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La base "image" des collections spécialisées de l'Ecole nationale supérieure des beaux-arts (ENSBA)

1998

    La base "image" des collections spécialisées de l'Ecole nationale supérieure des beaux-arts (ENSBA)

    Micromusée

    Par Catherine Donnellier, Service des collections de l'ENSBA

    Les collections spécialisées de l'ENSBA : historique et descriptif

    L'histoire des collections est liée à celle de l'Ecole. Il s'agit d'abord des collections de l'Académie royale, dont l'Ecole avait partiellement hérité. D'une grande variété, elles comprenaient les archives et les inventaires de l'Académie de peinture et de sculpture, des dessins offerts aux Académies ou les projets soumis à leur agrément, les modèles et les moulages rassemblés à des fins pédagogiques, les oeuvres primées aux concours mensuels, et les séries des concours de peinture. Puis à partir de 1862 (date de la fondation de la bibliothèque), y ont été agrégés les fonds réunis comme source de documentation et de modèles pour les élèves architectes peintres et sculpteurs. L'éclectisme caractéristique de cette époque entraîne la diversité des sources d'inspiration. La variété de l'iconographie est donc une des spécificités de ce fonds qui (en dehors des ouvrages) regroupe des estampes, des manuscrits, des photographies et des dessins. Enfin, comme les bibliothèques des anciennes académies, elle a la mission de conserver les oeuvres primées aux concours du grand prix de peinture, sculpture et architecture et aux différents concours mensuels organisés par l'école qui deviennent des modèles de référence pour l'enseignement.

    Outre les souscriptions ou crédits alloués par le ministère de tutelle, la bibliothèque va bénéficier de très nombreuses donations. Les anciens élèves ou professeurs et leurs familles sont les donateurs les plus importants ; très attachés à l'Ecole, ils veulent faire profiter leurs jeunes condisciples de leurs oeuvres ou collections.

    Citons, à titre d'exemple :

    • Edouard Gatteaux, grand prix de gravure en 1809, qui fait un très important don de tableaux, dessins, photographies, marbres et bronzes en 1883.
    • La donation de la veuve de Joseph Lesoufaché (1889), architecte et bibliophile, qui enrichit considérablement les collections. Elle comprend plus de 30 000 estampes d'architecture et d'ornement et près de 900 dessins d'architecture. La donation de la veuve de Charles Garnier (1898) qui fait entrer dans les collections des dessins, des carnets de croquis, des photographies ainsi qu'une partie de sa correspondance avec les artistes de son temps.

    Les amateurs et collectionneurs ont également été très généreux pour la bibliothèque. En 1867, la donation de Charles Horace His de La Salle enrichit le fonds de dessins des collections de l'Académie royale. Par la suite, beaucoup de collectionneurs auront à coeur d'accroître ces riches collections graphiques, et parmi eux il faut faire une place particulière à Jean Masson, industriel et collectionneur amiénois, qui fait don en 1925 de l'ensemble de ses collections dont il organisera lui-même l'inventaire. Enfin, en 1987 est arrivée la très belle collection de dessins français du journaliste d'origine hongroise, Mathias Polakovits.

    Ces collections se répartissent de la manière suivante :

    • ­ lés estampes représentent un ensemble d'approximativement 100 000 pièces ;
    • les 70 000 photographies datent principalement de la période 1850-1914. Montées autrefois en reliures mobiles, elles étaient classées thématiquement avec les dessins et les estampes. Il existe un fonds de reproductions de peintures et de sculptures, mais le fonds topographique est le plus original, il comprend des tirages d'Eu-gène Atget, d'Edouard Baldus, de Charles Marville et de Charles Nègre pour l'architecture française ainsi que de nombreuses épreuves concernant l'Italie, la Grèce, l'Egypte, le bassin méditerranéen et le Moyen-Orient.
    • Une série des dessins scolaires des XLXe et XXesiècles. Parmi ceux-ci, environ 3 000 concernent la peinture et la sculpture (perspectives, figures dessinées d'après l'antique et d'après le modèle) et 20 000 les concours d'architecture (concours de Rome, envois, concours mensuels).

