La Section des Bibliothè- ques d'Art de l'IFLA a prouvé son dynamisme en organisant, moins d'un an après son colloque de Florence, une pré-conférence qui a attiré, du 16 au 19 août, deux cents participants de vingt nationalités.
Le thème général ayant été abordé sous des aspects historiques ou docu- mentaires, l'exploration inédite de quelques fonds d'archives spéciali- sés présenta un réel intérêt, soutenu par une incursion dans le domaine de l'héritage culturel religieux. Le sec- teur de la mode, plus novateur, ac- compagné d'une attrayante icono- graphie, sut capter la curiosité du public.
Le thème : «Les médias traditionnels dans l'économie des bibliothèques d'art : illustration du patrimoine cul- turel», abordé lors de la conférence générale par la section, permit d'élar- gir encore le sujet de l'accessibilité aux images. Sous la présidence d'Alain Erlande-Brandeburg, Ad- joint au Directeur des Musées de France, les interventions de Michel Melot, de Maître Jean Martin et de Hiroyuki Hatano, donnèrent lieu à des débats animés et brillants sur les nouvelles techniques de communi- cation dans les bibliothèques, les droits nationaux, les enjeux écono- miques et le nouvel équilibre à trou- ver.
Le programme comportait des visi- tes professionnelles aux centres de documentation du Centre de Créa- tion Industrielle, du Musée National d'Art Moderne et à la Bibliothèque Publique d'Information, ainsi que des visites-conférences au Musée d'Or- say, à l'Institut du Monde Arabe et, à Chantily, au Musée Condé et au Centre culturel des Fontaines.
Des «activités sociales et culturel- les» eurent lieu grâce à des parraina- ges d'une grande générosité. Le plus inattendu pourrait être celui de Ken- zo si l'on ignorait que sept communi- cations sur le thème de la mode avait légitimé un recours à la Fédération Française de la Couture.
Pendant les deux journées consacrées aux bibliothèques d'art, plusieurs vidéodisques liés à des collections d'art ont été présentés : «Arts du costume» présentant les collections du XXe siècle du musée de la Mode; "Images de la Révolution" constitué à partir de 38 000 estampes de la Bi- bliothèque nationale. Ce dernier, consultable avec deux écrans, l'un pour l'image vidéo, l'autre pour la base de données, a particulièrement intéressé les congressistes, car il permet avec l'aide d'un clavier la navigation ou la recherche multicri- tères, mais aussi une sélection d'ima- ges et l'annotation des notices, of- frant à l'utilisateur les possibilités de traitement de 1 ' information qu'il peut aujourd'hui attendre d'un vidéodis- que couplé à une configuration élec- tronique ; "Une journée au Louvre"; le Vidéocatalogue du ministère de la Culture qui regroupe dix-sept collec- tions de différents départements de ce ministère ; "Beaux-Arts" du Cen- tre Georges Pompidou ; "Le musée Condé" et "Les Très Riches Heures du duc de Berry" produits par l'Insti- tut de France et Dejoux/Savel Pro- ductions ; "Mémoire d'images en Poitou-Charentes" présenté pour la première fois par ABCD (Associa- tion des Bibliothèques et des Centres de Documentation en Poitou-Cha- rentes); les collections du musée des Beaux-Arts de Nîmes et "Images d'Indochine", maquette comprenant un échantillon des collections de l'Ecole française d'Extrême-Orient dont le projet final est de présenter 25 000 photographies du Vietnam.
La qualité des images vidéo toujours opposée à celle des diapositives était au coeur des préoccupations, pour- tant celle-ci a plutôt bien passé l'épreuve de la projection sur grand écran. Mais il a surtout été question des niveaux d'utilisation des vidéo- disques. En effet, si les participants ont pu échanger leur expérience des différents logiciels d'interrogation disponibles sur le marché, ils étaient très enthousiastes quant à la possibi- lité de simplement feuilleter un très grand corpus d'images. Même avec un simple catalogue papier compor- tant les numéros d'images, la sou- plesse et la rapidité d'accès optimale qu'offre actuellement le vidéodisque en fait - ce aue l'on a pu constater au cours de ces journées d'études - un sujet de réflexion privilégié pour les bibliothécaires ayant en charge des collections iconographiques.
