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Les documents sonores à la Phonothèque nationale

1994
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    Les documents sonores à la Phonothèque nationale

    Par Danièle Branger , Phonothèque nationale

    Introduction

    Le traitement catalographique des docu- ments sonores repose sur le format de description ISBD (NBM) (International Standard Bibliographic Description, Non- Book MateriaD ; 2eédition de 1988, et la norme française Z 44-066 Catalogage des documents sonores, rédaction de la notice bibliographique publiée par l'AF- NOR (2eédition 1988) et INTERMARC, dé- veloppé par la Bibliothèque nationale de France (ex-Bibliothèque nationale). IN- TERMARC est aujourd'hui un format mul- timédia. Il prend en compte tous les types de documents et permet de les cataloguer dans une même base de données.

    La description bibliographique d'un phonogramme apparaît souvent beau- coup plus complexe que celle d'un li- vre : certaines notions lui sont propres et nécessitent un traitement particulier, en raison de la multiplicité des données à décrire, à ordonner et à indexer. Elle doit enfin rendre compte de tous les as- pects d'un document.

    Spécificités des phonogrammes

    Un certain nombre de notions origi- nales telles que la marque (label), les interprètes, le producteur (notions in- connues du livre) et des notions plus spécifiques à la musique tels que les titres uniformes (pour les œuvres mu- sicales classiques), les instruments, les codes de composition (noms de forme ou de genre) ainsi qu'une classification par grands genres, font partie des élé- ments d'information spécifiques aux phonogrammes.

    L'interprète

    (personne physique ou collectivité), no- tion tout aussi importante que l'auteur, figure dans la mention de respon- sabilité.

    La marque

    Les phonogrammes édités sont identi- fiés commercialement par leur marque (ou label), c'est-à-dire par un signe ma- tériel, typographique ou figuratif, qu'une société d'édition donne à son produit pour le faire connaître. Le nom de la marque apparaît toujours sur l'é- tiquette du document ainsi que sur la pochette ou le coffret. En l'absence d'ISSN ou d'ISBN, le couple marque / numéro de référence dans la marque est l'accès privilégié à un phonogramme.

    Le producteur

    Le producteur de phonogrammes est la personne physique ou morale qui a l'ini- tiative de la première fixation d'une séquence de son sur un support. L'au- torisation du producteur de phono- grammes est requise avant toute repro- duction, mise à la disposition du public par la vente, le louage ou la communica- tion au public. Selon l'article 21 de la loi du 3 juillet 1985, le producteur est titulaire des droits sur le phonogramme.

    La mention de protection

    Recommandée par l'IFPI (Institut fran- çais de la propriété industrielle), la men- tion de protection figure aujourd'hui sur tous les phonogrammes édités en nom- bre. Elle indique le titulaire des droits sur l'enregistrement sonore et l'année de première publication de cet enregistre- ment. Cette notion, propre au phono- gramme, est constituée de trois élé- ments : le symbole (P) suivi de la date de première publication et du nom du producteur ou de son ayant-droit. Cette date que reçoit tout phonogramme à sa première édition est conservée pendant cinquante ans pour chaque réédition, quel que soit le support. Cette donnée importante, tant sur le plan de la preuve juridique d'antériorité que sur celui de l'histoire de l'enregistrement, doit figu- rer dans la notice catalographique.

    Le support

    Avec l'évolution des techniques et des modes d'enregistement, l'édition pho- nographique offre d'emblée le choix pour un contenu identique entre diffé- rents supports (disque compact, cas- sette audio, cassette numérique compacte ou DCC, disque vinyl, etc.) La description physique du document pré- cise la nature du support et détermine le matériel de lecture requis.

    La description des parties composantes

    Un phonogramme est bien souvent composé de plusieurs titres qu'il est né- cessaire de décrire à l'unité afin de per- mettre leur indexation, ainsi que leurs auteurs et interprètes.

    Particularités du traitement

    Le catalogage d'un phonogramme doit rendre compte de tous les aspects du document.

    Fichiers d'autorité

    Afin d'assurer la cohérence des informa- tions et pour mieux gérer les accès, un certain nombre de fichiers d'autorité ont été créés. Ces fichiers d'autorité sont nor- malisés: ils permettent de gérer les « formes rejetées - et de renseigner. Ils re- groupent les noms de personnes physi- ques, les collectivités (orchestres, groupes, ensembles, etc.), les marques, les éditeurs, les distributeurs, les produc- teurs et les titres d'œuvres musicales.

    Le catalogueur, tout autant que l'utili- sateur, doit pouvoir interroger indifférem- ment Chostakovitch ou Sostakovic, Berli- ner Philarmoniker ou Orchestre philhar- monique de Berlin, L'Héroïque, la Symphonie no3 ou bien encore l'Opus 55 de Beethoven, Ludwig van. Il doit pou- voir gérer Paul Vérany (forme déposée) et Vérany Paul (raison sociale), 4 + B'Way et 4th & Braodway et faire le lien entre Blue Guitar et Chrysalis Blue Guitar ou bien Gold Seal, RCA Gold Seal et RCA Victor Gold Seal.

    L'interprète fait l'objet d'une indexation particulière dans la notice bibliographique pour permettre notamment la recherche croisée auteur / interprète. Sa fonction est toujours précisée dans la notice bibliographique à des fins de renseigne- ment d'une part, de tri d'autre part.

    Exemple de recherche : des enregistre- ments d'œuvres de Leonard Bernstein dirigés par tout autre chef que lui- même ou Leonard Bernstein dirigeant d'autres œuvres que les siennes.

