DÈS le XVIIIesiècle, les bibliothèques princières ont offert aux érudits impécunieux l'accès au savoir. Au XIXe, l'accès à la culture se généralise. Les cabinets de lecture, les bibliothèques populaires fonctionnent par abonnement; aujourd'hui encore, le prêt public n'est par toujours gratuit. L'action des bibliothèques de collectivités publiques applique pour la lecture le grand principe de la gratuité de l'enseignement (mais ce n'est qu'il y a cinquante ans que l'enseignement secondaire devient gratuit); sous l'impulsion de la D.B.L.P. dans le troisième quart du XXe siècle, la gratuité des bibliothèques se répand, au nom de la culture pour tous, et culmine en 1977 avec l'ouverture de la B.P.I. : l'information aussi doit être gratuite.
Mais, dix ans avant l'arrivée de la photocopie, on hésita sur l'attitude à adopter; puis le remboursement des frais de papier (et au-delà !) est entré dans les moeurs. Nous voici maintenant à l'ère de l'informatique, commencée par les nécessités bibliographiques dans les sciences dites dures. Toutes les B.U. sont équipées depuis deux ans et plus. Les B.M. s'y engagent à leur tour. Quelle va être notre position ? Dans un article de Ordinateurs, on pouvait lire en juin 1982 qu'il y a une prise de conscience de la valeur de l'information distribuée; c'est une denrée stratégique que l'on peut exploiter avec bénéfice. Parallèlement, dans la mentalité populaire, il y a la notion que ce qui est gratuit n'a pas de valeur. Or, l'information est coûteuse : qui va la payer ?