Il y a quelques années, la Direction des bibliothèques de France, pour répondre aux exigences croissantes de la recherche scientifique en matière de périodiques étrangers, a entrepris l'établissement d'un catalogue collectif de ces publications d'un type nouveau : un inventaire sur fiches des seuls périodiques en cours, mais englobant non seulement les grandes bibliothèques publiques ou universitaires de Paris et de la province, mais un immense réseau d'organismes : bibliothèques et centres de documentation, ignorés ou négligés jusque là. Cet « Inventaire permanent des périodiques étrangers en cours», désigné sous le sigle I.P.P.E.C, a fait l'objet d'une publication en 1956, répertoriant la documentation réunie pour 1955. Une refonte pour 1957 doit en paraître prochainement.
Des périodiques soviétiques figuraient déjà dans l'édition de 1955. Leur nombre, depuis lors, nous dit-on, s'est sensiblement accru, ainsi que celui des établissements qui les reçoivent, ce qui s'explique sans peine par le développement des échanges culturels avec l'U.R.S.S. consécutif à la relative détente internationale de ces dernières années. Mais c'est plus précisément, semble-t-il, sous l'impulsion de l'O.E.C.E. (Organisation européenne de coopération économique), qui recommandait récemment aux pays membres un recensement international des périodiques soviétiques scientifiques, techniques et économiques que la D.B.F. a eu l'idée de publier la présente liste, extrait avant la lettre de l'I.P.P.E.C. à paraître.
L'ouvrage relève 882 titres qui ne se limitent pas aux catégories susmentionnées, mais embrassent toutes les disciplines. Il recense 207 établissements, dont les sigles sont répertoriés en tête de l'ouvrage. En appendice un « supplément », ou plutôt complément, recueille des additions de sigles à des périodiques déjà mentionnés, et quelques titres nouveaux, ce qui témoigne d'un louable souci d'être complet et d'être à jour. Les publications sont classées dans l'ordre alphabétique des titres, journaux et revues ou périodiques irréguliers en une seule série (la mise à part des journaux ne s'imposerait vraiment que s'ils étaient plus nombreux). Une table systématique est prévue pour une prochaine réédition. Les titres, dont les originaux sont pour la plupart en caractères cyrilliques, sont translittérés suivant les normes internationales les plus récentes diffusées par l'A.F.N.O.R. (Le fait que les Russes ont pris l'habitude de noter dans leur propre alphabet celui des langues orientales de l'Union simplifiait la tâche dans le cas des quelques organes en langue kazakh, kirghize, tadzik, uzbek, etc.)
La consultation de la présente liste est ainsi rendue accessible au lecteur non familiarisé avec la langue russe. On envisage de la lui rendre plus intelligible en fournissant des traductions. Cela n'est, à vrai dire, pas indispensable, le vocabulaire que présentent ces titres étant fortement internationalisé. Cela risque de propager la fâcheuse habitude des références traduites, à charge pour les services de renseignements de reconstituer les originaux. D'ailleurs des traductions correctes supposeraient une normalisation préalable de la terminologie propre aux périodiques.
Translittération et transcription des titres ont été pratiquées ici avec un soin d'autant plus méritoire que les rédacteurs sont visiblement peu familiers avec la langue. A part quelques fautes de frappe et quelques fautes de ponctuation, point d'erreurs sérieuses dans les titres russes (une seule modifie le classement : le n° 156 doit être classé parmi les J et non parmi les I), à part un léger flottement dans la translittération de l'ukrainien.
Avant d'en poursuivre l'examen, disons tout de suite que, malgré les critiques formulées plus loin, la publication est appelée à rendre d'indéniables services. L'imposant Catalogue collectif des périodiques en caractères cyrilliques publié par la Bibliothèque Nationale en 1956 ne recense qu'un petit nombre d'établissements et, en attendant sa refonte avec le supplément en préparation, il s'arrête à 1950. Le présent Inventaire (appelons-le l'I.P.S.), ainsi que le dit l'avertissement, doit permettre non seulement de « localiser les périodiques existant » mais encore de « mieux apprécier l'étendue des lacunes et inciter les établissements à y remédier ». Dans quelle mesure satisfait-il à ce double objectif? Ce sera, en définitive, à l'usage d'en juger. En ce qui concerne l'exactitude et l'exhaustivité des recensements, les établissements intéressés sont, à vrai dire les plus qualifiés pour répondre. Quant à la contribution apportée à la détection des lacunes, elle est sûrement loin d'être négligeable. Toutefois des sondages seraient nécessaires pour mesurer l'écart entre la somme de nos collections et l'essentiel de la production soviétique. A s'en tenir au seul critère numérique, on peut mettre en regard nos 882 titres (dont il faut déduire une centaine de journaux, soit 782) et les 2.900 numéros (journaux non-compris) fournis par l'organe officiel d'enregistrement des périodiques de l'Union.
Mais, en marge de ces considérations c'est plus particulièrement à une analyse technique de la structure de l'I.P.S. que nous voudrions nous attacher.
A noter d'abord que le cadre n'en a pas été strictement défini, ni au point de vue géographique ni au point de vue bibliographique. D'où des divergences entre établissements dans l'interprétation de ce qu'il faut entendre par « périodiques » et par « périodiques soviétiques ». Pour le cadre géographique, il n'était pas inutile de préciser la présence, au sein de l'Union, des pays annexés depuis 1939 en vertu du Pacte germano-soviétique : les trois républiques baltiques, Lituanie (Wilno ou Vilnius), Lettonie (Riga), Estonie (Tallinn et Tartu), République Carélo-finlandaise (Petrozavodsk), territoire ci-devant polonais de Lwow, République soviétique de Moldavie (Kisinev, ou Chisinäu). Les titres des publications de ces pays, dont certains semblent avoir conservé leur autonomie linguistique, sont soit bilingues, soit dans la seule langue nationale (cf. nos 106, 173 à 280, 575). En nombre restreint ici, il est probable qu'ils seront mieux représentés dans l'édition générale des périodiques étrangers. Mais il serait souhaitable que la question soit posée et tranchée par des renvois systématiques. L'identification des titres pose, en outre, des problèmes délicats, les traductions russes pouvant recouvrir des titres rédigés dans la langue nationale. Dans le présent recueil même les titres bilingues n'ont pas toujours été identifiés, d'où des doubles emplois [cf. les nos 106 et 273, 180 et 280, 440 et 575).
