Documentation

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Question

Documentation est-elle une science?

Réponse

Date de la réponse :  16/07/2020

Vous souhaitez savoir si la documentation est une science.

 

Votre question ressemble à un sujet de devoir livré tel quel. En conséquence, nous nous contenterons de vous indiquer quelques pistes bibliographiques à explorer.
 

Lorsque l'on cherche à savoir ce qu'est la documentation, on rencontre assez rapidement le champ disciplinaire des sciences de l'information, qui constitue une référence théorique pour les professionnels de l'information-documentation.
 

Extrait :

Bien que les prémices du développement de la fonction de documentation apparaissent au cours du XIXe siècle, Paul Otlet et Henri Lafontaine, avocats belges, sont classiquement présentés comme les précurseurs et parfois même les inventeurs de l’actuelle documentation. L’ouvrage essentiel d’Otlet, Traité de documentation (1934), est un élément central dans l’histoire de la documentation et ses techniques. Durant la première moitié du XXe siècle, l’industrialisation entraîne une production d’information intense : par conséquent, des techniques de collecte et de traitement de l’information sont élaborées en même temps que se mettent en place des services de documentation autour de pôles économiques. En France, les premières normes en matière de documentation apparaissent en 1943, et le terme même de « documentation » tend à s’imposer et le documentaliste se distingue toujours plus du bibliothécaire.
Mais c’est davantage après la Seconde guerre mondiale que l’on assiste à un phénomène d’explosion documentaire : l’accroissement du nombre de documents toutes catégories confondues devient exponentiel. Les progrès technologiques, notamment informatiques, permettent aux professionnels de la documentation d’augmenter et automatiser le travail de collecte, traitement et de gestion des données. Dans les années 1970, les « sciences de l’information » apparaissent dans le vocabulaire courant et le premier DESS en documentation et sciences de l’information est créé.
 

 

Extraits (p.122) :

La relation entre la science et la technique est un problème récurrent dans notre champ. L’idée sous-jacente est qu’à toute technique est associée une science, fondatrice, sur le plan théorique et conceptuel, de cette technique. Normalement, il existe d’abord une science créée autour d’un « objet ». Puis vient la technique qui s’appuie sur les apports de la science mère pour justifier ses principes et ses règles propres.

Ainsi la « technique documentaire » serait dépendante d’une science, celle que Yves F. Le Coadic appelle la « documentation » ou la « science du document » [1], celle que quinze ans plus tôt Jean Meyriat proposait d’appeler la « science de l’information spécialisée » [2], celle qui vingt ans plus tôt était pour Robert Escarpit la « documentologie » [3], celle qui pour beaucoup est aujourd’hui identifiée sous l’expression « sciences de l’information ». Nous pensons pour notre part et allons essayer de montrer dans cet article que cette technique est associée non pas à une seule mais à plusieurs sciences, dont la « science de l’information » 

Ces divergences traduisent un double problème : celui de la relation entre une (ou des) science(s) et la « technique documentaire », lequel renvoie fondamentalement à la question de l’« objet scientifique » par rapport à celle de la « fonction technique » et de l’ingénierie ; et parallèlement un problème de terminologie, illustration du premier. Il convient donc d’expliciter les notions de « technique » et de « science », et de chercher parallèlement à mieux définir les notions de « documentaire » et de « science de l’information ».

 

 

Extrait :

On peut se poser la question du lien des bibliothécaires avec la science de l’information. Les bibliothèques sont peu souvent l’objet de recherche universitaire. Pourtant, la recherche, qui exige production et investissement intellectuel, est susceptible de donner une légitimité dont les effets structurent l’identité professionnelle. On peut aussi penser que la visibilité des bibliothèques par la recherche - fondamentale ou appliquée - représente un atout significatif pour les universités. On peut toujours nous rétorquer que le professionnel de l’information, aux prises avec ses difficultés quotidiennes, ne ressent pas la nécessité de s’intéresser à une discipline, quelle qu’elle soit. Ce sont des professionnels qui ont avant tout besoin d’une formation professionnelle. La réponse à leurs préoccupations se trouve la plupart du temps dans d’autres disciplines (histoire, gestion, sociologie...). Devrions-nous dire, de concert avec Calenge, à propos de la documentation, que nous avons-là une « science pratique » à organiser autour d’interrogations concrètes et que la responsabilité de la formation revient aux professionnels, eux-mêmes, et non à des cursus universitaires ?