marie Rouanet, toujours elle, devait être invitée dans le Lot-et-Garonne pour une tournée dans les bibliothèques. Et l'on m'a demandé de « sensibiliser les bibliothécaires, les animateurs socioculturels, les documentalistes, bref tout le personnel culturel du Lot-et-Garonne qui allait devoir accueillir Marie Rouanet dans sa tournée et la présenter au public. Pour cette expérience de sensibilisation, j'ai donc accepté de venir 3 heures à la bibliothèque de Casteljaloux pour présenter toute l'oeuvre de Marie Rouanet et les épisodes bibliographiques qui me semblaient susceptibles d'éclairer cette oeuvre. L'éditeur m'avait également envoyé toute la presse disponible. J'ai donc fait oeuvre de bibliothécaire, mais pour un public de professionnels.

    J'ai présenté chronologiquement puis thématiquement l'oeuvre de Marie Rouanet. Trois heures durant, j'ai lu des extraits et proposé enfin des pistes à développer dans d'éventuels ateliers d'écriture. J'ai donc ordonné l'oeuvre de Marie et donné à entendre ses thèmes les plus riches. J'ai également mis en scène, par la lecture à haute voix, la phrase, le rythme et le style de cet écrivain. Ce n'était pas un digest, une compression, un prémâchage mais une vraie promenade dans l'oeuvre de Marie Rouanet. Il n'était pas nécessaire pour mes auditeurs de savoir résumer tous les livres de Marie Rouanet et de mémoriser les noms de tous ses personnages. C'est une autre science, une intuition, un flair que j'ai transmis en quelque sorte de sourcier à sourcier ! J'ai amené mes auditeurs à percevoir le ton, le grain, le centre d'où provient l'énergie créatrice de l'auteur, sa nappe d'eau souterraine. Et il en faut des lectures et de l'attention pour trouver cette source cachée ! Le temps de préparation de cette intervention de 3 heures était environ d'une semaine à 10 jours, à raison de 6 heures par jour. Et je ne faisais que relire l'oeuvre de Marie, elle n'était pas une étrangère pour moi. Pourtant, je me suis rendue compte de l'énormité de cette tâche. Et j'avais tous ses livres, même son CD, heureusement, ce qui m'a permis de ne pas aller effectuer trop de recherches à l'extérieur qui m'auraient fait perdre du temps en trajets.

    Cette expérience a été pour moi fondamentale. D'abord, parce que je trouvais la démarche des bibliothécaires absolument splendide, intelligente, humble et honnête vis-à-vis de Marie Rouanet. Ensuite, je me suis dit que c'était là un travail d'écrivain, un travail d'essayiste, que je venais de faire là. Maintenant, si on me le demande un jour, je pourrai écrire un essai sur l'oeuvre de Marie. Ensuite, je me suis aperçue que, pour moi, cette tâche était désormais importante, quelque chose que j'ai envie de rééditer très régulièrement. Sensibiliser les bibliothécaires à l'oeuvre d'un auteur vivant, qui écrit aujourd'hui, et qu'ils inviteront peut-être demain, me semble une chose passionnante. J'ai déjà proposé à des bibliothèques ce type d'intervention sur Pascal Quignard ou René Depestre, ou Pierre Sansot, au choix du bibliothécaire puisque, pour moi, les écrivains sont ma famille. Plus je les relis, plus je suis rassurée ! De plus, je commence à avoir une certaine expérience de ce genre de présentation non pas superficielle mais au contraire méthodique et sonore et vivante et physique, puisque j'ai présenté pour la Cinquième et Arte l'oeuvre de Colette en 13 minutes !

    Écrivain, donc d'abord lectrice...

    Et j'en arrive là à une autre facette de mon travail, qui est le travail de formation. Je suis écrivain, donc d'abord lectrice, lectrice professionnelle. Et c'est cette spécialisation que j'ai envie de faire partager aux bibliothécaires que je souhaite sensibiliser à une oeuvre.

    J'ai insisté tout à l'heure sur le fait que je lisais à haute voix des passages de l'oeuvre, j'ai insisté sur le côté sonore et physique de la lecture d'un auteur. Et là j'enfourche l'un de mes chevaux de bataille : la bibliothèque manque de son. C'est un lieu de recueillement et de silence, heureusement, mais il faut aussi, parfois, que la lecture soit sonore, qu'elle redevienne une activité physique à part entière, une activité dynamique.

