Index des revues

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    Par Gilbert Nigay
    Julien Cain

    Bibliothèques (les) sur les lieux de travail

    Paris, Commission de la République française pour l'U.N.E.S.C.O., 1963. - 20,5 cm., 71 p.

    Du 20 au 22 novembre 1961, la Commission française pour l'Unesco a organisé à Paris un colloque consacré aux « Bibliothèques sur les lieux de travail », où s'étaient réunis bibliothécaires d'entreprises, responsables sociaux et animateurs culturels (1) . C'était la première fois qu'en France un tel échange de vues avait lieu. C'est dire l'intérêt du compte-rendu des communications et des débats qui vient de paraître.

    Le loisir est une idée neuve. La lecture auprès d'un public qui lisait peu, mal, ou pas du tout, a maintenant un champ plus favorable, une place qui pourrait être privilégiée. Mais dès que l'on essaie d'approfondir cette notion que de problèmes se dressent devant le bibliothécaire d'entreprise ! Les problèmes matériels et d'organisation, fonction des crédits (la loi sur les comités d'entreprise les a prévus), fonction du personnel (6,45 % seulement des bibliothécaires sont titulaires d'un titre professionnel), ne sont pas les plus ardus à résoudre. On insista pendant ces journées sur la timidité du lecteur novice, la crainte qu'il a de se sentir un étranger dans le monde des livres, ce lecteur qui s'imagine - à tort, bien sûr - que les bibliothèques publiques, trop solennelles à ses yeux, ne sont pas faites pour lui. Au bibliothécaire d'entreprise de le toucher par des moyens appropriés : guide de lecture, exposition, bulletin de la bibliothèque, parfois simple feuille ronéotypée, qui, tour à tour, furent examinés. Le contact établi, il faut aider le lecteur à mieux lire et, de la fonction de délassement et de divertissement que lui assure la bibliothèque, passer au développement : la lecture, moyen de culture, prendra alors tout son sens. Formation et animation d'une bibliothèque d'entreprise constituaient ainsi la première partie du programme établi.

    La seconde partie traitait des problèmes particuliers posés par les services d'extension de la bibliothèque : lecture des adolescents, discothèque, prêt aux travailleurs étrangers. Enfin une série de témoignages apportait les solutions locales, par exemple la bibliothèque inter-entre-prise de Villeurbanne ou les services à attendre du bibliobus urbain. Les organisateurs du colloque auraient pu toutefois prévoir d'autres communications sur les services « officiels » de lecture ; les participants pouvaient ignorer les efforts accomplis et l'aide que les bibliothèques publiques, des bibliothèques municipales aux bibliothèques spécialisées, peuvent apporter non seulement à leurs lecteurs, mais à eux-mêmes.

    Le volume reproduit en annexe l'exposé de M. Cacérès, secrétaire général de « Peuple et Culture », « Comment attirer les travailleurs au livre et à la bibliothèque ». Son auteur insiste sur les moyens qui peuvent animer la bibliothèque, entre autres les montages du « Livre vivant » et surtout le Club de lecture. Celui-ci permet tout d'abord à l'auditeur de sentir le roman par la magie des mots, des sons, des images, mieux que ne saurait le faire une lecture solitaire. La discussion permet de comprendre en dégageant les idées. Enfin, le club de lecture doit aider à juger l'oeuvre présentée. Ce jugement critique pourra se formuler par une comparaison avec la vie même du lecteur, par l'actualité qu'ont aujourd'hui encore thèmes et thèses de l'auteur. Ainsi la discussion soulevée par le Père Goriot permet de traiter le problème de l'argent, de l'amour filial, de l'arriviste... au XIXe et au XXe siècles. Le lecteur se rendra compte à son tour de ce qu'il y a de permanent dans une oeuvre classique.

    Une bibliographie consacrée aux bibliothèques d'entreprise en France dans la période récente achève le volume, bibliographie assez peu étendue, qui est la preuve que ces bibliothèques répondent à des préoccupations nouvelles.

    1. Cf. Bulletin de l'A.B.F., n° 37, mars 1962, pp. 41-43. retour au texte