    Les collectivités interprètes sont traitées comme une entité collective et en cela obéissent aux règles de structure des vedettes collectivités auteurs : nom de la collectivité, localisation (à l'exception des groupes de rock, pop, etc.) et fonc- tion. On accède à une collectivité par son intitulé, ses formes rejetées ou as- sociées et par les membres qui la composent : chef d'orchestre pour un orchestre, chanteur, guitariste, batteur pour un groupe de rock, etc. Des liens inter-autorités permettent de circuler » d'un concept à l'autre, d'un individu au groupe auquel il appartient et vice ver- sa. Des renvois (formes associées) per- mettent de reconstituer l'historique de l'orchestre ou du groupe.

    Les titres uniformes sont nécessaires à l'identification de la plupart des œuvres musicales classiques enregistrées (voir norme Z 44-079 « Forme et structure des vedettes titres musicaux publiée par l'AFNOR, 1993). Le titre uniforme musi- cal est utilisé pour regrouper des œuvres anonymes ou non qui sont pu- bliées sous des titres différents mais dont le contenu est identique. Le fichier des titres d'œuvres musicales est un fi- chier auteur / titre, c'est-à-dire qu'un ti- tre musical est obligatoirement lié à son auteur. L'accès à ce titre se fait par son intitulé ou, si celui-ci n'est pas significatif (sonate, concerto, etc.), par son numéro de catalogue ou numéro d'opus ou en- core par les parties qui le composent (cas des recueils de pièces musicales (Traumerei [Rêverie] = pièce musicale n°7 de « Kinderscenen » [Scènes d'enfants] op. 15 de Robert Schumann) ou des cycles de Lieder (Wohin = 2eLied du cycle « Die Schône Mûllerin » [La belle meunière] de Franz Schubert), etc.).

    Autorités de type « commercial »

    Les notices d'autorité dites commer- ciales » concernent l'actualité de l'édi- tion phonographique. Outre l'iden- tification et la rédaction des vedettes d'autorité et des vedettes rejetées, elles indiquent les raisons sociales, les adresses et les numéros de téléphone des éditeurs, des distributeurs et des producteurs. La structure du fichier d'autorité « Marque permet, pour cha- cune des marques répertoriées, d'affi- cher son éditeur et son distributeur ac- tuels. La notice d'un éditeur donnera les marques éditées. La notice d'un distri- buteur donnera les marques distri- buées. On peut, à partir d'un éditeur, afficher une marque et demander à voir son distributeur pour en connaître l'adresse. Un « historique permet de suivre les changements, les mouvances et les fusions survenus dans le monde de l'édition phonographique.

    Les dépouillements analytiques

    Généralement, le public recherche un ti- tre précis. Quoi de plus légitime et nor- mal puisque les nouvelles techniques permettent l'adressage précis au troisième mouvement ou au dix-huitième titre ! La recherche doit donc s'effectuer sur tous les titres et mots du titre et non unique- ment sur le titre propre ou le titre collectif de l'album ou du coffret.

    Les dépouillements analytiques corres- pondent dans une notice phonographi- que à la description et l'indexation à la plage. La notice principale donne les in- formations communes à l'ensemble du document, les sous-notices de dépouille- ment donnent les seules informations propres au titre traité dans la sous-notice. La structure du format INTERMARC permet de gérer avec précision et pour chaque titre tous les éléments requis permettant d'associer pour chaque phonogramme (selon la définition de la loi du 3 juillet 1985 (1) ) le titre, l'interprète, le producteur et la date de première publication (cf. tableau 1).

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    Tableau 1

    Concept de notices à niveaux

    Le traitement catalographique des pho- nogrammes obéit à la structure logique du document : la notice d'un coffret de deux disques ayant chacun dix plages musicales comprendra une description générique du coffret, des dépouille- ments pour chaque unité physique (dis- ques), des dépouillements analytiques pour chaque plage (cf. tableau 2).

    Conclusion

    Spécificités de la sous-base des phonogrammes

    Toutes les notices de la base BN-OPA- LINE ont leurs points d'accès auteurs / titres musicaux / interprètes / collecti- vités et notions commerciales gérés par des fichiers d'autorité. Certains points d'accès ne donnent lieu qu'à des no- tices très succinctes ne servant qu'à créer des entrées dans l'index alphabé- tique commun à l'ensemble des notices d'un même fichier d'autorité. La présen- tation des notices d'autorité est conforme aux recommandations énon- cées dans les Guidelines for authority and reference entries publiées en 1984 (IFLA, International Federation of Li- brary Associations and Institutions).

    Constituée à partir du logiciel de gestion documentaire BN-OPALINE et fondée sur le dépôt légal (chaque phonogramme édité ou distribué en France doit être dé- posé en deux exemplaires), la sous-base du département de la Phonothèque et de l'Audiovisuel répond au rôle d'une biblio- graphie nationale : description des docu- ments déposés au titre du dépôt légal et gestion des autorités. Elle a pour objectif de servir à la fois les professionnels du disque et de la documentation (produc- teurs, auteurs, interprètes, radios, média- thèques, etc.) et le grand public des ama- teurs de musique, de Patricia Kaas à Karl- heinz Stockhausen.

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    Tableau 2

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    Tableau 3. Autre exemple

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    Tableau 4

    1. La loi du 3 juillet 1985 institue les droits des ar- tistes interprètes, droits voisins du droit d'auteur. Au cours des 50 ans qui suivent la première communication au public des œuvres auxquelles ils ont participé, les artistes et leurs ayants droit peuvent percevoir les rémunérations provenant des utilisations de leur travail enregistré. retour au texte