Index des revues

  • Index des revues
    ⇓  Autres articles dans la même rubrique  ⇓

    Présentation

    Par Alain Duperrier, dir BFM - Limoges

    Monsieur le Député-Maire, Madame le Conseiller municipal, bonjour... Madame la Présidente, Mesdames et Messieurs et chers collègues, permettez-moi de vous souhaiter la bienvenue à la bibliothèque francophone multimédia de Limoges pour cette journée de pré-séminaire du Congrès national de l'Association des bibliothécaires français.

    « Bibliothèques et économie : entre politique de service public et économie marchande. Quels choix tarifaires pour développer une politique de service public de la lecture et de la documentation ? » Dans quelques instants, je laisserai le soin à Mme Claudine Belayche de développer le thème de notre journée d'étude et de nous présenter son déroulement.

    Permettez-moi en préambule de vous dire quelques mots de notre BFM, équipement à vocation régionale inauguré en septembre dernier. Huit mois déjà... et un succès public qui nous conforte dans l'action menée par la ville de Limoges : près de 500 000 visiteurs sur ce seul site, une augmentation de 35 000 à 60 000 de nos abonnés sur l'ensemble du réseau des bibliothèques municipales.

    Nous aurons le plaisir en fin de journée de vous proposer, avec mes collègues de l'équipe de direction, une visite de la bibliothèque. Vous pourrez, si vous le désirez, anticiper sur le contenu de ces présentations pendant la pause du déjeuner puisqu'une vidéo exposant le projet de BFM sera diffusée en continu dans cette même salle.

    « Il convient qu'un bâtiment pour le livre traduise le double caractère du livre, ce qu'il a d'irremplaçable, d'être à la fois repli intime, dialogue privé de l'auteur au lecteur, mais aussi ouverture infinie au monde, façon d'être au monde. »

    L'adhésion du public à notre bibliothèque doit beaucoup au talent de son architecte, Pierre Riboulet, qui par cette phrase résume avec sensibilité le projet de la collectivité. Cet équipement multimédia - nous déployons certes encore aujourd'hui un système d'information ambitieux et dont les modules les plus spectaculaires (localisation dans l'espace, réseaux de cédéroms, réservation internationale d'ouvrages francophones...) ne devraient je l'espère plus tarder-, cet équipement donc est aussi pôle associé à la Bibliothèque nationale de France dans les domaines du théâtre et de la poésie francophone : c'est encore une façon d'être au monde.

    La BFM de Limoges se caractérise, entre autres choses, par le fait qu'elle est la dernière bibliothèque d'une ville de plus de 100 000 habitants où l'inscription et le prêt sont gratuits, ce pour tous les types de supports et quelle que soit l'origine géographique de l'emprunteur. Il s'agit d'un choix politique très marqué, qui a influencé la définition du thème de notre journée à Limoges ; M. le Maire nous fait l'honneur d'en débattre avec nous dans quelques instants.

    Dans une société où la référence aux valeurs d'une économie libérale se banalise, ce choix est aussi une façon d'être au monde, une façon de proposer aux habitants de Limoges d'être au monde. Je reste en effet persuadé, pour avoir vécu une expérience professionnelle précédente de changement de tarification, qu'à offre culturelle équivalente (services, horaires d'ouverture, conditions d'accès...) le critère tarifaire est socialement le plus discriminant.

    Dans un contexte économique où la question des liens entre notion de service public et valeur marchande se fait pressante, quelle lumière nouvelle donner à cette phrase d'un élu nantais qu'une plaquette de la Direction du livre et de la lecture datant de la fin des années 1980 (1) reproduisait en exergue et que j'aime à citer :

    « La bibliothèque est un foyer révolutionnaire dans la cité. Pourquoi ? Parce que c'est le lieu de remise en cause des idées reçues, surtout lorsqu'elles sont sommaires ; parce qu'elle désagrège subtilement l'ordre familial ou social par des interrogations suscitées chaque jour en chaque individu ; parce que c'est un lieu d'approfondissement des questions, du culte de l'imaginaire ; parce que c'est le contraire des ghettos intellectuels et spirituels, et le contraire du règne de la censure ; parce que c'est le lieu de la liberté et de l'ouverture qui donnent la capacité à nos sociétés de s'adapter dans la courte ou longue durée. »

    Repensant au thème général de notre congrès et à la perpétuelle, nécessaire et légitime réflexion du coût de la culture, j'émets la crainte que les principes qui fondent la notion de service public ne soient globalement battus en brèche dans les années à venir, de sorte que, bouclant la boucle, revenant aux origines des politiques culturelles, notre société ait de plus en plus à devoir s'interroger non plus sur le coût de la culture mais sur celui de l'inculture.

    Vous remerciant de votre attention, nous souhaitant de riches débats, je cède la parole à Mme Claudine Belayche.

    1. Objectif lecture/ministère de la Culture et de la Communication, Direction du livre et de la lecture, Paris, 1988 (Alençon, Impr. alençonnaise), 83 p., ill. NB et coul., 30 cm. (Réseaux de lecture, 0999-1387, 1988.) ISBN 2-11-086041-3 (br) retour au texte