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Association canadienne des bibliothécaires de langue française. Montréal. - Politiques d'acquisition : principes et applications

1971
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    Par Anne Zundel Ben Khemis

    Association canadienne des bibliothécaires de langue française. Montréal. - Politiques d'acquisition : principes et applications

    Ouvrage en collaboration sous la direction du Comité des publications présidé par Ginette Darbon. - Montréal, A.C.B.L.F., 1970. - 27 cm, 126 p.

    L'Association canadienne des bibliothécaires de langue française a entrepris un programme de publications ces dernières années pour compenser le poids réellement trop lourd de la littérature anglo-saxonne dans le domaine de la bibliothéconomie. Comme le dit Daniel Reicher, dans son introduction, jusqu'au livre de Gertrude Wulfekoetter, Acquisition work, 1961, « il fallait dénicher un chapitre par ci, un article par là et faire la synthèse moi-même à force d'expériences parfois désastreuses, toujours coûteuses... Une erreur en acquisition affecte le budget, sans qu'on puisse escamoter la facture. Le prix de deux livres y passe, celui qu'on voudrait bien cacher, et celui qu'on aurait pu avoir pour le prix de l'indésirable ».

    Cette étude se divise en deux parties : l'une étudie les politiques d'acquisitions par type de bibliothèques, l'autre par types de documents (monographies courantes, ouvrages d'occasion, périodiques et publications officielles). Chaque chapitre est suivi d'une bibliographie, plus ou moins importante. A la fin, vingt-cinq pages sont un guide bibliographique des instruments de travail au service des acquisitions.

    Le ton de cet opuscule est assez sarcastique : on s'y moque volontiers d'habitudes communes au Québec, aux Etats-Unis aussi et pourquoi pas, en France ? Est-ce vraiment l'usage de considérer que toutes les bibliothèques, à l'exception des nationales, « n'existent qu'en fonction de leurs usagers», qu'il faut donc bien connaître ? « Il ne s'agit plus de se bâtir des fiefs imprenables », est-ce vain de le répéter à ceux qui auront à choisir de quoi seront faites les collections de la maison ?

    D'autre part, « faut-il oui ou non avoir une politique du choix de la documentation ? ». Les bibliothèques étant des institutions comme les autres, on ne voit pas pourquoi elles n'auraient pas comme celles-ci des règlements. Sommes-nous donc si différents ou si géniaux pour échapper à ces principes ? ». Effectivement peu de bibliothèques en France, dans l'état actuel des choses, en particulier du point de vue budgétaire, se posent ces problèmes. Mais quand on peut à peine renouveler les abonnements de périodiques les plus urgents, quand on dispose de quoi acheter deux ou trois cents ouvrages, y a-t-il moyen de parler de politique des acquisitions, sinon comme un domaine relevant de la spéculation intellectuelle ?

    Le cadre d'une bonne politique d'acquisition serait de connaître d'abord les fonctions de la bibliothèque, les sujets que doit couvrir la collection, son niveau, de fixer qui a la responsabilité du choix. Il faut ensuite définir quelles sont les modalités du choix en général, pour les doubles et le remplacement d'ouvrages perdus ou endommagés, les collections spécialisées et les différentes catégories de documents (monographies courantes ou anciennes, livres de poche, périodiques et journaux, documents officiels, audiovisuels, manuscrits, livres rares). Enfin il s'agit de déterminer la place des ouvrages de référence, généraux et spécialisés, dans la masse des ouvrages à acquérir.

    Il existe des bibliothèques où le choix des livres ne saurait relever du seul bibliothécaire (bibliothèques universitaires, bibliothèques d'institutions scolaires). « La bibliothèque est devenue partie intégrante de l'enseignement... Nous héritons d'une tradition un peu lourde à porter mais il n'en tient qu'à nous de faire évoluer le système... La mode est à la participation, serions-nous donc toujours à contre-courant ? ». Simplement le rôle de chacun doit être bien clair, quant au bibliothécaire il se devra de collaborer avec les professeurs et le public en général.

    Les techniques de l'acquisition (achat, don, échanges) sont évoquées sans qu'il apparaisse ici d'idées bien nouvelles, quoique l'on rappelle au bibliothécaire qu'une bibliothèque qui paye ses livres est un client comme les autres, que par conséquent elle « a toujours raison » dans ses rapports avec le fournisseur, selon les doctrines commerciales, qu'il ne convient pas de donner à un libraire toutes les commandes difficiles et ennuyeuses sous prétexte qu'il fait bien son métier, et de laisser aux incapables les acquisitions les plus simples, qui sont aussi les plus rentables. Enfin, au bibliothécaire de connaître les règlements douaniers et postaux en usage dans son pays pour que les commandes ne subissent pas de retard de livraison pour ces raisons.

    Vaut-il mieux acheter sur bibliographie ? en ayant vu le livre ? rechercher longtemps des ouvrages épuisés ou bien constituer un fichier des ouvrages utiles mais épuisés ? Dans une bibliothèque universitaire, répartir 90 % ou 25 % du budget entre les différents départements de l'Université, en remarquant qu'il faut au moins un million de volumes plus 75 par étudiant et 200 par licencié suivant les cours de troisième cycle ?

    Espérons que l'A.C.B.L.F. aura l'occasion et les moyens de continuer à publier semblables réflexions. Elle nous rendra service.