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    Par M.-Th. Laureilhe
    Jacqueline Viaux

    Le meuble en France

    VIAUX (Jacqueline). - Le Meuble en France. - Paris, Presses universitaires de France, 1962. - 20,5 cm., VI-186 p., 21 fig., XL pl. dont 8 en coul., couv. ill. en coul. (Le Lys d'or).

    L'application des techniques modernes de photographie à l'édition a donné un aspect vieilli à de nombreux ouvrages d'histoire de l'art qui faisaient autrefois autorité. Les éditeurs ont entrepris, les uns après les autres, de les renouveler. Les Presses universitaires de France annoncent deux collections confiées à M. Norbert Dufourcq. Une histoire générale de l'art « Les neuf muses » et une limitée à l'art français sous le titre « Le Lys d'or ».

    Le premier volume de cette dernière est dû à notre collègue Mme Viaux, bibliothécaire en chef de la Bibliothèque Forney. Spécialiste des arts appliqués, elle traite du meuble en France du « faudesteuil » de Dagobert aux réalisations de la IVe République.

    Le premier chapitre est une initiation technique bien utile pour pouvoir apprécier à juste titre le « beau travail » des artistes du meuble. Nous apprenons à connaître le bois et son travail, en particulier les divers assemblages qui permettent aux ébénistes de livrer des travaux de ce fini irréprochable qui est la marque de l'ouvrier de grande classe. Nous connaîtrons le nom précis des moulures et des ornements, nous saurons mieux voir les bronzes, le polissage, le vernissage, etc...

    Après cette initiation utile Mme Viaux trace, siècle par siècle, l'évolution de l'ébénisterie. Elle montre combien l'histoire du mobilier est liée à celle de la civilisation : les périodes d'instabilité sociale sont celles de mobilier pauvre. L'histoire de l'œuvre du menuisier et de l'ébéniste est replacée dans celle de la vie de son temps. L'auteur sait nous faire réfléchir. L'histoire ainsi conçue est autrement plus passionnante que l'œuvre d'analyse pure, d'ailleurs absolument nécessaire au préalable. Pour chaque époque l'évolution de la technique, du décor et de la structure est étudiée successivement. L'intérêt de cette histoire s'arrête d'ailleurs au milieu du XIXe siècle. Une partie des ébénistes de la fin du règne de Louis-Philippe et du Second Empire mettent toute leur habileté technique, qui est très grande, à copier les styles du passé, ce ne sont plus des artistes. L'Exposition universelle de 1900 ne parviendra pas à les faire sortir du pastiche, malgré quelques essais intéressants, ce n'est qu'à partir de 1925 que nous retrouvons des productions originales où l'artisan a exprimé son génie créateur.

    Le livre de Mme Viaux se lit facilement, il est tout aussi agréable à regarder. Les planches nombreuses nous montrent les chefs d'oeuvres des principaux musées et des grandes collections. Elles sont bien tirées et les couleurs sont très justes. La couverture plastifiée donne un aspect plaisant au livre, mais cette très abondante illustration n'a pas été réalisée aux dépens du texte comme dans beaucoup d'ouvrages similaires, les deux sont de la même qualité.

    Nous mettrons donc cet ouvrage à la fois dans nos usuels, et dans nos collections de prêt. Sa bibliographie d'ouvrages, pour la plupart très accessibles, rendra service aux étudiants d'art comme aux artisans du meuble, usagers de la Bibliothèque Forney. L'auteur a eu le souci de séparer ouvrages et recueils de reproductions. Les ébénistes lui en sauront gré, ils apprécieront aussi l'indication des principaux musées de la région parisienne, et de leurs catalogues, mais les bibliothécaires regretteront, peut-être, que l'indication des catalogues des principales expositions ne soit pas plus précise car ils seront certainement demandés par les artistes qui voudront pousser plus à fond l'étude des styles. Mais ceci n'est qu'un détail. Le livre de Mme Viaux sera, avec juste raison, très apprécié dans les bibliothèques d'art comme dans celles de lecture publique.