    J'anime des ateliers d'écriture un peu partout, depuis 11 ans que je publie. Je suis allée dans les classes, les bibliothèques (je repense à Avignon), les universités et depuis presque 2 ans, j'anime les ateliers d'écriture du Château de Castries pour le Centre régional des Lettres Languedoc-Roussillon et la Maison du Livre et des Écrivains. Or, ce qui m'est apparu, en 11 d'expérience, c'est le besoin inné qu'ont les gens de lire à haute voix, de se lire à haute voix, de se dire à voix haute.

    Et là j'aborde encore un nouvel aspect des choses, qui implique à la fois la voix, le corps, l'écriture.

    Mais où allons-nous trouver de vrais lecteurs, des lecteurs qui sachent lire » ? « Il faudra les former », dit George Steiner, qui caresse la vision « d'écoles de lecture créatrice. J'ai l'expérience des ateliers d'écriture. Je sais que les ateliers d'écriture sont des écoles de lecture créatrice. Et même si j'ai l'air de m'éloigner des bibliothèques, vous verrez que c'est pour mieux y revenir puisque je pense que la bibliothèque est naturellement un lieu d'accueil pour les ateliers d'écriture.

    Même s'ils ne deviennent jamais écrivains eux-mêmes, on voit qu'en étudiant les mécanismes de l'écriture, les participants aux ateliers d'écriture deviennent très vite aptes à juger les bons auteurs, et, partant, à choisir leurs lectures avec plus de sûreté. Avant l'atelier, ils lisaient comme Ambroise, silencieux, avec les yeux, comme des persécutés requis de ne manifester aucune émotion mais de réciter intérieurement leur prière muette, le visage baissé, respirant par le nez. L'atelier accroît et consolide la lecture, il en fait une activité physique et vivante. Les mains lisent, l'oreille lit, la voix lit, l'oeil lit et le corps tout entier, avec ses fièvres et ses sécrétions, et ses lèvres qui s'ouvrent sur l'haleine.

    La lecture de la main, celle de l'annotation marginale, Georges Steiner l'appelle lecture dynamique ». Pour lui, un lecteur lit un stylo à la main. Il a raison. Du XVI" au XIX"siècle, il était courant de recopier de longs pans de livres pour améliorer son style, engranger des exemples tout prêts et, surtout, de couvrir l'ouvrage de notes marginales qui finissaient d'ailleurs par le dissimuler en partie, comme le tampon sur le timbre qu'il oblitère.

    La lecture dynamique

    L'atelier d'écriture ravive cette lecture dynamique. Les photocopies de textes de participants circulent, ou bien on écrit sur ordinateur et l'imprimante fournit à chacun des lecteurs dynamiques un texte identique, tout frais, qu'il conviendra de critiquer de la voix et du geste pour l'amener à une sorte d'aboutissement. Cette expérience, je l'ai appelée le suivi d'écrit. Désormais muni d'un feutre rouge ou d'un crayon de papier, chacun appartient au texte. D'abord les virgules, les points, et les temps des verbes, l'orthographe bien sûr. Puis la main s'engage plus profondément et l'écrivant assis là subit un feu de questions, de vraies secousses. Il dit : « Non, c'est vrai, je ne sais pas ce que j'ai voulu dire là. « Et tout le monde s'aperçoit, comme à chaque séance, avec la même stupéfaction, qu'un texte est pour son auteur une nuit vivante, une crise qui a brûlé, qui s'est épanchée et dont le souvenir de la création a déjà disparu. Autour de l'auteur amnésique, les lecteurs annotateurs forment une chaîne, des relais curieux et parfois indiscrets mais encourageants parce qu'ils soulignent, à côté des énormités, les éclairs et les saccades, les failles par où ils ont vu se dessiner, fugace comme une tortue rentrant soudain sa tête, la menace d'une histoire.

    Ce que je viens de vous lire est extrait d'un texte que je suis en train d'écrire, une réflexion sur les ateliers d'écriture.