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    Interfaces de consultation

    • - Les dessins de maîtres dont le noyau initial est constitué par les collections de l'Académie, large panorama de l'étude du nu aux XVIIe et XVIIIe siècles, auxquelles vinrent s'ajouter environ 9 000 pièces provenant des diverses donations de His de La Salle à Mathias Polakovits, et parmi elles des pièces exceptionnelles.
    • Des dessins d'architecture. Ce fonds se compose d'oeuvres provenant de l'Académie royale, auquel se sont ajoutées les collections Lesoufaché et Masson consacrées à l'architecture et à l'ornement, puis des fonds d'architectes du XIXesiècle, souvent en relation avec leurs voyages d'étude (Jules Laurens en Perse), soit au total plus de 10 000 pièces.
    • La série des manuscrits est constituée par les archives de l'Académie de peinture et de sculpture (près de 1 000 pièces). A ce fonds s'est ajouté un certain nombre de pièces concernant la vie de l'Ecole et la vie artistique du XIXesiècle (correspondance Garnier, papiers de David), ainsi que 300 manuscrits à peinture provenant de la donation Masson.
    • La collection de peintures et de sculptures, regroupe les séries scolaires, Prix de Rome et concours divers du XVIIIe siècle à 1968, soit environ 3000 oeuvres. S'y trouvent également, quelques oeuvres des anciennes Académies, ainsi que des éléments d'architecture provenant de l'ancien musée des Monuments français d'Alexandre Lenoir et réutilisés par Duban pour décorer la nouvelle Ecole des beaux-arts.

    Soit un total d'environ 200 000 oeuvres.

    L'accès aux collections

    Les outils existants

    Les outils de recherches étaient très disparates.

    Pour les manuscrits, il s'agissait essentiellement du Catalogue des manuscrits de la Bibliothèque de 1 Ecole des Beaux-Arts par Maurice Bengy-Puyvallée édité à Paris en 1908, inventaire sommaire du fonds des anciennes Académies et des pièces entrées au cours du XIXe siècle. Ce catalogue était complété par un fichier alphabétique incluant les pièces entrées après 1908.

    Pour les dessins, nous possédions des inventaires détaillés à la pièce indiquant : le numéro d'inventaire, l'auteur ou l'école, le titre, les dimensions, le numéro de prise en charge, l'origine et la technique.

    Ces inventaires furent plus ou moins dépouillés systématiquement pour constituer un fichier alphabétique dont les fiches reprenaient les informations de l'inventaire, complétées parfois par la mention du lieu de conservation et par une imagette en noir et blanc. Il existait des fichiers manuels anciens pour les peintures et les sculptures de l'ancienne Académie.

    Pour les collections scolaires nous disposions de registres chronologiques par type de concours indiquant dans le meilleur des cas, l'année du concours, le titre, l'auteur, le type de prix, et le numéro de prise en charge, sans indication de dimensions et de technique.

    Pour les photographies et les estampes, il n'existait rien de plus que le registre de prise en charge, très souvent rédigé en lot où parfois 2 à 3 000 pièces se retrouvent sous un seul numéro de prise en charge.

    Il était donc nécessaire de constituer un catalogue sommaire informatisé renvoyant à l'ensemble des oeuvres.

    1990, projet d'informatisation des collections, le choix du logiciel Micromusée

    Si on se réfère au cahier des charges établi à l'époque, on constate que ce projet d'informatisation devait répondre à plusieurs objectifs :

    • 1. Constituer un inventaire à la fois administratif et scientifique des collections spécialisées.
    • 2. Assurer la gestion de la circulation des oeuvres.
    • 3. Améliorer la recherche.
    • 4. Récupérer et produire des notices en format d'échange MARC, car il était prévu, à la fois, de récupérer des notices pour les oeuvres multiples et de verser nos notices dans JOCONDE et CARRARE.

    Enfin, dès sa conception, on prévoyait d'inclure au projet une base images sous la forme d'un vidéodisque.

    A l'époque, peu de logiciels documentaires pouvaient répondre à ces critères de sélection.

    Seul ou presque sur le marché, le logiciel de gestion de collections MICROMUSÉE, de la société MOBYDOC, était suffisamment paramétrable pour permettre de traiter des supports aussi divers que nos collections, et de faire conjointement du catalogage en lot, du catalogage sommaire ou détaillé.

    Par ailleurs, ce logiciel avait été conçu par des professionnels de la documentation pour le traitement des collections spécialisées et était remarquable par sa simplicité d'utilisation.

    Calendrier et bilan

    L'informatisation commença en mai 1992, en monoposte sur un tandon 386. En 1994, la base fut mise sur un réseau de 2 postes.

    Actuellement nous avons une licence réseau de 8 postes, ce qui permet à chacun d'avoir accès à la base depuis son bureau.

