Ce numéro du bulletin de l'A.D.B.S. donne les très intéressants résultats de l'enquête à laquelle a procédé cette association en 1963. 407 réponses ont été reçues à un questionnaire très détaillé : 60 % provenant de Paris, 17 % de la région parisienne, 20 % seulement de la province. 80 % des documentalistes sont des femmes ; on peut cependant noter que la proportion d'hommes est légèrement supérieure dans le secteur privé. La profession, comme il fallait s'y attendre, est jeune : 65 % des documentalistes ont moins de 40 ans.
C'est probablement aussi la jeunesse de la profession, et le fait que les diplômes de l'I.N.T.D. sont de création encore récente, qui expliquent que 34 % des documentalistes n'ont pas de diplômes, et 16 % un diplôme de bibliothécaire. Par contre, les diplômes universitaires témoignent favorablement du niveau de la profession : 64 % ont la licence ou une formation équivalente. Là aussi, on note la pénurie de scientifiques : alors que les services de documentation scientifique représentent 48 % de l'ensemble, le personnel, lui, est à 78 % de formation littéraire.
L'étude des secteurs d'activité révèle que le secteur public représente 33 % des réponses, le secteur nationalisé 18 %, le secteur privé 46 %, les organisations internationales 3 %. Les services, pour la plupart, comptent moins de 5 personnes ; dans 15 % des cas, le documentaliste est seul. Ce qui est inquiétant pour l'avenir : pas de débouchés, d'avancement ou de promotion possible. Encore si la profession était reconnue et définie ! Mais on s'amusera (page 16) de la diversité des titres donnés aux documentalistes. La profession ne figure dans aucune convention collective. Et si 40 % de ceux qui ont répondu sont considérés comme « cadres », 8 % seulement sont chefs de service. Ces considérations ne semblent guère affecter les intéressés : près de la moitié exerce depuis moins de 4 ans, et la plupart ne souhaitent pas changer d'emploi.
L'étude des salaires montre des écarts considérables : de 569 à 3.560 F par mois, le salaire médian étant de 1.190 F. Notons qu'un écart de 30 % subsiste, d'une façon générale, entre les salaires masculins et féminins. La moyenne de salaires la plus faible se trouve évidemment dans la fonction publique (1.000 F), la plus élevée dans le secteur privé (1.300 F). Toutefois, ce qui nous a paru le moins poussé dans l'enquête, c'est précisément l'étude des salaires en fonction du niveau de formation. Néanmoins on remarque que les diplômes universitaires font prime sur le marché : le diplôme professionnel seul ne permet guère d'accéder à des salaires élevés. Une formation technique, si sérieuse soit-elle, ne remplacera jamais une solide culture de base.
Y aurait-il intérêt à procéder à une enquête semblable pour les bibliothécaires, et à rajeunir les résultats de celles qui avaient été menées par l'A.B.F. en 1952-53 dans le secteur privé, en 1957-58 auprès des anciennes élèves de l'Ecole de bibliothécaires de la rue d'Assas ? L'essentiel est d'obtenir du Ministère du travail une définition des différents niveaux de la profession.