La Maison Jean Vilar a ouvert ses portes en 1979. Elle résulte d'une convention et d'une collaboration entre la ville d'Avignon, le département des arts du spectacle de la Bibliothèque nationale et l'association pour une fondation Jean Vilar qui s'est créée à la mort de celui-ci en 1971. Elle est installée au centre d'Avignon dans un hôtel du 18, siècle qui abrite aussi, côté jardin, l'administration du festival. Le bâtiment, propriété de la ville, à été aménagé côté cour sur trois niveaux pour répondre aux objectifs de la Maison : conserver la mémoire de Jean Vilar et du festival et contribuer à son rayonnement, constituer des collections documentaires sur les arts du spectacle en général, et programmer régulièrement des activités en relation avec le spectacle vivant (expositions, projections vidéos, animations, rencontres...). Au rez-de-chaussée, s'ouvrant sur le hall d'accueil, trois salles peuvent accueillir respectivement 70, 30 et 10 personnes. Elles sont conçues comme des salles de projection. Une régie vidéo unique permet de commander à distance les écrans télé et d'envoyer soit une vidéo, soit la télévision (réseau hertzien, satellite ou câble). La plus grande salle est équipée d'un téléprojecteur vidéo, d'un projecteur de films 16mm et d'un projecteur de diapositives. Une autre est équipée pour le son.
Ces salles peuvent également être utilisées pour des rencontres et des animations de type lectures et ateliers. Sur l'arrière du bâtiment, un atelier est prévu pour le montage des expositions. Au premier étage, les anciens salons ont été aménagés en salles d'exposition et les collections documentaires trouvent leur place au deuxième étage à proximité d'une salle de lecture de trente places et d'une salle de vingt places équipée de projecteurs diapositives et d'un lecteur de microfiches. Le public est admis sans inscription préalable. Il peut travailler sur place au centre de documentation (environ 15 000 ouvrages, 5 000 diapositives, 1 000 microfiches et 80 titres vivants de périodiques), prendre rendez-vous pour visionner les vidéos de son choix (500 titres au catalogue), ou visiter les expositions temporaires, suivre les animations programmées et annoncées régulièrement dans les cahiers de la Maison Jean Vilar. Les activités de la Maison Jean Vilar en relation avec le festival d'Avignon concernent d'une part la conservation et la diffusion de sa mémoire depuis les origines jusqu'à nos jours et d'autre part l'organisation d'animations au moment du festival.
Jean Vilar, invité à jouer dans la cour d'honneur du Palais des Papes d'Avignon en septembre 1947 à l'occasion d'une exposition d'art contemporain, revient les années suivantes. Intitulée d'abord la semaine d'art dramatique, cette manifestation est à l'origine du festival d'Avignon qui se déroule maintenant sur quatre semaines en juillet. Lorsqu'en 1951, Jeanne Laurent, alors sous-directrice des spectacles et de la musique à la direction générale des arts et lettres, propose à Vilar la direction de la scène du palais de Chaillot, celui-ci accepte ; le festival d'Avignon devient ainsi partie intégrante de son action et le nom qu'il donne à la salle de spectacle est aussi celui de son programme : Théâtre National Populaire. Il en quitte la direction en 1963, reste au festival où il ne met plus en scène mais accueille d'autres créateurs, ouvre de nouveaux lieux et introduit la danse, le cinéma et le théâtre musical. Après sa mort prématurée, Paul Puaux, son collaborateur avignonnais, prend la relève jusqu'en 1979. Il poursuit l'action entreprise et anime parallèlement l'association pour une fondation Jean Vilar. Bernard Faivre d'Arcier, nommé en 1980, modifie profondément l'organisation du festival et lui donne sa physionomie actuelle : une association de gestion présidée par le maire d'Avignon, dont le directeur est coopté pour un mandat de trois ans renouvelable. Il démissionne en 1984, est remplacé par Alain Crombecque qui partira en 1992 à la fin de son deuxième mandat. Le festival aujourd'hui reste axé sur la création, le financement en est lourd et complexe et si le nombre de spectacles proposés a augmenté, la fréquentation du public reste à peu près la même, environ 120 000 entrées. Les lieux de plein air se diversifient ; certains spectacles sont présentés en dehors d'Avignon : Chartreuse de Villeneuve-lez-Avignons, anciennes carrières ou propriétés de l'île de la Barthelasse. Le nombre de manifestations annexes ne cessent de croître : colloques, débats, rencontres professionnelles, lectures de toutes sortes, expositions et surtout les petites compagnies de théâtre qui ont commencé à jouer hors-festival parfois dans de très mauvaises conditions : c'est le festival Off géré par une association Avignon Public Off. Ces compagnies viennent jouer pour se faire connaître (le public et la presse sont là), mais aussi pour vendre leur spectacle. Avignon est non seulement un festival de création mais aussi un marché du théâtre.
