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    SBN, le catalogue collectif italien

    Par Giovanna Mazzola Merola, Directeur institut central pour le catalogue unique

    En Italie il y a une douzaine d'années les bibliothèques ont commencé à travailler d'une façon nouvelle, à faire de la coopération un moyen de réaliser un réseau informatisé dont le but est l'accès aux informations et aux documents gérés par les bibliothèques qui peuvent ainsi partager leurs ressources... Aujourd'hui le SBN, Service bibliothécaire national, avec son réseau de presque 450 bibliothèques connectées en ligne et un catalogue collectif qui compte 2 500 000 titres (monographies et périodiques), est de facto le point de référence pour les services des bibliothèques italiennes.

    Ce service est l'une des activités de l'ICCU (institut central pour le catalogue unique) qui relève du MBCA (ministère des Biens culturels), et dont depuis l'année dernière j'ai la charge, l'honneur et... la peine d'être le directeur.

    La situation et l'organisation bibliothécaire dans laquelle, pendant les années quatre-vingt, prenait corps le projet SBN, n'a pas eu de changements significatifs. En Italie les compétences en matière de bibliothèques sont, comme aussi en France, partagées entre plusieurs organismes indépendants tant pour le budget que pour la capacité de décision et de programmation. Les principales institutions sont :

    • le MBCA duquel relèvent des bibliothèques très importantes dont celles qui, à l'époque de l'unification nationale, c'està-dire au début de la deuxième moitié du XIXe siècle, étaient les bibliothèques nationales des anciens États italiens ;
    • les universités et le ministère de l'Éducation, avec leurs bibliothèques très spécialisées et qui ont eu la chance d'avoir, peut-être, des budget plus généreux, quoique faibles en ce qui concerne le nombre des bibliothécaires et des autres professionnels;
    • les administrations locales, communes et régions, qui ont pouvoir de financement et de coordination ;
    • les académies, beaucoup d'instituts de recherche et de culture, etc., avec des patrimoines écrits très importants.

    En effet, dans l'histoire.politique et culturelle de mon pays, comme il est bien connu, des événements remarquables pour l'histoire de la civilisation occidentale, aussi bien que des décisions administratives imprévisibles, déterminées par les changements de l'histoire politique italienne de l'époque moderne et contemporaine, ont généré de nombreux centres de vie culturelle et donc des collections de livres publiques, ecclésiastiques et privées : c'est la raison pour laquelle chacune des bibliothèques italiennes peut être considérée souvent un admirable unicum.

    Relevant d'une telle complexité de stratifications historiques et de différents lieux décisionnels, la stratégie d'un service national, le SBN, est fondée sur la coopération de bibliothèques qui restent indépendantes du point de vue administratif et décisionnel, qui partagent leurs ressources pour créer des services de meilleure qualité, et s'appuient sur un usage novateur des technologies de l'information et de la communication.

    Autour de ce but, le MBCA, quelques administrations régionales et des universités, avec le soutien de l'Association des bibliothécaires italiens, ont développé une action focalisée sur des propositions notamment culturelles, plutôt que techniques. Une action qui vise à porter les différentes bibliothèques vers la création d'un réseau national informatisé, qui donne la possibilité d'agréer des priorités dans les choix organisationnels bibliothéconomiques et technologiques et qui conduit, au fil des années, à établir des accords entre différentes administrations. Il va sans dire que tout ça a engendré des problèmes pas faciles à résoudre, après le happy moment du premier enthousiasme du démarrage.

    Donc le réseau SBN a une caractéristique qui le suit au long de son histoire : c'est une initiative totalement publique, comme conception et gestion et tout ça est à l'origine de satisfactions, mais aussi de difficultés dues aux contraintes bureaucratiques des administrations publiques.

    Deux actes d'ententes, en 1984 et 1994 ont été signés entre les trois principaux partenaires du SBN : MBCA, régions, universités.

    Au cours de dix années et se fiant aux ententes et aux buts choisis, les bibliothèques reçoivent des financements publics pour introduire les nouvelles technologies. Des logiciels sont mis en oeuvre pour la gestion de la périphérie et du système central, les professionnels reçoivent une formation spécialisée et vont apprendre à se familiariser avec l'informatique. Le démarrage du SBN a donc eu un effet catalytique et de coordination, qui se répand parmi ceux qui administrent les bibliothèques et bien sûr parmi les bibliothécaires eux-mêmes.

    Les étapes significatives de la croissance du réseau datent de 1985, année où le premier ordinateur est installé à Florence, à la Bibliothèque nationale et 1992 lorsque sont reliées sur le système central les bibliothèques nationales de Rome et Florence. À l'heure actuelle, le réseau est en expansion soit pour les bibliothèques qui travaillent en connexion - presque 450 et ce mois-ci sont en train d'arriver des nouveaux partenaires, parmi lesquels les bibliothèques de Padoue, Naples et Bari - soit pour les notices bibliographiques et localisations qui s'ajoutent au catalogue collectif - on est autour de 2 500 000 titres et 90 000 vedettes auteurs. La typologie et la spécialisation des bibliothèques SBN sont fort différentes. Permettez-moi de vous présenter les principaux partenaires du réseau : les deux bibliothèques nationales centrales - car le défi entre l'ancienne, celle de Florence, et la Bibliothèque nationale Victor Emmanuel II de Rome, n'a jamais été résolu et on a pour cette raison deux lieux de dépôt légal national, les bibliothèques soit historiques, soit universitaires de Milan, Turin, Pavie, Venise, Bologne, Florence, Rome, Palerme et de nombreuses villes moyennes du pays et vous savez que l'Italie est le pays delle cento città, aussi bien que d'institutions culturelles d'importance - à Rome, par exemple, les bibliothèques de l'institut de l'Encyclopédie Treccani, la Fondazione Basso et d'autres institutions sont groupées sur le même ordinateur.

