Index des revues

  • Index des revues

Le salon multimédia à la médiathèque de Taverny

2000
    ⇓  Autres articles dans la même rubrique  ⇓

    Le salon multimédia à la médiathèque de Taverny

    Par Pascale Deligny, Directeur adjoint BM de Taverny

    Comment, dans une ville moyenne de la banlieue parisienne, avons-nous mis à la disposition du public les nouveaux supports que sont les cédéroms et Internet ?

    La problématique d'une médiathèque publique - et sans annexe à court terme - de 2 000 m2dans une ville de 26 000 habitants résidait dans le rôle qui lui serait imparti et dans son devenir, une fois passé l'engouement de la nouveauté. Dès l'ouverture, nous avons affirmé une volonté de suivre voire d'anticiper l'évolution des nouvelles technologies pour les mettre à la disposition du public. C'est là que se joue l'attrait renouvelé pour la médiathèque et ses collections.

    Adapter au point de vue du public

    Le personnage central dans notre pratique professionnelle est l'usager à la médiathèque : le lecteur, inscrit ou non.

    L'organisation de l'espace et l'installation des collections se sont appuyées sur la mise en valeur du contenu du document, et non pas de son support. Cette prise en compte du document dans une conception multisupport nous a tout naturellement conduits à intégrer les différents supports (livres, revues, disques compacts, vidéogrammes, cassettes) dans un même cadre de classement, c'està-dire la classification Dewey, et dans un même espace représenté par le linéaire ou sa subdivision immédiate, l'échelle d'un rayonnage quand ce n'est pas la tablette.

    L'utilisation de la classification Dewey a demandé quelques modifications de l'organisation thématique qui permettent de faire cohabiter ces supports que l'on avait l'habitude de classer géographiquement dans des espaces séparés et dans un cadre propre au support. Nous avons décidé de regrouper certaines cotes et de simplifier l'indexation en évitant les indices trop longs. Le but est de faciliter la recherche du lecteur.

    Exemple d'une recherche géographique : des documents sur la Corse. L'emprunteur aura différentes réponses, des livres, des vidéos, des CD de musique traditionnelle ; si les documents sont disponibles, il les trouvera dans le rayon géographique à la cote correspondante (914.4, etc.).

    Nous avons aussi tenté de nous approprier une règle qui est apparue avec le classement CODA qui limite l'utilisation d'une cote sur les rayons : un indice ne doit pas représenter plus d'une tablette, d'un rayonnage, sinon il faut créer un nouvel indice afin de respecter cette unité ; de même, il ne convient pas d'alourdir le rayonnage par une multitude d'indices peu usités.

    Préparation technique du bâtiment

    Dès sa conception, l'évolution technique du bâtiment a été prévue et le choix du câblage et des connexions a été effectué en connaissance de cause, de façon à permettre un accès normalisé à tous les réseaux, téléphonique, informatique. Le câblage de type BCS (Building Cabling System) qui avait été retenu a permis depuis 1992 de faire évoluer le système vers un réseau Éthernet puis de porter son débit de 10 base T vers 100 base T (si la suggestion est acceptée au budget 2000).

    On commence par les cédéroms : consultation sur place et prêt

    La médiathèque, informatisée dès son ouverture (mars 1993) avec le système Opsys, a proposé le catalogue de ses collections en consultation sur écran.

    Fin 1994, nous mettions à disposition des lecteurs la consultation sur place de cédéroms, organisant un réseau indépendant : deux tours de 7 cédéroms permettant de les consulter à partir de différents postes répartis dans l'espace public.

    Puis nous avons développé le fonds de cédéroms en prêt direct ; nous en avons actuellement 731, en section jeunesse et adultes.

    Les salons multimédias: un franc succès

    L'essor du produit cédérom auprès du grand public et la poussée d'Internet sur le marché français nous obligent à approfondir notre réflexion sur le multimédia et notre rôle en tant que médiathèque en vue de proposer ces nouvelles technologies de l'information au public.

    En février 1996, du vendredi 16 au lundi 19, nous avons décidé de créer à la médiathèque de Taverny le premier salon des nouvelles technologies, intitulé « Cédérom, Internet : le monde est mon village ». Conférences-débats, démonstrations de cédéroms sur grand écran, stands d'éditeurs électroniques ont été proposés au public et, le lundi, une journée professionnelle a été réservée aux bibliothécaires sur le thème « Technologies et démocratie ".

    Devant le succès de cette manifestation, qui traduisait un réel besoin d'information et une grande curiosité de la part du public, le salon a été reconduit deux autres années de suite. Du 7 au 10 mars 1997, il s'intitulait " Allô le monde ? ici Taverny!... ». L'orientation de ce salon était résolument Internet, et le thème de la journée professionnelle : « Internet, savoir faire et faire connaître ». Le salon recueillait à nouveau un grand succès soulignant l'intérêt porté au réseau mondial.

    Du 6 au 8 mars 1998, le salon continuait sur sa lancée et s'intéressait au thème « Créateurs et nouvelles technologies C'est le dernier que nous avons organisé, considérant que nous avions fait le tour de la question du point de vue pédagogique, d'autant qu'à partir de 1996 nous avions mis Internet en accès public à la médiathèque.