"L'Utilisation des fichiers d'autorité dans les bibliographies nationales courantes» était le thème de le ré- union publique de la Section qui a été suivie par 120 personnes environ. Dans leur communication intitulée «Gestion et utilisation des fichiers d'autorité (noms de personne, col- lectivité, titres uniformes) : bilan et perspectives», Marcelle Beaudiquez et Françoise Bourdon (Centre de coordination bibliographique et tech- nique de la Bibliothèque nationale) ont présenté les résultats d'une en- quête internationale qu'elles ont menée en 1989 avec l'aide du Pro- gramme UBCIM de l'IFLA. Le contenu, l'utilisation et la diffusion des fichiers d'autorité ont été analy- sés, ainsi que leur conformité aux instruments normatifs internationaux existants. Il ressort de cette étude que tous les fichiers d'autorité ont à peu près le même contenu : les mêmes auteurs y figurent, mais pas toujours sous la même vedette ! Dans ces conditions, les échanges de fichiers d'autorité, pour lesquels le format UNIMARC(A) vient d'être rédigé, ont-ils un avenir ? Afin d'éviter tout travail inutile (parce que déjà fait ailleurs) et pour assurer une identifi- cation des auteurs la plus fiable pos- sible, les responsables de cette en- quête proposaient que les principes du contrôle bibliographique univer- sel soient appliqués aux fichiers d'au- torité, c'est-à-dire que chaque agence bibliographique nationale soit res- ponsable avant tout du fichier d'au- torité de ses auteurs nationaux. L'échange de fichiers d'autorité na- tionaux serait alors possible et per- mettrait une réelle collaboration in- ternationale.
N. I. Igumnova (Lenin State Library, URSS) a ensuite présenté des «Ob- servations sur les fichiers d'autorité dans les bibliothèques des pays so- cialistes». Ce recensement n'a pas vraiment permis de mesurer l'état d'avancement des travaux car il s'agissait seulement d'un inventaire.
Roderic Vassie (British Library, UK) a exposé le problème du «Contrôle d'autorité des noms musulmans d'au- teurs personnes physiques». Cette étude a permis de mesurer combien le traitement des noms arabes classi- ques est affaire de spécialistes, puis- qu'ils posent à la fois un problème de structure et un problème de translit- tération. L'assistance en a conclu qu'il serait bon que le savoir-faire de ces spécialistes soit consigné par écrit et constitue des recommandations in- ternationales qui puissent être mises à la disposition des bibliothécaires spécialisés dans le traitement de ces types de noms. La cohérence des fichiers d'autorité à l'échelon inter- national y gagnerait beaucoup.
Trois communications ont été pré- sentées concernant l'échange inter- national de données bibliographiques sur les publications en série dans une perspective d'économie, de coût de production, de diffusion et d'échange;
Lorsqu'en 1985 la Bibliothèque na- tionale de Lisbonne décide d'auto- matiser les acquisitions, le catalo- gage ainsi que la gestion et la main- tenance du catalogue collectif en ligne (PORBASE), elle devait faire le choix d'un format ; d'autre part, la Biblio- thèque nationale voulait pouvoir coopérer avec d'autres bibliothèques nationales et devait donc choisir un format compatible, disponible rapi- dement, utilisable pour tous les types de documents. UNIMARC apparais- sait être le plus à jour des formats MARC nationaux et fut donc choisi. Par ailleurs, l'utilisation du logiciel mini-micro CDS/ISIS de l'Unesco allait permettre aux différentes bi- bliothèques du Portugal d'automati- ser leur catalogue selon les normes nationales, tout en faisant entrer leurs notices dans la base de données na- tionale implantée sur un Geac 9000 (traitement par lots).
