Les adolescents trouvent difficilement leur place dans les bibliothèques municipales, qui, de plus en plus, accordent de l'importance au service de lecture publique pour adultes et à la section pour enfants : il faut ménager à ces lecteurs une transition et c'est ce que plusieurs de nos collègues tentent de faire, soit en créant une section réservée aux adolescents, soit en procédant à des enquêtes sur leurs lectures, préalables à une action en profondeur.
Avant d'exposer l'expérience de Tours, je tiens à faire état des réponses de deux collègues à qui j'avais demandé ce qu'elles avaient réalisé dans ce domaine.
A La Rochelle, Mlle de Saint-Affrique a organisé, dans un coin de la salle pour la jeunesse, une section pour adolescents, réservée aux jeunes de 13 à 16 ans. Malheureusement, l'emplacement de la section, l'impossibilité d'avoir un bibliothécaire spécialement chargé de conseiller et guider les adolescents, a imposé un choix sévère ; il va de Bernage à Cronin, de Balzac à Buck, de Frison-Roche à Saint-Exupéry.
A Châlons-sur-Marne, Mme Jeulinapu consacrer à la section d'adolescents une salle particulière, claire, meublée «jeune», garnie déjà de 1200 livres (40% de romans, 10% de biographies, 50% de documentaires) répartis en usuels et en livres pour le prêt. Mais cette salle accueillante et toute prête à fonctionner n'a pu être ouverte faute de personnel.
A Tours, la section pour adolescents est installée dans une partie, nettement délimitée par des cordelières, de la section de prêt à domicile dont elle occupe 119 m2 sur 564. Les usuels correspondent aux programmes jusqu'à la seconde, puisqu'ensuite les lycéens ont accès à la salle de travail. Ils peuvent obtenir des ouvrages de cette salle en précisant par écrit le sujet de leur étude ; la recherche est alors effectuée par la sous-bibliothécaire, et le ou les ouvrages apportés à la section pour adolescents. Les ouvrages destinés au prêt portent tous un cachet « Adolescent », de même que les cartes d'inscription : les opérations du prêt se faisant au même bureau que pour adultes, les employés ont ainsi la possibilité d'un contrôle rapide. La sous-bibliothécaire responsable du prêt à domicile a son bureau dans la section adolescents. C'est à elle que les livres sont rendus, ce qui permet de prendre et de garder contact avec les lecteurs à l'occasion de leurs lectures. Le conseil n'est donné que s'il est demandé : la contrainte est illusoire et va à rencontre du but poursuivi. Le choix est très large, étant donné que nous voulons toucher des adolescents d'âge et de maturité très divers.
Le comportement des enfants est, évidemment, aussi variable que leur caractère. Ceux qui viennent de la section d'enfants s'adaptent très vite ; certains ont du mal à se détacher des collections ; nous voyons fléchir, pendant quelque temps, le niveau des lectures de ceux qui appréciaient l'environnement douillet des employées de la section jeunesse, puis il remonte, l'apprentissage fait de la liberté. Les 15-16 ans sont, en fait, les plus favorisés par les livres qui leur sont offerts, et dans lesquels ils puisent largement ; peu demandent des conseils. Les plus âgés se dirigent vers le rayonnage placé derrière la sous-bibliothécaire ; là se trouvent des ouvrages marqués d'un G (=grands) que nous ne prêtons qu'à ceux dont nous avons éprouvé la maturité et dont nous sommes certains qu'ils ne communiqueront pas ces livres à de plus jeunes lecteurs. Nous avons voulu éviter que les grands adolescents se sentent évincés de l'univers des adultes, et que, par voie de conséquence, ils empruntent aux camarades des livres... douteux (cf. l'enquête de Colmar). Il ne faut d'ailleurs pas mésestimer les problèmes qui se posent à eux, et qui sont graves, angoissants, d'autant plus préoccupants que le contact avec les parents n'est pas toujours facile.
Les attitudes des parents sont, elles aussi, très différentes. Un certain nombre ont donné à leurs enfants l'ordre de demander conseil, et suivent deprès leurs lectures. Sans doute, extrêmement rares sont ceux qui s'intéressent aux lectures de leurs enfants avec le souci d'aboutir à une sorte de débat introduisant à certains problèmes. En fait, les difficultés dues aux parents viennent de deux côtés :
En fait, les résultats obtenus après un an sont intéressants, les efforts et les peines n'ont pas été prodigués en vain. Il y a encore beaucoup à lutter, et cela surtout dans deux directions. Nous devons :