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Dix siècles d'enluminure et de sculpture en Languedoc

1955
    Par J. Y.

    Dix siècles d'enluminure et de sculpture en Languedoc

    Dix siècles d'enluminure et de sculpture en Languedoc. - VIIe-XVIe siècles Toulouse, Musée des Augustins, 1954-55. Exposition organisée par la Bibliothèque Municipale, la Bibliothèque Nationale et le Musée des Augustins [Catalogue].

    Après Arras, Bourges, Tours, Dijon, Limoges et Rouen, Toulouse apporte sa contribution à la connaissance des études régionales de peinture. Tout le Sud-Ouest de la France, groupé autour du noyau languedocien, est présent à cette exposition qui couvre tout le moyen âge.

    C'est à l'époque romane que l'originalité de ces pays éclate le mieux. L'art mérovingien n'y a qu'une part très modeste. A l'époque carolingienne, la région témoigne de l'influence de Tours, retransmise par Limoges. La première création proprement languedocienne, on la trouve, aux environs de l'an 1000 dans le Lectionnaire de Moissac, dont l'influence, au contraire du précédent courant, se fera sentir à Limoges et à Tours. La grande période de l'enluminure languedocienne, c'est surtout le XIe siècle : il n'est que de regarder les dates des manuscrits exposés, qu'ils sortent des Scriptoria de Moissac, Albi, Figeac, ou de Narbonne et du Roussillon, ou de Bordeaux et de Saint-Sever, dont les visiteurs de l'exposition auront pu contempler avec ravissement les magnifiques peintures de l'Apocalypse.

    Les oeuvres languedociennes de style gothique reflètent l'influence de la France du Nord et de l'Italie, ou plutôt de Bologne. Style français et style bolonais se partagent l'illustration des manuscrits: l'« histoire» révélant une main de formation française, la décoration adoptant les encadrements et les coloris bolonais. Au milieu de ces oeuvres, les Annales Capitulaires de Toulouse dénotent un caractère local marqué. Au XVe siècle, les écoles françaises de Paris, du Centre, de la Loire, dominent seules, toute influence italienne ayant disparu.

    L'exposition est installée au Musée des Augustins. Nul autre endroit ne pouvait convenir mieux. A côté de l'enluminure, la sculpture languedocienne devait figurer en bonne place. On en connaît, surtout pour l'époque romane, la qualité et l'importance. Emile Mâle, dès 1892, révélait ce qu'elle devait à l'enluminure. L'on sait quelle inspiration les auteurs des chapiteaux de la Daurade ont prise dans la Bible d'Avila, du XIe siècle.

    Voilà encore un des fruits des recherches et des études méthodiques de M. Jean Porcher. C'est un pas de plus vers le Corpus des peintures de manuscrits, dont l'histoire ne pourra s'écrire que grâce à ce travail. Félicitons M. Maurice Caillet d'avoir organisé cette exposition.