Conserver la trace de toutes ces manifestations relève de la gageure, c'est pourtant une des tâches du centre de documentation de la Maison Jean Vilar. Il s'agit d'une part d'archiver tous les documents concernant le festival : livres, études, programmes, affiches, tracts, articles et dossiers de presse, photos ou diapositives, vidéos, et d'autre part de traiter l'information recueillie. En ce qui concerne le passé, les archives personnelles de Vilar, celles du festival de 1966 à 1979, les dossiers de presse, affiches, programmes et photographies constituent les sources principales. Certaines époques sont moins riches en documents: les débuts de 1947 à 51 et les années 1964-65 qui correspondent à une période de transition, le temps pour le festival de se détacher du T.N.P. et de se municipaliser ; contrairement à la période 1952-1963 pour lesquelles les archives du T.N.P. constituées au fur et à mesure avec beaucoup de soins, la revue Bref ainsi que les maquettes (1 500) et costumes (2 000) apportent un précieux complément. Depuis la création de la Maison, le travail en relation avec le festival officiel ou "In", s'établit selon le schéma suivant. Dès que le programme est connu, le centre de documentation complète ses collections sur les auteurs joués, les metteurs en scène et compagnies invitées. Des dossiers et des bibliographies sont établis pour la consultation et transmis sur demande le cas échéant. Au cours du festival, tous les documents émanant des différents services sont recueillis systématiquement : programmes distribués à l'entrée des spectacles, synthèses quotidiennes réalisées par le service de presse, documents diffusés par les compagnies au cours des conférences de presse. Sont également recueillis les documents venant de la Maison du théâtre où se déroulent les rencontres professionnelles et ceux de l'Institut de la communication qui organise de nombreux débats. En collaboration avec le bureau du festival Off, une collecte, la plus exhaustive possible, est faite de tous les tracts et affiches diffusés par les compagnies se produisant dans le cadre du "Off. Chaque matin, y compris samedis et dimanches, la revue de la presse locale, nationale et internationale est réalisée avec l'aide d'une personne du service de presse. C'est à dire que tous les articles du festival "In" et "Off" sont découpés. Ils sont ensuite photocopiés et transmis au deux services concernés pour affichage. Un deuxième exemplaire est mis en consultation dans la salle de lecture du centre de documentation. Les originaux sont soigneusement conservés et constitués en recueils de presse par titres des spectacles pour ce qui concerne le festival officiel. Les autres, relatifs au Off, sont classés par lieu avec les tracts. Pendant le festival, il faut également repérer les émissions et reportages télévisés le concernant pour négocier par la suite une copie pour la vidéothèque et traiter avec quelques photographes accrédités du "In" pour un choix de photos destinées à l'archivage et la consultation. Le budget photos n'étant pas très élevé, le nombre reste limité mais il vaut mieux, pour choisir, avoir vu soi-même le spectacle. Après le festival, au cours du trimestre de rentrée, les publications (livres, articles...) parues après coup sont acquises et le bureau du "In" comme celui du "Off" remettent leur bilan statistique et financier. La documentation ainsi recueillie est rangée par type et format des documents, chronologiquement et selon qu'elle concerne le festival officiel ou "Off". Cependant les vidéos, diapos, livres sont intégrés dans le fonds général. Tout est inventorié sinon catalogué et peut se retrouver dans les fichiers manuels de la salle de lecture soit par la date, le sujet, le nom de la personne (auteur, metteur en scène...). Par ailleurs, les informations sur les spectacles du festival officiel font l'objet d'une saisie informatique sur un micro-ordinateur équipé d'un logiciel documentaire : TAMIL, également utilisé par le département des arts du spectacle de la Bibliothèque nationale. Les principales données saisies sont les suivantes : titre du spectacle, auteurs et collaborateurs, interprètes