    L'architecture du réseau SBN est du type étoile, le Catalogue collectif à niveau central est organisé autour d'un système nommé Index et la périphérie est composée de bibliothèques qui partagent un ordinateur, les pôles du réseau, au nombre de 31. Dans ces pôles, des logiciels SBN permettent la gestion de plusieurs fonctions du circuit du livre : acquisition, catalogage, cotation, bulleti-nage des périodiques, etc. Ces logiciels ont été développés pour différents types d'ordinateurs et le système central se charge de la jonction entre les applications ; récemment un système UNIX a été mis en place pour le logiciel des pôles et une version renouvelée sera réalisée en 1997. Pour ce qui concerne le réseau physique de connexion, il y a des pôles qui utilisent Garr, le réseau de recherche italien, d'autres le réseau publique Itapac.

    Pour le catalogage et le prêt entre bibliothèques, les logiciels SBN sont reliés au système central et tandis qu'elle produit le catalogage la bibliothèque travaille sur les deux systèmes (central et périphérique) ; c'est ainsi que le Catalogue collectif de l'Index accroît ses informations soit pour les notices bibliographiques, soit pour les localisations dans les bibliothèques du réseau. Lorsque la bibliothèque trouve dans l'Index la notice, celle-ci est portée sur le catalogue du pôle, pour être complétée avec les données de gestion locale et le système Index met à jour les localisations ; le cas échéant, la bibliothèque introduit la nouvelle notice dans la base de l'Index et dans sa base, ainsi la notice est accessible pour le catalogage et pour la demande de prêt. Le catalogage dérivé de données de l'Index est une activité en progression, évidemment : à l'heure actuelle il s'agit de 62 % du catalogage SBN.

    Le développement du réseau et du catalogue Index a poussé aussi quelques bibliothèques à avancer des programmes de rétroconversion de leurs collections. Je veux signaler, parmi les plus importants, le catalogage des éditions du XVIe siècle de la Bibliothèque nationale centrale de Rome, qui va maintenant convertir ses notices pour le XVIIe siècle. Mais un exemple peut être aussi ce qui a été produit grâce aux financements particuliers, pour des fonds bibliographiques du Midi de l'Italie. La Bibliographie nationale italienne BNI est dans le SBN depuis 1958 ; un projet européen a amélioré sa parution aussi bien pour la régularité que pour l'opportunité, ou encore pour de nouvelles séries dédiées aux documents spéciaux. Une sortie sur CD-ROM vient aussi de paraître. La Bibliothèque nationale centrale de Florence va introduire dans le SBN le CUBI, c'est-à-dire les publications italiennes à partir de 1886 et ses périodiques en cours. C'est aussi à partir des notices des livres anciens existant dans la base Index que l'Italie assure sa participation à la base de livres anciens européenne du CERL.

    Pour le système Index des projets sont en cours de développement : le premier vise à améliorer la qualité des données avec un logiciel de monitorage et une liste d'autorité pour les vedettes auteurs ; le deuxième donnera lieu à un OPAC pour l'Index et par conséquent à son accessibilité. De manière expérimentale une visibilité sur le catalogue collectif SBN a été établie sur Internet avec la coopération de l'Université de Bologne.

    Le SBN a été aussi augmenté avec la création de quelques bases de données spécialisées qui en sont à différents niveaux d'exploitation : pour les manuscrits on est en train d'en organiser le catalogage informatisé et un logiciel sur PC a été développé et donné aux principales bibliothèques ; pour la musique manuscrite et imprimée, base qui renferme à peu près 250 000 notices des bibliothèques d'importants conservatoires de musique : Milan, Naples, Rome ; pour la littérature grise, où sont enregistrées les publications relevant de l'institut supérieur de la Santé ; pour la phonothèque nationale ; enfin un annuaire des bibliothèques italiennes, avec des informations sur près de 10 000 bibliothèques, leurs services, leurs collections, leurs catalogues spécialisés, leurs bibliographies.

    Pour faire une remarque finale, l'usage du SBN pour la fonction de catalogage a donné et donne des résultats de qualité, et le Catalogue collectif SBN est devenu un véritable point d'orientation. Par contre, le prêt entre bibliothèques et la circulation des documents sont à un niveau, peu satisfaisant. L'usage des fonctions ILL (Inter Library Loan) n'est pas encore réellement démarré dans toutes les bibliothèques du réseau. La modestie des résultats a différentes justifications parmi lesquelles des dispositions et des règlements très stricts en ce qui concerne l'autonomie financière (dépenses et ressources) ; cela a aussi favorisé le manque d'attention que nous, bibliothécaires, nous avons donné à ces services. Quelques modifications des règlements, qui sont en cours de réalisation et la poussée toujours croissante du document électronique, quoique son organisation technique et légale reste encore à définir, devraient apporter aussi au SBN un renouveau du service. Nous souhaitons qu'il puisse être mis en marche bientôt.

    Le SBN se situe dans une phase où il est nécessaire de consolider la croissance du Catalogue collectif et l'ampleur du réseau, et en même temps faire évoluer les choix technologiques et d'organisation vers de nouveaux services, qui, comme nous le savons tous, sont en continuel renouvellement.

    Bien sûr, j'ai confiance non seulement dans la coopération nationale mais aussi internationale. Le thème que vous avez mis au centre de ce colloque, il faut le mettre en discussion et le pratiquer pour utiliser les ressources dont les bibliothèques disposent et les utiliser au mieux.