    En 1994, la société Mobydoc a commercialisé un module de pilotage d'images numériques issues de CD photo. Après une série de tests positifs, nous l'avons installé en juillet 1995. En juillet 1997, nous avons transféré la base sur une version Windows du logiciel qui assure une meilleure ergonomie de la saisie, un enrichissement de la recherche et la gestion des images.

    Cette version du logiciel étant plus lourde à gérer, nous avons dû considérablement améliorer notre parc d'ordinateurs, aujourd'hui constitué de 6 pentium.

    A ce jour, la base contient environ 42 000 notices et 4 000 images numériques.

    Méthode et place de MICROMUSÉE dans la vie du service

    La constitution de la base

    Nous avons choisi de constituer notre base sans retour au document original, en faisant de la saisie «au kilomètre", à partir des inventaires et fichiers existants, ce qui a permis d'avoir très rapidement un outil utilisable par le public.

    A l'heure actuelle, nous avons terminé le travail de saisie rétrospective des inventaires et fichiers existants. Désormais, la base est enrichie de plusieurs façons :

    • Par un inventaire pièce à pièce à partir de l'oeuvre originale, pour les estampes et les photographies. Cet inventaire informatique sert d'ailleurs d'inventaire officiel pour les pièces qui n'ont jamais été inventoriées.
    • Au gré des mouvements d'oeuvres (exposition, restauration, mise en dépôt), ajout de précisions formelles (dimensions, inscriptions, état de conservation) ou documentaires à partir du catalogue d'exposition.

    Parfois même, systématiquement en dépouillant les archives, ce qui a été fait pour les dossiers de prêt et les dossiers individuels des architectes de l'époque contemporaine.

    L'utilisation de MICROMUSÉE

    Parallèlement à son utilisation comme logiciel de recherche documentaire, MICROMUSÉE, grâce à sa fonction d'exportation dans Word et Excel nous permet d'éditer des listes (inventaire officiel, liste de prêt) et des notices de catalogue. Il suffit de paramétrer les champs que nous voulons retenir.

    Présentation de MICROMUSÉE

    Principes généraux et structure du logiciel

    MICROMUSÉE met en oeuvre plusieurs listes d'autorité. Ces listes d'autorité peuvent être :

    • Des fichiers simples, comportant une liste unique de termes, exemple le fichier lieu.
    • Des fichiers multiples ou fichiers multithésaurus, pouvant être divisés par l'utilisateur en plusieurs sous-fichiers, exemple: le fichier des personnes divisé en auteurs, exécutants, collectionneurs.
    • Des tables de référence qui permettent de gérer un vocabulaire quasi fermé.

    La constitution d'une notice s'effectue en allant rechercher l'information contenue dans ces différents fichiers, ou en la créant. Chaque indication créée dans une liste d'autorité l'est une fois pour toute.

    Il existe aussi des zones de texte libre, notes ou observations, interrogeables dans la nouvelle version du logiciel sous WINDOWS.

    Le travail de saisie se fait le plus souvent par duplication d'une notice existante.

    Le module image

    Notre base image provient de la numérisation des documents conservés par notre service photo (environ 20 000 images) essentiellement des négatifs noirs et blancs, des ektachromes et des diapositives.

    Nous sous-traitons la numérisation des images à la société Kodak Images service qui nous fournit des images numérisées sous forme de CD photo de 100 images chacun.

    Le module image permet de charger les images sur notre réseau, de leur donner un numéro d'identification, de choisir la définition de l'image (parti pris du choix d'une définition moyenne de l'image résolution 256/384, 256 nuances de gris ou 256 couleurs, affichage 1/4 d'écran) et de découper l'image.

    Le travail de chargement s'effectue en lot, il est très rapide. Il faut ensuite effectuer le lien entre chaque notice et son image numérique, cette manipulation se fait sous WINDOWS en appelant la table des images et en associant l'image à l'oeuvre. Notons que ces liens restent enregistrés et que l'on peut retravailler l'image sans les effacer.

    Nous avons actuellement chargé environ 4 000 images numériques, nous allons continuer ces campagnes de numérisation à partir de CD photo pour tout le rétrospectif et nous envisageons d'acquérir un scanner qui nous permettra de charger des images au coup par coup -, en fonction des réalisations du service photo.

    0 A. Jacques. La bibliothèque de l'Ecole nationale supérieure des beaux-arts in Patrimoine des bibliothèques de France ; t.1 Ile-de-France, Ed. Payot, 1995.