Index des revues

  • Index des revues
    ⇓  Autres articles dans la même rubrique  ⇓

    La 55e conférence de l'IFLA

    Séance d'ouverture

    Par Hans Peter Geh
    La réception au musée du Louv re restera dans la mémoire des congressistes comme un desi plus beaux moments de la Conférence de Paris : majesté du décor, qualité des buffets, convivialité des tables dispersées sous la Pyramide, apéritifs ou entremets ponctués par la visite de l'enceinte de Philippe Augusite. Mais la séance d'ouverture a aussi frappé, par ses fastes, tous ceux qui ont eu la chance cd'y participer : décor de scène grandiose, fleurs, musique, discours, ambiance chaleureused'une salle comble

    Il appartenait à Hans-Peter Geh, président de l'IFLA de prononcer l'allocution d'ouverture. Après s'être réjoui de l'importance et de la diversité des délégations présentes, il s'est plu, en cette année du bicentenaire, a analy- sé "quelles sont les grandes idées et valeurs porteuses d'avenir qui sont nées dans le contexte de la Révolu- tion française et qui peuvent avoir aujourd'hui une signification pour l'IFLA". Liberté, égalité, fraternité : nous reprenons ici les principaux passages de son discours.

    Liberté

    Le patrimoine littéraire mondial illustre la libre circulation des idées et des sentiments et celle-ci conduit à un échange culturel croissant et un processus de rapprochement fruc- tueux. De ce point de vue les biblio- thèques jouent, partout dans le monde, un rôle exceptionnel en tant qu'inter- médiaires et dépositaires de la cul- ture...

    Dans ce contexte la politique de l'IFLA a toujours été de s'engager pour un courant d'information libre et sans entraves. En outre l'IFLA défend constamment le libre déve- loppement des bibliothèques dans tous les pays et milite avec toute son énergie pour l'édification de la bi- bliothéconomie internationale dans un esprit de compréhension entre les peuples...

    Egalité

    L'égalité c'est tout d'abord l'égalité devant la loi. Si on applique cette idée à notre fédération internatio- nale, la question se pose immédiate- ment de savoir ce qu'il en est de l'égalité des chances entre nos membres. Certes tous les membres ont les mêmes droits et les mêmes devoirs, mais ont-ils aussi les mêmes possibilités de participer au travail de l'IFLA ? Nous entendons sans cesse des collègues, surtout ceux des pays du Tiers-monde, nous répéter que, pour des raisons financières, ils ne peuvent pas prendre part à nos conférences générales, à nos sémi- naires, aux séances des comités per- manents, etc. Nous devons donc nous efforcer de lever les obstacles finan- ciers par des mesures efficaces. Il nous faut sortir de la pure commu- nauté d'intérêts pour devenir une communauté solidaire, afin d'accor- der, dans les années à venir à chacun les mêmes chances dans notre orga- nisation mondiale...

    Et qu'en est-il de l'égalité des chan- ces d'utilisation des Bibliothèques ? Nous sommes là confrontés au grand problème de l'analphabétisme, non seulement dans les pays du Tiers- monde, mais aussi, et de façon crois- sante, dans les pays industrialisés. Lutter contre cette situation doit être notre plus proche objectif. J'espère beaucoup que le pré-séminaire qui s'est tenu sur ce thème, la semaine passée, aux environs de Paris, pourra nous indiquer les moyens à mettre en oeuvre et les voies à suivre. En ce domaine, nous allons également au sein de l'IFLA appuyer de toutes nos forces l'UNESCO qui proclamera 1990 "Année internationale de l'al- phabétisation". Car la lutte est d'au- tant plus urgente que seul celui qui sait lire et écrire n'est pas contraint à la situation humiliante d'un être mineur et dépendant... Laissez-moi également insister sur les problèmes et les intérêts de ceux qui, à cause d'un handicap physique, ne peuvent utiliser nos bibliothèques d'une façon normale. Ces femmes et ces hommes défavorisés ont tout particulièrement besoin de notre at- tention et de notre soutien....

    Fraternité

    Lorsque pour les besoins de l'IFLA on a la chance de voyager chaque année dans le monde entier, on res- sent les bienfaits de la collégialité et de l'amitié entre nos membres. Par- tout on rencontre les mêmes intérêts professionnels, partout les bibliothé- caires ont à coeur d'accomplir au mieux leurs multiples tâches même si, bien sûr, les conditions varient d'un endroit à un autre.

    Notre objectif à nous, bibliothécai- res, c'est de contribuer par notre action à donner à chacun les mêmes chances de s'informer afin qu'il en résulte une émulation pacifique tout autant à l'intérieur de chaque pays qu'entre les peuples. Dans ce con- texte, la fraternité doit être comprise comme une "liberté" responsable et non repliée sur elle-même, dans la- quelle s'abolissent les tensions entre la société et l'individu, entre les peuples. Le sentiment d'humanité, un facteur essentiel de la fraternité, doit donc être une force qui nous guide dans le présent et le futur, pour servir la cause du genre humain. Et pour cela de bons livres, en tant que"humanité imprimée" peuvent être les auxiliaires qui conviennent. ... Bien souvent la littérature ne peut obtenir grand chose, car elle n'est pas en mesure de remplacer la politique. A cela s'ajoute qu'actuellement, les grandes actions politiques ne procè- dent que rarement de l'Ecrit, mais bien plutôt de l'environnement tech- nologique et de l'influence supposée des massmédia. Mais la littérature est capable d'agir sur les consciences et ainsi d'établir des règles. En outre, elle est la grande mémoire du genre humain que les bibliothèques se trans- mettent de générations en généra- tions et par conséquent, elle est le patrimoine intellectuel de l'humani- té....

    Afin d'atteindre aux idéaux de la Révolution française, on pourrait s'en remettre aux principes de l'espérance, comme beaucoup de penseurs de notre temps. Cependant, chers collè- gues, ne nous contentons pas d'espé- rer, mais soyons les émules d'Albert Camus, Prix Nobel de littérature, qui disait : "On ne doit pas se contenter d'espérer, il faut aussi agir". Cela devrait être notre maxime dans le monde actuel.

    La journée "portes ouvertes" à l'UNESCO

    Le 25 Août le PGI (programme géné- ral d'information) invitait les partici- pants de la 55° conférence de l'IFLA à une journée "portes ouvertes" à l'Unesco, journée qui s'est terminée en fin d'après-midi par un intermède musical suivi d'une réception. Aupa- ravant Eric de Grolier a prononcé une conférence fort remarquée sur "l'Ere des révolutions et les nouvel- les missions des bibliothécaires". Nous signalons à tous ceux qui sou- haiteraient lire cette conférence que l'Unesco vient d'en publier le texte intégral dans un numéro spécial d' Unisist Newsletter (Spécial édition 25 August 1989).