Le traitement courant est désormais fait en ligne (depuis mars 1989), mais la réeupératiomde. notices rétrospec- tives se fait sur micro et traitement en différé, tout comme le travail de la plupart des autres bibliothèques. PORBASE comprend 130 000 noti- ces.
La Bibliographie nationale est pro- duite à partir des notices saisies en UNIMARC.
L'affichage se fait en UNIMARC et ISBD. L'implantation sur Geac, l'usage d'UNIMARC et de CDS/ISIS ont obligé à certains aménagements. Pour l'échange des données sur les publications en série (Centre ISDS créé en 1983), un programme de conversion UNIMARC-ISDS est en cours notamment afin de pouvoir récupérer les notices de publications en série non encore entrées dans PORBASE, mais figurant dans les fonds des bibliothèques participan- tes ou pouvant les intéresser.
Pour PORBASE, des zones de don- nées locales avec état sommaire de collection et cote ont été créées dont l'affichage reste à améliorer.
C'est un moyen privilégié pour communiquer des données bibliographiques sur les publications en série au sein du réseau ISDS comme avec des utilisateurs exté- rieurs (tels les catalogues collectifs, les agences d'abonnement, les cen- tres de documentation) qui exploi- tent tout ou partie de l'enregistre- ment ISDS dont l'ISSN et le titre-clé constituent les identificateurs univo- ques.
Le format ISDS est un format de type US -MARC dont il utilise la structure et une partie des étiquettes. Mis en place en 1973, il s'est adapté à l'évo- lution des règles de catalogage en fonction des normes et des besoins (notamment de l'ISBD(S).
La structure du format ISDS est plus proche de l'UNIMARC que du CCF. Cependant, le nombre d'éléments bi- bliographiques touchant aux pério- diques présents dans UNIMARC et dans le CCF est plus important que dans l'ISDS, il y aura donc en cas d'échange de données un appauvris- sement dû à la simplicité du format ISDS.
En revanche, si l'on considère la notice ISDS comme notice source, on peut constater que tous les élé- ments ISDS ont leur équivalent dans UNIMARC ; cependant, certains problèmes existent au niveau des zones de lien entre CCF et ISDS.
Le CCF dont la première édition a été publiée en 1984 par l'Unesco a la même structure que les formats MARC ou l'ISDS et est compatible avec les ISBD(M) et (S).
Sa particularité réside dans la possi- bilité d'enregistrer dans une même base avec un même format et dans un même enregistrement, grâce à la notion de segments, l'entité biblio- graphique et ses composants (par exemple une revue et les différents articles, un congrès et les différentes communications) ce qui permet de concilier les besoins des bibliothè- ques et des services de documenta- tion et d'analyse. Il est utilisé dans les bibliothèques des Nations unies (New York et Genève), en Chine, en Yougoslavie, dans les réseaux tels la BIEF (Banque internationale d'in- formation sur les Etats francopho- nes).
Des tables de conversion ont été produites par l'Unesco pour le pas- sage de l'UNIMARC au CCF et le traitement des notices CCF sur le logiciel CDS/ISIS.
Il est envisagé d'étendre l'utilisation du CCF à des documents de caractère non bibliographique, tels les listes d'experts, programmes de recher- ches, statistiques ...
Le programme professionnel du Con- grès de Paris a pu être suivi par près de 600 bibliothécaires français. Les textes des communications traduites en français ont été distribuées à près de 700 exemplaires et sont mainte- nant disponibles dans de nombreux établissements documentaires. Afin d'entretenir cet intérêt pour les activités del'IFLA, il sem- ble utile de faire connaî- tre les activités prévues dans un certain nombre de sections dans les mois et les années qui viennent.
Ceci n'est qu'un rapide échantillon des multiples activités de l'IFLA.