Les collections d'art de la BNUS ne peuvent être dis-L-sociées du sort général de l'établissement. Lors de la guerre franco-allemande de 1870, un obus malencontreux détruisit l'ancienne église des Dominicains, qui hébergeait alors la plus grande partie des collections historiques de la ville, soit environ 300 000 volumes.
La guerre finie, une des préoccupations du nouveau gouvernement allemand fut de reconstituer à Strasbourg une bibliothèque digne de la nouvelle capitale de l'Alsace-Lorraine. De nombreux dons, mais surtout une politique budgétaire ambitieuse et suivie permirent à l'établissement de figurer très vite dans le peloton de tête des bibliothèques allemandes, tant pour la qualité que pour l'importance de ses fonds. Ceux-ci, pluridisciplinaires, incluaient naturellement une section consacrée aux arts.
Elle reflète fidèlement la culture d'alors, avec une prédominance d'ouvrages sur l'art des pays germaniques, mais sans exclusive ; le français est bien représenté aussi, et la couverture géographique est très large, dépassant souvent le cadre du monde occidental. Des sondages effectués sur des bibliographies artistiques courantes du début du siècle montrent que, à cette époque, la bibliothèque achetait presque 50°/o de la production recensée, tous pays confondus.
Le degré d'exhaustivité des bibliographies n'était alors certes pas celui que nous connaissons aujourd'hui. Une telle indication est cependant précieuse et permet de se rendre compte de l'ampleur de la politique d'acquisition, qui, si elle était globalement marquée au sceau des canons universitaires de l'époque, n'excluait quasiment aucun domaine de l'art. En 1918, cette section comptait 23 280 titres du XV!' siècle au début du XXe.
La politique d'acquisition n'a naturellement pas cessé avec le retour de l'Alsace à la France. Quoique moins suivie et ayant parfois pâti, comme la bibliothèque dans son ensemble, de restrictions budgétaires, elle est dans les grandes lignes restée fidèle aux caractéristiques premières du fonds. Aussi la BNUS est-elle aujourd'hui sans aucun doute, avec la BnF, la plus riche de France pour ce qui concerne l'art des pays germaniques.
Ces dernières années, des crédits spécifiques ont permis de combler quelques-unes des lacunes accumulées depuis les années 1970 et de développer davantage les acquisitions courantes concernant le XX' siècle surtout, pour lequel peu avait été fait. Mais la BNUS est aussi une importante bibliothèque généraliste, destinée à couvrir les besoins documentaires du monde universitaire strasbourgeois - et de bien d'autres visiteurs.
Il est difficile de chiffrer les fonds entrés après 1918, le catalogue systématique (qui permettait de semblables calculs) ayant été arrêté à cette époque. Une estimation qui tournerait autour des 200 000 volumes semble toutefois raisonnable pour l'ensemble de la collection d'imprimés. Reflet de politiques d'acquisition ambitieuses, les points forts sont nombreux.
Citons à titre d'exemple la belle collection d'in-folio symboles de la culture wilhelmienne, où le livre, objet d'ornement, est aussi le support du savoir dans les domaines plus techniques. Citons également un ensemble exceptionnel de livrets d'opéras des xvme et XIXesiècles, ou encore des ouvrages de référence (inventaires topographiques allemand, autrichien, suisse, belge, français, périodiques et bibliographies) d'époques variées qui confèrent aux collections d'art de la BNUS une valeur scientifique - et aussi, bien souvent, esthétique - certaine.
NB : pour plus d'informations, consulter le site www.svp.adc.education.fr/bib