Décrire selon la même norme des documents aussi divers qu'une estampe du XVIIIe siè- cle, une affiche de cinéma, un abécé- daire ou un drapelet de pélerinage, ou encore une photographie d'Atget... c'est le pari que s'était fixé dès 1986 un groupe d'experts chargé de jeter les bases d'une description biblio- graphique de l'image fixe.
Il restait à rédiger un avant-projet de norme complet et cohérent, compatible avec les normes définies dans d'autres pays, notamment aux États-Unis. Très prochainement disponible, celui-ci de- vrait être diffusé lors de l'enquête pro- grammée au cours de l'année 1994.
Ces années écoulées ont permis de mû- rir et d'affirmer certaines convictions :
Toutefois, certaines particularités pro- pres à l'image méritent d'être signalées.
L'attribution des différentes fonctions est facilitée dans le cas de bon nombre d'estampes anciennes. La plupart livrent dans leur légende ou leurs signatures un ou plusieurs noms d'auteurs suivis d'expressions souvent latines indiquant le rôle de ces derniers : par exemple, fecit, del, pinxit, etc.
Toutes les images n'offrent pas cette fa- cilité d'identification et là encore les do- cuments " non identifiés restent, pour de nombreux fonds, largement majori- taires.
Mais quelle est la véritable spécificité de l'image dite fixe ? Sans doute d'être produite en très grand nombre. Toute l'originalité du catalogage de l'image re- pose dans le choix du traitement adop- té. Si la description de chaque épreuve d'essai d'une affiche de Toulouse-Lau- trec s'impose, ce traitement pièce par pièce découragerait plus d'un biblio- thécaire possédant des milliers de do- cuments iconographiques. Par ailleurs, les images elles-mêmes sont très sou- vent liées à un ensemble : album de photographies, suite d'estampes, livre ou périodique illustré, portfolio, cam- pagne publicitaire...
Choisir de cataloguer pièce par pièce ou par ensemble - qu'il soit factice (lot d'images constitué par un collection- neur, un marchand ou l'établissement possesseur) ou non factice (ensemble éditorial) - c'est choisir chaque fois le traitement qui réalise la meilleure har- monie entre finesse et efficacité de la description.
Le scénario de traitement devra égale- ment tenir compte des options communes à tout autre type de docu- ments, à savoir :
Ainsi pourra-t-on décrire chaque pièce d'une série de façon succinte ou cata- loguer l'ensemble selon une description moyenne, voire minimale...
Ces multiples combinaisons autorisent à la fois une grande souplesse et une richesse dans le catalogage des images. Entre la description la plus complète d'un document et la notice d'ensemble minimale, proche du signalement, cha- que catalogueur fabriquera le scénario' de description approprié à son fonds.
La valeur du document, l'homogénéité des données bibliographiques (auteur, éditeur, date, sujet, etc.) et principale- ment le souci de catalogage partagé se- ront des critères déterminants.
Un autre aspect de la description d'une image concerne son contenu iconogra- phique. Schématiquement, deux mé- thodes s'affrontent : celle qui repose sur un inventaire des éléments visibles de l'image (description) et celle qui définit son sujet (indexation).
Si, traditionnellement, la première est pratiquée par les historiens d'art, les musées et les centres de recherche et la seconde par les bibliothèques et les centres de documentation, bon nombre d'établissements ont adopté un système mixte : interpréter tout en décrivant.
Ce débat est pourtant devenu de plus en plus obsolète : les supports optiques de consultation permettent le « feuille- tage d'un grand nombre d'images et la gestion informatisée du vocabulaire nécessite un gros investissement en contrôle de l'information. Tout ceci in- cite les catalogueurs à limiter leur des- cription.
Les expériences menées par la Library of Congress, la Bibliothèque nationale de France' (au département des Es- tampes et de la Photographie), la Bibliothèque publique d'information montrent qu'il n'y a ni obstacle intel- lectuel, ni obstacle technique à l'utili- sation de vocabulaires conçus à l'ori- gine pour indexer des textes (c'est le cas de RAMEAU dans le domaine ency- clopédique). Cependant, des ajouts de vocabulaire plus descriptif ou des liens plus riches dans le vocabulaire et des adaptations sont toutefois indispensa- bles. Citons le cas des édifices repré- sentés par des centaines ou des milliers de documents, pour lesquels devront être ajoutés des termes plus fins (par exemple, façade) que ceux utilisés pour indexer un ouvrage sur le même bâti- ment.
Enfin, la notion de genre iconographi- que (paysage, scène historique, figure allégorique...) vient compléter le sujet de l'image et représente ici aussi un ac- cès privilégié.
Peut-on espérer partager un jour les res- sources iconographiques (des représen- tations du travail des enfants à la Femme de Putiphar en passant par des paysages de campagne anglaise au XIXe siècle) ? Les bibliothèques doivent met- tre toutes les chances de leur côté en harmonisant leurs pratiques et leur vo- cabulaire. L'enjeu est de taille mais l'objectif accessible ... »
Vue du jardin de la Bastille : où se prome- naient [sic] quelques prisonniers prix du bas de Mr de Launay / dessiné d'après nature le 25 juillet 1789 par Guyot... - A Paris : chez Guyot, 1789. - 1 est. : eau-forte, outils, coul. au repérage ; ov. 12,5 x 15 cm (im.). Inven- taire du fonds français, 357. Scènes historiques - 1789-1799 Paris - Prison de la Bastille - Démolition. Trophées d'armes (ornement)