D'autre part, il conviendrait sans doute de définir plus rigoureusement les limites que l'on assigne au domaine des périodiques. Dans notre liste on rencontre pêle-mêle journaux, revues et publications à périodicité plus ou moins régulière communément englobées sous la désignation de périodiques (type mémoires), de l'autre des titres (en minorité, il est vrai) de véritables collections, ou même des ouvrages à suite [cf. nos 127 : Fauna SSSR ; 420 : Pricernomorje v anticnuju epokhu : 412 : Po sledam drevnikh kul'lur (« A la recherche des civilisations anciennes»); 167-169: Istorija russkogo iskusstva, - russkoj literatury, - lekhniki ; voir aussi nos 9, 18, 97, 313 à 317, 388, 466, 469, 488, 10 bis).
La distinction, il faut l'avouer, n'est pas toujours facile. Le mieux serait de s'en rapporter à la pratique des bibliographes soviétiques. Leurs répertoires de périodiques, en effet, renferment, par principe, également les grandes collections tomées ou numérotées. Quant aux publications « à suite », elles sont d'une part cataloguées avec les ouvrages dans la bibliographie nationale courante, de l'autre dépouillées dans un fascicule spécial de cette dernière. Pourquoi n'imiterions-nous pas cet exemple et ne publierions-nous pas dans une prochaine refonte un Inventaire des périodiques et collections soviétiques?
Sur la détermination des périodiques effectivement en cours, il y aurait aussi quelques remarques à faire. Elle n'est pas strictement applicable aux publications à périodicité très espacée (2, 3 années et plus, comme c'est le cas de nombreux Trudy (Travaux) ou Sborniki (Recueils), ou irrégulière. Même dans le cas des véritables périodiques elle suppose de la part des établissements intéressés une tenue à jour très attentive et une information précise relativement aux changements de titre ou de forme (fusions, scissions, divisions en séries, remaniements de ces dernières, interruptions, etc.). Faute de quoi c'est à la rédaction de l'IP.P.E.C. qu'il incombe de procéder le cas échéant à des vérifications sur les exemplaires, ou à puiser aux sources bibliographiques russes, soit directement, soit par le recours aux spécialistes qui sont en mesure de s'en servir.
Les rédacteurs de l'LP.S. se sont, d'ailleurs très certainement préoccupés de la question, comme en témoignent un certain nombre de renvois d'un titre antérieur à un titre nouveau, ou l'indication d'une division en séries. D'autres leur ont échappé. Les nos 31 et 630 représentent les titres précédemment portés par les nos 34 et 627 et remontant à plusieurs années. A supprimer également les nos 780 et 787, séries périmées des Vestnik Leningradskogo et Moskovskogo universiteta, ce qui a été bien vu au n° 785. Les nos 182, 187, 523 sont ceux de publications suspendues depuis plusieurs années.
Terminons ces observations par un problème de classement portant sur les titres pris en eux-mêmes. Il s'agit du cas des intitulés traditionnellement désignés comme «ne se suffisant pas à eux-mêmes», où le mot «Bulletin», «Mémoires», «Travaux», etc., est disjoint grammaticalement du nom de l'institution éditrice qui le détermine, ce dernier formant en-tête, type : « Académie royale de Belgique. Mémoires». En vertu de considération purement formelles, on a pris l'habitude d'établir ces titres en suivant l'ordre des éléments tel qu'il s'inscrit sur la page de titre, c'est-à-dire comme dant l'exemple ci-dessus. Cet usage régit en particulier le classement de l'I.P.P.E.C. de 1955, où il est rappelé explicitement dans la préface. Usage déplorable, véritable hérésie bibliographique qui aboutit à confondre sous une même série alphabétique le classement par titres et le classement par collectivités éditrices.
Félicitons-nous d'autant plus vivement de voir le présent Inventaire rompre délibérément avec cette coutume et se conformer comme d'instinct à la pratique soviétique en rejetant, au contraire, le nom de la collectivité à la suite du titre proprement dit : Ex. : Bjullelen'. Täskentskaja astronomices.kaja observatorija. Voir des séries d'exemples aux mots Nuukovi zapiski (Mémoires, en ukrainien), nos 361 à 373, Trudy (Travaux), nos 595 à 598, Ucenye zapiski (Mémoires, en russe), nos 736 suiv. Souhaitons que cette heureuse innovation soit retenue par la prochaine édition de l'Inventaire général des périodiques étrangers. Il serait bon, toutefois, qu'alors elle soit explicitement annoncée et justifiée.
Les observations qui précèdent, on le voit, ne sont donc pas toutes d'ordre négatif. Prises dans leur ensemble, elles ne mettent pas en cause une rédaction soignée, qui avait affaire à la fois aux difficultés d'unification inhérentes à tout catalogue collectif et à des difficultés proprement linguistiques. Elles viseraient plutôt une certaine insuffisance de rigueur dans la conception, plus sensible en face de la systématisation et de la planification qui président aux entreprises bibliographiques soviétiques. Espérons qu'elles contribueront à parfaire dans une prochaine édition un instrument de travail dont l'utilité dès maintenant n'est pas contestable.