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Le Service de documentation face à l'explosion de l'information. - Paris, Ed. d'organisation ; Bruxelles, Presses universitaires de Bruxelles, 1970.

1970
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    Par Marie-Thérèse Laureilhe
    Marcel Van Dijk
    Georges Van Slype

    Le Service de documentation face à l'explosion de l'information. - Paris, Ed. d'organisation ; Bruxelles, Presses universitaires de Bruxelles, 1970.

    27 cm, 266 p. fig., fac-sim., bibliogr. 110 F.

    En 1964, M. Marcel Van Dijk publiait « Enregistrement et recherche de l'information documentaire » qui présentait les méthodes et les équipements nouveaux de la documentation. En quelques années, méthodes et moyens techniques ont changé complètement et l'auteur a dû refondre entièrement son livre avec la collaboration de M. Van Slype. L'ouvrage que nous recevons présente certains points communs avec le premier, mais les éléments nouveaux sont les plus nombreux et la bibliothèque qui possède la première édition ne pourra se dispenser d'acquérir la seconde.

    Après avoir défini ce qu'était l'« explosion documentaire » et exposé les points de vue de l'utilisateur et du documentaliste, les auteurs examinent toute la chaîne documentaire : acquisition des documents, enregistrement, qui englobe traduction, condensation, indexation puis catalogage, stockage, contrôle, etc. Enfin distribution documentaire, fichiers, bulletins de résumés et d'index, extraction de la documentation et sa diffusion. A chaque étape, il indique les moyens et le matériel disponible et s'efforce de chiffrer très exactement le coût de l'opération et le personnel nécessaire. Cette précision nous servira à justifier les demandes de crédit et de personnel quand cela sera possible...

    Les bibliothécaires soucieux de se recycler et d'être au courant de l'aide apportée à leurs travaux par les nouveaux procédés techniques devront connaître ce livre. Il existe, certes, des manuels de documentation, mais ils sont souvent sommaires, ou bien ne sont pas en français, ou ne traitent qu'un aspect du sujet. Celui-ci est vraiment complet. Les bibliothécaires, même entrés récemment dans la profession, n'ont souvent que des notions brèves sur les classifications à facettes, les méthodes d'indexation, les langages documentaires, l'élaboration des thesauri, par exemple ; le livre le leur expliquera avec clarté et en détail. De bons manuels existent sur ces sujets, mais ils sont en anglais, allemand, même en tchèque... Celui-ci sera accessible à tous. L'information ne se stocke plus aujourd'hui uniquement dans les fichiers. Combien d'entre nous sont capables de décrire les différentes sortes de fiches perforées (les fiches Peek-a-Boo par exemple), le procédé Miracode, les cartes perforées mécanographiques, les diverses microfiches (comme Filmorex), les divers modes de microcopie. Le livre leur apprendra ce que nul bibliothécaire ne peut plus ignorer.

    L'ouvrage est illustré de très nombreux exemples : spécimens de classifications, pages de thesauri de différents types (1) clairement commentés, reproductions de tous modèles de fiches à perforations, à encoches, de microfiches, etc., pages de bulletins de résumés, de bulletins d'index, de Kwic. Cette documentation n'est pas le moindre intérêt de l'ouvrage. Elle contribue à sa clarté et le rend très pratique.

    Les bibliothécaires tireront donc un grand profit de la lecture de ce livre. Il est possible cependant qu'ils fassent quelques réserves, les auteurs les voient trop sous leur aspect « conservateur ». C'est à peu près comme si on décrivait le fonctionnaire d'après Courteline. Le bibliothécaire conserve, certes, la production écrite, il en est responsable vis-à-vis des générations futures qui lui en seront reconnaissantes, comme nous savons gré aux « gardes des livres » des XVIe et XVIIe siècles et aux bibliothécaires monastiques de nous avoir transmis de précieuses collections de textes. Mais en même temps il cherche les meilleurs moyens de la communiquer aux chercheurs en plus grand nombre possible. Cela l'amène à employer des procédés techniques de substitution : microfiches, microfilms, reprographies, etc. Il assure ainsi sa mission : conserver pour mieux communiquer. Cet aspect n'a pas été vu par les auteurs. En outre, les procédés de diffusion de la documentation qu'ils décrivent sont parfaits pour les sciences exactes, juridiques et les techniques. Ils ne sont pas, pour l'instant, applicables à la recherche philosophique, littéraire ou historique. On peut envisager de mettre les grandes collections de textes sur microfiches si elles sont épuisées en librairie, mais ce que nous voyons mal c'est l'indexation. L'historien, digne de ce nom, travaillera toujours d'après les sources, il est le « spécialiste » et il ne se fiera pas à un documentaliste qui aura indexé, avec une rapidité chiffrée par les auteurs, la correspondance de Sainte-Beuve, par exemple, ou les registres des papes d'Avignon, objets d'admirables éditions. Il faut donc établir une distinction : les procédés documentaires décrits par les auteurs rendront les plus grands services à la science pure, à l'industrie, à l'information juridique, mais pour l'instant ils ne sont pas adaptés au monde de l'érudition, dont le travail est tout aussi respectable et qui constitue une part très importante de nos lecteurs.

    1. Rappelons que M. Van Dijk a établi un thesaurus à schémas fléchés en collaboration avec M. Szanto : « La documentation économique dans l'admisnistration des affaires .. Thesaurus de mots-clés». Bruxelles-Fontainebleau, 1967. retour au texte