    On se lance dans Internet et on réfléchit

    La question qui se pose alors est : comment mettre sur un seul et même réseau la consultation des catalogues, la consultation des cédéroms et la consultation d'Internet ? Un travail commun avec Opsys nous permet d'intégrer ces services sur un seul écran. L'amélioration du logiciel, le changement de matériel et la mise à disposition de matériel informatique semblable à celui que les usagers ont ou pourraient avoir chez eux, l'utilisation de la souris pour les recherches, tous ces facteurs familiarisent le public avec l'environnement informatique.

    Cette évolution nous oblige à un travail graphique de présentation de la page d'ouverture du site qui offre l'accès aux trois recherches. Le principal souci est la lisibilité, c'est-à-dire éviter les termes trop bibliothéconomiques et privilégier un vocabulaire plus quotidien, éviter un graphisme omniprésent et faire en sorte que chacune des recherches sur les catalogues, sur Internet, sur cédérom, soit évidente.

    L'étape suivante consiste à faciliter pour l'usager le passage d'une recherche à l'autre sans blocage. Les encyclopédies sur cédéroms proposent des extensions avec des liens Internet ; la recherche sur les catalogues de la médiathèque utilise le principe des liens hyper-textes, c'est-à-dire qu'une recherche sur un document va pouvoir s'élargir en cliquant sur le mot-matière ou sur un auteur secondaire.

    Nous décidons dès lors de cataloguer des sites Web que nous avons cherchés et utilisés pour en tester l'intérêt, et de créer lors du catalogage des documents (quel qu'en soit le support) une extension vers un site Web en rapport avec le sujet, permettant donc d'élargir la recherche. De fait, un lecteur qui se trouve devant un écran pour faire une recherche dispose de tous les moyens pour obtenir satisfaction.

    Et maintenant ?

    Toute cette démarche intellectuelle et pratique effectuée par l'équipe de la médiathèque est passionnante. Il nous faut suivre l'évolution des nouvelles technologies et tout va très vite dans ce domaine. Nous évoluons avec le public sur la maîtrise de ces nouveaux moyens de recherche.

    Notre objectif n'est pas uniquement d'être en pointe, de donner une image contemporaine de la bibliothèque, mais surtout d'apporter les moyens d'approcher et d'utiliser les nouvelles technologies à une partie de la population qui, faute de moyens économiques et n'occupant pas le bon créneau socio-culturel, s'en sent exclue.

    Depuis la mise en place de ces nouvelles recherches, nous proposons aux usagers des formations régulières effectuées par les emplois-jeunes. Ces formations doivent aider à dépasser les peurs : de la machine, de bloquer le système, du clavier, de la maladresse dans l'utilisation de la souris, et du regard des autres d'une façon plus générale. Ces blocages dépassés, l'accès à la recherche et son aboutissement dépendent de la présentation des écrans, cette lisibilité sur laquelle nous travaillons sans cesse en fonction des remarques qui nous sont faites et de la disponibilité que nous, professionnels, devons garder pour renseigner le public et l'aider.

    Nous n'exerçons pas de censure sur la recherche, mais nous estimons que notre rôle, est d'avoir un contrôle sur l'affichage des écrans mis à la disposition du public, comme nous ne pratiquons sur la consultation des documents sur place (les bandes dessinées adultes par les jeunes !) ou de l'emprunt de documents adultes par des enfants non accompagnés.

    Nous avons suivi la progression du public dans son utilisation d'Internet. De la consultation de tout et n'importe quoi des débuts, l'important étant de « surfer ", l'utilisation s'est faite moins compulsive, plus raisonnée, et nous constatons à l'heure actuelle des recherches plus ciblées qui répondent à des objectifs précis : recherche de documents de travail mais aussi de loisirs (vacances), d'informations (lecture de la presse étrangère), etc.

    Et l'avenir ?

    Actuellement, nous travaillons sur l'enrichissement iconographique, audio et visuel des catalogues de la médiathèque. Nous voulons que l'usager ait accès à l'image de la jaquette du document ou au sommaire qui peut donner une idée précise du contenu d'un documentaire, à un extrait visuel d'une vidéo ou sonore d'un disque compact. Grâce aux emplois-jeunes, nous devons accéder à cette nouvelle maîtrise technique.

    L'amélioration du service rendu au public passe par la mise à disposition d'une imprimante, voire par la possibilité de décharger des informations sur disquette, sous le contrôle du personnel bien évidemment.

    Le dernier élément, et non le moins important, de cette mise en place des nouvelles technologies de l'information à la médiathèque de Taverny est l'ouverture du site sur Internet. Jusqu'à présent, nous fonctionnions en Intranet, c'est-àdire en réseau interne dans les locaux. Dorénavant, le public peut se connecter de l'extérieur et faire ses recherches de son domicile : les-temps-modernes. org.

    Devrons-nous évoluer à l'image de ces magasins de vente par correspondance, prendre les commandes 24 heures sur 24 et effectuer la livraison à domicile en 24 heures ?