    « Une lecture bien faite, dit Charles Péguy, cité par George Steiner, n'est pas moins que le vrai, que le véritable et même et surtout que le réel achèvement du texte, que le réel achèvement de l'oeuvre ; comme un couronnement, comme une grâce particulière et coronale. Elle est aussi littéralement une coopération, une collaboration intime, intérieure aussi, une haute, une suprême et singulière, une déconcertante responsabilité... C'est une destinée merveilleuse et presque effrayante, que tant de grandes oeuvres, tant d'oeuvres de grands hommes et de si grands hommes puissent recevoir encore un accomplissement, un achèvement, un couronnement de nous, de notre lecture. Quelle effrayante responsabilité pour nous. «

    Lire, quelle effrayante responsabilité !

    En tant qu'auteur, en tant que sensibilisateur à l'oeuvre des autres écrivains, en tant que formatrice, en tant qu'animatrice d'ateliers d'écriture, je dois dire que j'attends des bibliothèques qu'on puisse y réaliser une vraie lecture bien faite, qu'un lecteur entrant dans la bibliothèque, que les bibliothécaires eux-mêmes, que les auteurs, que tous puissent se disent avec un bonheur tremblant : « Lire, quelle effrayante responsabilité ». Il ne s'agit pas de faire fuir quiconque avec ce mot d'effrayant mais de rappeler sérieusement à chacun l'importance sacrée de sa propre lecture. Je propose donc, en plus des ateliers d'écriture classiques, la création d'ateliers de lecture, la notion de suivi de lecture.

    « Lire sans prendre de notes, c'est comme si on n'avait rien lu " déplore Antoine Albalat dans son Art d'écrire enseigné en vingt leçons. « Dans six mois, vous ne saurez plus ce que contenait le volume. Tout dévorer, voir tout défiler, ne s'arrêter à rien, travail de Danaïdes qui ne mène qu'à l'indigestion et à la confusion. [...] La vraie mémoire consiste, non pas à se rappeler, mais à avoir sous la main les moyens de retrouver. [...] Un livre qu'on quitte sans en avoir extrait quelque chose est un livre qu'on n'a pas lu. »

    En bibliothèque aujourd'hui, l'informatique nous donne les moyens de trouver ce qu'on n'a pas lu mais pas de retrouver ce qu'on a lu !

    D'accord, l'amnésie et l'ivresse d'avoir trop lu et ne plus se souvenir de rien ne déclenchent pas toujours un sentiment d'oubli douloureux, ou une lacune qui va rendre fou de colère à l'idée de tout ce qu'il faudra relire pour retrouver les lignes tant aimées. Penser où donc ai-je lu tel ou tel passage ne se vit pas forcément comme une insuffisance et un manque honteux. Mais souvent, c'est douloureux. Quand je rapporte un livre à la bibliothèque, un livre que je n'ai pas pu annoter dans la marge, dont je n'ai pas pu faire une lecture honnête, je me sens dépossédée, dessaisie, je n'ai pas envie de rapporter le livre et généralement je l'achète après. J'ai même constitué ma bibliothèque virtuelle des livres empruntés à la bibliothèque, simple liste de titres sans laquelle je suis perdue. Permettez-moi de vous lire un peu de Georges Perec, qui montre bien l'état de vertige dans lequel on est quand on ne sait plus où l'on a lu telle chose : " Où ai-je lu que la foudre pilote l'univers ? écrit Georges Perec. Où ai-je lu que le limaçon s'enroule autour de la columelle ? Où ai-je lu que nous n'admettrons jamais pour cause de ce que nous ne comprenons pas quelque chose que nous comprenons moins encore ? Où ai-je lu que l'avenir est aux lecteurs ? Où ai-je lu qu'il existe deux sortes d'arbres, les hêtres et les non-hêtres ? Où ai-je lu que tout nombre pair est la somme de deux nombres premiers ? Où ai-je lu que l'esprit est rude s'il s'ouvre à droite et doux s'il s'ouvre à gauche ? Où ai-je lu que ce qu'ils admirèrent du cèdre c'est qu'on l'eût rapporté dans un chapeau ? Où ai-je lu qu'on ne voit point deux fois le rivage des morts ? «

