Cet ouvrage reprend de façon assez complète les interventions et la substance des débats de la journée d'étude organisée en 1992 par les dix associations constitutives de l'ABCD. L'objet de cette journée était ambitieux : la déontologie, sujet régulièrement évoqué, abordé, analysé, dans les professions des bibliothèques et de la documentation, sans qu'aucun texte d'importance ait jamais pu être proposé et agréé.
Un des intérêts les plus remarquables de cette édition est d'avoir proposé en « annexe un certain nombre de textes déontologiques, souvent d'origine étrangère (Communauté française de Belgique, Corporation des bibliothécaires professionnels du Québec...) auxquels est jointe la Charte des bibliothèques du CSB, bien que celle-ci soit de nature quelque peu différente.
Le corps du volume est consacré aux deux demi-journées du colloque. D'une part, les interventions de MM. Albaric, Braize, Meyriat sur les fondements possibles d'une déontologie du professionnel. Jean Meyriat, ouvrant cette journée, pose effectivement toutes les questions de fond, et en particulier celles liées au statut du professionnel (fonctionnaire public, salarié du privé, travailleur indépendant). Michel Albaric ordonne son intervention dans l'histoire du mot et du concept de déontologie, notion hybride au confluent de plusieurs disciplines (morale, droit, sociologie). L'intervention de François Braize (juriste au ministère de la Culture) vient en appoint et tente de repérer l'existence et l'effet selon les professions qui les ont construits, de codes de déontologie et de la façon dont ils structurent une profession (professions libérales en général). Il attache une importance toute particulière au fait que ces dispositifs soient ou non reconnus par l'autorité publique.
D'autre part, le compte rendu nécessairement résumé des débats autour d'« études de cas présentés par des professionnels à partir d'exemples réels. Où l'on se rend compte de la difficulté de mettre en application quelques-uns des principes simples exposés dans des textes, ou dans des tentatives d'explicitation de ces principes.
Il m'a semblé qu'un des problèmes sous-jacent à toutes les discussions sur cas spécifiques était celui de la mission du service par rapport à un public / des publics / tous les publics. Revient régulièrement le problème de l'appropriation par un groupe (restreint ou plus large) d'une information, de sa mise à disposition de tous - ou d'un nombre limité de personnes - sur des critères décidés par l'employeur (qui peut être le chef d'entreprise, ou l'élu d'une collectivité).
Dans tous les cas, se trouve certainement le problème d'une définition claire des missions du service : service public, au service de toute la collectivité ; service privé, au service de l'entreprise, qui est aussi l'employeur du documentaliste. Peut-être la pierre d'achoppement de la définition d'une déontologie commune au documentaliste et au bibliothécaire est-elle là ? En tout cas, cette journée d'étude - et ses actes opportunément publiés - nous donnent l'occasion, l'obligation, d'y réfléchir à nouveau.