M. le Pasteur Maurice Mousseaux considère que la célébration en 1963 de l'introduction de la Réforme à Sedan en 1563, vient d'une façon de compter un peu courte, car bien des documents prouvent qu'avant cette date, la ville de Sedan était un foyer d'activité protestante très vivant. M. le Pasteur Mousseaux en entreprend la démonstration à partir des études antérieures à la sienne et assez imprécises, de quelques documents peu connus, d'éléments nouveaux, ou qui du moins n'ont pas été suffisamment mis en valeur. M. le Pasteur Mousseaux trouve le fondement et la justification de cette activité protestante dans les relations qui ont existé dès 1525 entre le mouvement de l'évangélisme fabrisien de Meaux et une tentative similaire à Sedan.
Dès la dispersion du groupe de Meaux en effet vers Strasbourg, Metz, Paris, Blois ou Nérac, Gérard Roussel presse Guillaume Farel de venir prêcher à Sedan où il sera assuré de la protection des fils du prince Robert de La Mark. La propagation des idées nouvelles se fera de la même façon qu'à Meaux : «... Je vous ai proposé comme prédicateur, et ils vous ont accepté avec le plus vif empressement, ils consentent même à établir chez eux une imprimerie qui sera à votre disposition... » (Lettre autographe du 7 décembre 1526. - Bibliothèque publique à Genève). Sedan, ville indépendante, gouvernée par un prince acquis aux idées nouvelles, se révèlera accueillante aux réfugiés. M. le Pasteur Mousseaux note que, si Farel lui-même ne viendra pas à Sedan, le mouvement réformiste meldois s'y développera à l'abri de la persécution. Il relève aussi la similitude de nombreux noms qui se retrouvent à la fois à Meaux et à Sedan, la ruine de l'industrie du drap en Brie au 16e siècle où les drapiers étaient fournisseurs royaux, et son développement au profit de Sedan au 16e et au 17e siècles, les relations des pasteurs et synodes briards avec l'Académie et la ville de Sedan. Il faut regretter que M. le Pasteur Mousseaux ne développe pas l'étude de ces faits corroborants.
Félicitons M. le Pasteur Mousseaux, cependant, d'avoir mis en lumière les liens très vivants qui unissent Meaux à Sedan, les conséquences non seulement religieuses, mais également sociales et économiques, de la persécution en Brie, qui aura des résultats semblables sous Louis XIV. Nous pouvons relever une fois de plus à quel point les Fabristes jugeaient l'imprimerie comme un instrument indispensable à l'évangélisation ; ce qui confirme d'une certaine façon, que la même nécessité ait été ressentie auparavant à Meaux, au bénéfice de Simon de Colines.
M. le Pasteur Mousseaux était particulièrement qualifié pour cette étude, puisqu'à la fois on lui doit plusieurs publications sur le protestantisme briard et que son ministère s'est exercé longtemps à Sedan.