Peu de bibliothécaires connaissent le programme IFLA-PAC. Pouvez-vous en faire une présentation concise et montrer en quoi les bibliothèques peuvent, ou doivent, se sentir concernées par vos activités ?
Créé en 1986, le programme PAC (Preservation and Conservation) est l'un des cinq programmes fondamentaux de l'IFLA (Fédération internationale des associations de bibliothécaires et des bibliothèques). Il a pour mission première de coordonner les actions visant à sauvegarder le patrimoine documentaire des bibliothèques.
Le PAC, c'est d'abord un réseau dont le centre international, implanté à la Bibliothèque nationale de France depuis 1992, insuffle la politique générale et coordonne les actions des différents centres régionaux répartis à travers le monde (Caracas, Washington, Tokyo, Canberra, Moscou et Paris).
Tout comme ses centres, les activités du PAC sont multiples : publications, formation, sensibilisation, normalisation. Chaque centre régional a sa spécificité et développe des activités propres en fonction des besoins de la région. Ainsi, le centre de Paris est en charge de l'Europe de l'Ouest et de l'Afrique, et coordonne dans ces régions la diffusion de l'information et de la documentation.
La revue du PAC, International Preservation News (1) , rédigée en anglais avec des articles ou des résumés en français et en espagnol, est envoyée gracieusement à toute bibliothèque ou à tout professionnel de la conservation qui en fait la demande. Le PAC a publié en 1999 une édition entièrement remaniée (2) de ses principes de conservation : la traduction française est actuellement en préparation.
Toujours dans le domaine des publications, le PAC vient de produire, en collaboration avec la mission de la Recherche et de la Technologie du ministère de la Culture et de la Communication, un cédérom sur la conservation préventive, bilingue anglais-français et largement illustré (3) . Financé par l'Unesco dans le cadre de son programme « Mémoire du monde » ce cédérom sera distribué gratuitement.
Mais le PAC ne se contente pas d'informer ou de publier. Il participe, en collaboration avec le Service de la conservation de la BnF, aux réunions de normalisation de l'Afnor dans deux domaines précis : les conditions de conservation des documents graphiques et photographiques lors d'expositions, et la méthode d'évaluation de l'état physique des fonds d'archives et de bibliothèques.
Il a participé également aux réunions européennes ou internationales d'experts sur l'utilisation du papier permanent, et a tenu une part active dans la campagne de sensibilisation qui a abouti en 1998 à l'adoption d'une résolution par l'Unesco (4) .
En 1996, l'IFLA, l'ICA (Conseil international des archives), l'ICOM (Conseil international des musées) et l'ICOMOS (Conseil international des monuments et des sites) ont décidé de s'unir au sein du Comité international du Bouclier bleu (ICBS) pour la sauvegarde du patrimoine culturel en cas de conflit armé ou de catastrophe naturelle. L'ICBS, qui a repris l'emblème de la Convention de La Haye (1954), a pour mission première de sensibiliser professionnels et pouvoirs publics aux risques menaçant le patrimoine culturel lors de situations exceptionnelles afin d'en minimiser les conséquences.
L'originalité de l'ICBS est qu'il regroupe les différents acteurs et gardiens du domaine culturel afin d'éviter la duplication d'efforts et de moyens, et de bénéficier de l'expérience des autres partenaires. Son action ne sera pleinement efficace que s'il s'appuie sur d'autres instances, comme la protection civile et l'armée, et s'il recherche le concours d'entreprises privées et de volontaires. À terme, le Bouclier bleu devrait ressembler pour la culture à ce que représente la Croix-rouge pour l'humanitaire.
Il convient de travailler à l'échelon national ou local. C'est pourquoi des comités nationaux du Bouclier bleu sont en train de se constituer dans plusieurs pays. Une cellule restreinte comprenant un représentant des bibliothèques (5) , des musées, des archives ainsi que des monuments et des sites prépare les statuts du futur comité français.
Le PAC est naturellement partie prenante de cette initiative et souhaite que tous les collègues intéressés y contribuent en participant à l'élaboration des plans d'urgence dans le cadre de comités locaux.