    Éloi et le mauvais livre

    Tout cela, et pardonnez-moi de n'avoir pas fait court, pour vous dire que la bibliothèque idéale à mon sens, est celle qui possède, non seulement un atelier d'écriture (je me suis expliquée tout à l'heure sur l'intérêt de former des lecteurs) mais également un atelier de lecture, un atelier de lecture honnête, un atelier de lecture bien faite. Un lieu dont l'existence signifierait que les lecteurs ne rendent pas les livres comme des objets finis et perdus, un lieu qui serait le couronnement de la lecture comme le souhaitait Charles Péguy, un lieu où les lecteurs pourraient laisser une trace de leur lecture. Ainsi chaque livre emprunté à la bibliothèque serait doublé d'un autre livre, écrit par les lecteurs cette fois, constitué de leur lecture dynamique, ces notes marginales qu'ils n'ont pas pu écrire sur le livre. Cela pourrait se faire sous forme de fiches, sous forme de rencontres avec les bibliothécaires, sous forme de discussions et cela irait des corrections de coquilles à des choses plus dynamiques, plus créatrices. Jules Renard raconte une toute petite histoire qui s'appelle « Éloi et le mauvais livre », dans laquelle Éloi écrit systématiquement la fin ou carrément réécrit les livres qu'il trouve mal construits.

    Avant de résumer les points clés de mon intervention, je remercie les bibliothécaires pour les actions qu'ils ont déjà menées avec ou sans moi pour la promotion de mon oeuvre ou pour la formation.

    Fiction

    Points clés

    Je demande donc au bibliothécaire :

    • 1. d'acheter mes livres;
    • 2. de les lire (ou de se les faire présenter dans une démarche de sensibilisation) ;
    • 3. de faire connaître mon oeuvre et de la promouvoir;
    • 4. de m'inviter et d'animer le débat lui-même, s'il a eu le temps d'entrer dans mon oeuvre. Dans le cas contraire, je lui demande de ne pas me laisser seule face au public, mais de choisir un animateur, qui serait écrivain ou critique, et connaîtrait vraiment mon oeuvre ;
    • 5. de ne pas laisser les lecteurs rapporter mon livre après usage sans qu'il y ait nulle part aucune trace de cette lecture. Je leur demande de favoriser la rencontre active des lecteurs dynamiques de mon oeuvre après lecture ;
    • 6. d'organiser des ateliers d'écriture afin de former des lecteurs exigeants qui promouvront euxmêmes la vraie littérature, aidant du même coup les bibliothécaires, et permettant aux vrais écrivains d'être reconnus ;
    • 7. de penser beaucoup à la lecture sonore, à la voix, d'organiser systématiquement des lectures à haute voix, pourquoi pas des lectures par les lecteurs eux-mêmes, guidés par des comédiens. En tant qu'auteur, je voudrais que mes textes soient dans les têtes ou dans les mémoires, certes, mais aussi en bouche et dans l'oreille ;
    • 8. de consacrer aux auteurs beaucoup de multimédia. D'orga-niser des projections en boucle de films sur les auteurs, un cinéma d'auteur en quelque sorte, et pas toujours les auteurs classiques ;
    • 9. de proposer d'écouter des K7 et des disques qui ne soient pas que de la musique, mais les voix des auteurs. Et il y a de plus en plus de supports qui rendent la voix des auteurs. Donc un auditorium spécial littérature.

    Enfin, plutôt que demander toujours, je propose cette fois aux bibliothécaires, je leur propose de se faire aider dans ces tâches et dans ces animations d'ateliers divers par les auteurs euxmêmes.

    Cela dit, il me reste à vous rappeler que je suis un écrivain, j'ai rarement les pieds sur terre, les réalités institutionnelles me sont assez lointaines, je suis depuis des années très concentrée sur mon travail et sur l'oeuvre écrite des autres et certains points de mes propositions pourront vous paraître totalement chimériques. Je vous demande de m'en excuser en vous souvenant que j'ai fait de la fiction et de l'imaginaire mon métier et ma raison de vivre. Et puis je vous remercie chaleureusement de votre amicale attention et je continuerai à vous encourager dans ce travail multiple et complexe que vous avez choisi d'accomplir, travail indissociable, lui, des fameuses réalités dont j'ai fait mention plus haut.