Le titre courant : « Les bibliothécaires de France », donné à la Conférence de J. Lethève (prononcée en juin dernier, à Sarrebruck, à la demande de l'Association des Bibliothécaires allemands et à l'occasion de son Congrès annuel) en tête des pages du Z.f.B.u.B. qui la publie, est sans doute une réminiscence du sujet qui lui avait d'abord été proposé. Mais il a estimé que la meilleure façon de défendre et illustrer notre métier et les conditions dans lesquelles il s'exerce, consistait surtout à en démonlrer la nécessité et l'importance, par un exposé de l'urgence et de la complexité de quelques-unes des tâches qui sont les nôtres à l'heure actuelle. C'est pourquoi il a tenu, eu se limitant aux bibliothèques d'étude (la question de l'expansion universitaire étant à l'ordre du jour dans le monde entier) à signaler les créations et les initiatives les plus marquantes par lesquelles s'est traduit, depuis la fin de la guerre, le désir de faire face à de nouvelles exigences : création d'une Direction des Bibliothèques, entraînant le regroupement en un corps unique de tous les bibliothécaires dépendant du Ministère de l'Education Nationale, création d'une Ecole Nationale Supérieure de Bibliothécaires, naissance de nouveaux services spécialisés au sein de la Bibliothèque Nationale et surtout, multiplication attendue dans les années à venir de bibliothèques de type universitaire. Après avoir mis en valeur les aspects essentiels de ces divers événements, Jacques Lethève concluait en ces termes : « Une des grandeurs de notre profession », et il aurait pu ajouter que c'était aussi une des principales difficultés et causes de tension, « vient sans doute de ce que plus que quiconque, nous essayons de concilier une contradiction apparente » (et, plût au Ciel que beaucoup fussent vraiment persuadés qu'elle n'est qu'apparente) : « favoriser l'éclosion du monde de demain, fout en préservant les richesses du passé ». « Favoriser l'éclosion du monde de demain », on ne peut mieux définir l'une des justifications du regroupement en un corps unique de tous les types de bibliothèques qui s'efforcent, chacune à leur place, de fournir à toutes les étapes et à tous les aspects de cette éclosion les nourritures intellectuelles nécessaires et adaptées. Les bibliothèques d'étude, et singulièrement bien sûr, tes bibliothèques universitaires, doivent se sentir particulièrement concernées par le souci de l'équipement intellectuel de l'homme du XXIe siècle qui sera, on peut le prévoir, appelé à résoudre des problèmes auxquels n'avait pas «rêvé» la « philosophie » de ses prédécesseurs.