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    La Bibliothèque-musée de l'Opéra

    Par Martine Kahane

    Fondée par un arrêté du 15 mai 1866, la Bibliothèque de l'Opéra fut organisée par Charles Nuitter, érudit et homme de Théâtre.

    Le Nouvel Opéra était en construction et Nuitter demanda à son ami Charles Garnier de prévoir des locaux pour entreposer les collections de la bibliothèque et des archives et les rendre accessibles au public. La rotonde supérieure du Pavillon des Abonnés fut aménagée à cet effet en salle de lecture et les pièces annexes en magasins. Ces locaux, situés à l'étage des 3e loges côté cour, se révélèrent rapidement malcommodes pour l'accueil des lecteurs. Quatre ans plus tard, en 1882, après de nombreuses démarches administratives, Nuitter parvint à annexer les pièces primitivement destinées à l'usage personnel de l'Empereur Napoléon III. Ces locaux offraient l'avantage d'un accès direct sur l'extérieur par « la rampe de l'Empereur ». Ils comportent une salle de lecture (« rotonde de la Bibliothèque »), flanquée de deux petits bureaux dont l'un sert de salle des fichiers, une galerie latérale (« la Galerie du Musée ») ou sont présentées quelques pièces des collections.

    En 1935, la Bibliothèque-Musée fut rattachée à la Réunion des Bibliothèques Nationales, et, depuis 1942, date de la création du Département de la Musique à la Bibliothèque Nationale, la Bibliothèque de l'Opéra constitue une des trois sections de ce Département. Le Musée est donc le seul établissement de ce type qui dépende du Ministère des Universités.

    Les locaux sont restés pratiquement les mêmes depuis 1882. Certaines pièces annexes, aménagées en magasin, ont été ajoutées, elles sont malheureusement disséminées dans le Théâtre et d'un accès difficile, n'étant pas desservies par des ascenseurs. L'ancienne bibliothèque aux 3e loges côté cour a été transformée en magasin d'archives et de maquettes montées et en salle de restauration.

    Depuis 1669, date de la création de l'Académie Royale de Musique, un fonds de bibliothèque, composé au départ surtout de partitions et de livrets était constitué, ce fonds suivit les divers déménagements de l'Opéra et échappa aux nombreux incendies qui affectèrent le théâtre. Il fut organisé par Nuitter et Théodore de Lajarte à partir de 1862. L'incendie de la salle de la Rue Le Peletier, en 1873, prouva la prévoyance de Nuitter qui avait mis les collections à l'abri dans le Palais Garnier alors en construction.

    Les collections offrent un panorama presque complet de l'activité de l'Opéra depuis le XVIIe siècle, dans les supports les plus divers : partitions, livrets, mises en scène, chorégraphies, affiches, programmes, lettres autographes, maquettes de décors et de costumes, estampes, tableaux, photographies... ainsi qu'un fonds très riche sur l'art lyrique et la danse. Ces fonds sont vivants et en perpétuelle évolution grâce aux achats, aux dépôts du théâtre et aux dons.

    Les collections de maquettes et de décors sont un bon exemple de cet enrichissement constant. Depuis la création de l'Opéra, un dessinateur de costumes fut attaché à cette institution (le premier fut Jean Bérain). Dès l'an XII on conserve régulièrement les maquettes servant au spectacle, et depuis la création de la RTLN une clause du contrat des décorateurs leur fait obligation de déposer leurs maquettes à la Bibliothèque. Au cours du XIX8 siècle, par vente ou par échange, des collections importantes provenant du dépôt des Menus-Plaisirs et du Mobilier National sont venues compléter ce fonds de décoration théâtrale.

    Les estampes sont classées en plusieurs grandes séries : Portraits, Scènes, Costumes, par ordre alphabétique des personnages et des oeuvres. La collection d'estampes est continuée par une collection de photographies, elle-aussi vivante, des photos des productions en cours venant à chaque création compléter les séries.

    Les collections de partitions comportent de nombreuses partitions manuscrites, surtout pour le XVIIIe siècle. Les partitions imprimées ou gravées portent très souvent l'indication des coupures et des changements. Pour tous les ouvrages représentés à l'Opéra les matériels d'orchestre sont également conservés.

    Les collections de livrets, de programmes et d'affiches ont récemment été cataloguées. Deux catalogues, consacrés aux documents illustrés sur le Cirque et aux fonds d'affiches illustrées, rédigés par Mlle Nicole Wild, ont été publiés. Un troisième, consacré aux maquettes de décors, est en préparation.

    Les catalogues sont sur fichier : Auteurs. Oeuvres. Matières Littéraires. Matières Musicales. Autographes Musicaux. Lettres Autogaphes. Périodiques. Livrets. Iconographie : Auteurs Maquettes. Portraits. Estampes. Fonds du Musée. Dessins.

    En complément des collections, un certain nombre de fonds particuliers sont entrés à la Bibliothèque, soit par don, soit par achat. Parmi les plus importants : le fonds Taglioni (papiers personnels, carnets de voyage, cahiers d'exercices, lettres autographes... de Marie Taglioni), le fonds Garnier (lettres, papiers, plans, photos, maquettes sur la construction de l'Opéra), le fonds des Archives Internationales de la Danse (ouvrages. estampes, photographies), le fonds Rouché (don des descendantes de Jacques Rouché, contenant tous les documents relatifs à l'histoire de l'Opéra sous sa gestion), enfin les derniers entrés : le fonds Kochno (ensemble de lettres, ouvrages et photographies sur les Ballets Russes rassemblés par Boris Kochno, secrétaire de Serge de Diaghilev, auquel est venu s'ajouter le dépôt, fait par M. J. de Bestegui, de maquettes de décors et de costumes de cette période) - et le fonds de partitions de la Bibliothèque Musicale de l'Opéra-Comique confié en dépôt par le Théâtre.

    Le personnel de la Bibliothèque se compose de dix personnes : un conservateur, 4 bibliothécaires, un restaurateur, un agent de bureau, 3 magasiniers.

    Le développement que l'art lyrique et chorégraphique a connu ces dix dernières années a largement influé sur les prestations que les lecteurs attendent de la bibliothèque. De ce fait, le secteur documentation s'est beaucoup développé : constitution de dossiers de presse (artistes et oeuvres) à base des revues de presse communiquées quotidiennement par le théâtre, développement du secteur photographique. Les demandes de renseignements par courrier et par téléphone se sont considérablement accrues.

    L'opéra est devenu un bien de consommation pour un public très diversifié dont la curiosité ne s'est bientôt plus contentée du seul spectacle et s'est étendue au livre. Le nombre des lecteurs a beaucoup augmenté, la Bibliothèque accueille chaque mois entre 300 à 400 lecteurs, soit deux fois plus qu'en 1975. Les deux secteurs professionnels les mieux représentés sont ceux de l'édition (en majorité journalistes et documentalistes) et de l'université (étudiants, thésistes, chercheurs, groupes, séminaires...). Tout de suite après vient le secteur des gens de métier, surtout décorateurs et costumiers qui viennent consulter les collections iconographiques.