et distribution s'il y a lieu, producteurs, lieu, date et nombre de représentations. Si les spectacles correspondant à la direction de Jean Vilar soit 1947-1971 sont déjà intégrés, ceux des vingt dernières années, beaucoup plus nombreux et multiformes, représentent une masse d'information considérable ; le traitement en sera nécessairement plus long et aussi plus délicat. Toutes ces données constituent une base informatique interrogeable, les recherches peuvent être éditées, on peut également obtenir des listings, catalogues et index. Dans un deuxième temps, il est prévu d'entrer les autres manifestations du festival officiel, rencontres cinématographiques, expositions, débats du Verger avec les compagnies et metteurs en scène...Chaque notice ayant obligatoirement un numéro d'identification, il sera possible à terme, d'accoler au spectacle la description bibliographique des documents les concernant. Tout ce travail de collecte et de documentation permet de répondre aux nombreuses demandes qui touchent le festival de près ou de loin. Elles viennent de la France entière et même de l'étranger, émanent aussi bien de scolaires ou de leur professeurs que d'étudiants, de journalistes, de comédiens, de chercheurs et d'universitaires.
Depuis sa création, la Maison Jean Vilar participe aux manifestations proposées par le festival d'Avignon. Une grande exposition est présentée, le plus souvent réalisée à partir des collections de la Maison ou celles du département des arts du spectacle de la Bibliothèque nationale. Elle est complétée habituellement par des animations : ateliers, rencontres, projections vidéo. Du fait des trois salles disponibles, plusieurs programmations sont possibles et concernent aussi l'actualité du festival, en relation par exemple avec le spectacle joué dans la cour d'honneur du Palais des Papes, les spectacles de danse contemporaine, avec les hommages rendus à de grands artistes : René Char, Edmond Jabès, Antoine Vitez et cette année Jean Vilar ou bien encore avec les thèmes abordés ponctuellement comme l'épopée du Ramayana en 1991. Au cours des dernières années, la Maison Jean Vilar a présenté l'exposition faite par le "Piccolo Teatro" de Milan à l'occasion de son quarantième anniversaire et celle du cinquantenaire de la cinémathèque française sur Alexandre Trauner dont la carrière de décorateur se confond avec l'histoire du cinéma. Elle a réalisé une exposition sur le cirque, sur "Louis Jouvet et la scénographie" dans le cadre d'un hommage à Jouvet et cette année "Jean Vilar au présent" à l'occasion de l'année Vilar commémorant le vingtième anniversaire de sa mort. Présentée à Beaubourg en avril dernier, elle a fait partie en Avignon des différentes manifestations prévues par la ville et le festival en hommage à son créateur. Dans cette exposition, l'oeuvre de Vilar était abordée sous l'angle de la création en ce qui concerne le répertoire, les auteurs et le travail avec les peintres auxquels il faisait appel pour le décor, sans oublier le public, les lieux scéniques et la scénographie. Il apparaît aujourd'hui que l'innovation était un moteur de son action qui lui a permis de trouver quelques solutions aux aspects contradictoires des données auxquelles il a été confronté : soucieux de création, de qualité, d'indépendance et d'un théâtre qui parle de son temps, il lui fallait aussi garder la faveur des pouvoirs en place, du public et de la critique. Il était comédien, metteur en scène, mais aussi gestionnaire et directeur de troupe. Il voulait un théâtre qui soit un service public avec cependant la nécessité d'équilibrer les recettes et les dépenses. Il apparaît aussi que ces données n'ont pas fondamentalement changé et que ses réponses sont toujours d'actualité. Parallèlement à cette exposition et grâce au conseil général de Vaucluse, un livre a été édité par la Maison Jean Vilar intitulé "Jean Vilar par lui même". Composé uniquement de textes de Vilar, il retrace chronologiquement sa vie et sa carrière au théâtre, au cinéma et à l'opéra. Abondamment illustré, il a permis de publier de nombreux documents et textes tirés des collections de la Maison et jusqu'alors inédits.