Index des revues

  • Index des revues
    ⇓  Autres articles dans la même rubrique  ⇓
    Par Jacqueline Gascuel
    Bernard Latarget

    L'Aménagement culturel du territoire

    Paris : la Documentation Française, 1992. ISBN 2-11002 767-3. Prix : 95 F.

    La mission confiée fin 1990 à Bernard Latarget "avait pour objectif l'analyse des rapports entre investissements culturels et développement culturel, dans le but de définir les objectifs d'un aménagement culturel du territoire ainsi que les voies de leur mise en oeuvre". La politique sectorielle du Ministère de la culture (lecture, musique, arts plastiques) est en effet confrontée aux exigences du développement régional et local, aux attentes des partenaires territoriaux, à la diversité des expériences menées sur le terrain. La synthèse, aujourd'hui publiée, dresse un panorama très structuré des enjeux de société en cause, de la volonté politique des élus, des projets et des ambitions des principaux acteurs.

    Bernard Latarget se défend d'avoir tenté une étude scientifique, il n'en avait ni le temps, ni les moyens, ni les documents de base nécessaires. Il a donc travaillé à partir de témoignages (150 témoins interrogés) et de l'observation de 60 opérations.

    C'est peu : comment dans notre secteur, raisonner à partir d'une BCP, deux BM, trois librairies et une association socio-culturelle ! Et pourtant la réflexion apparaît tout à fait pertinente... et devrait rendre de grands services à tout bibliothécaire qui se pose de façon aiguë des problèmes de sensibilisation des élus, de partenariat, d'intervention dans le champ culturel et social. Car sur ce terrain, il n'est plus seulement bibliothécaire, mais un des acteurs de la vie culturelle, parmi beaucoup d'autres.

    L'ouvrage est divisé en deux parties : le constat, les propositions ; il est complété par de longues annexes d'un intérêt parfois anecdotique. Il ne publie pas les comptes rendus détaillés des 210 enquêtes...

    Le constat commence par un bilan très global : en 1 ans le budget de la culture a plus que doublé - en francs constants - grâce à l'effort conjugué de l'Etat et des collectivités territoriales. Et la culture a pris une dimension économique et sociale sans précédent - dans la réalité des faits et plus encore peut-être dans les espoirs que certains responsables fondent sur elle.

    Sont ensuite rapportées les positions des principaux acteurs sur les rapports entre l'Etat et les collectivités locales dans le cadre à la fois d'une politique de déconcentration (les crédits déconcentrés ont été multipliés par 4 en 4 ans) et de décentralisation ; sur la lutte contre « les inégalités géographiques » grâce à des structures polyvalentes, à la formation des animateurs et à un meilleur usage de l'Education nationale. Le constat se complète par une étude, secteur par secteur, comportant des repères chiffrés et soulignant les principales questions posées. Dans le secteur du livre et de la lecture l'éclairage est mis sur l'effort considérable de ces dernières années, sur les actions en direction des nouveaux publics et sur l'animation, mais aussi sur les liens qui se dessinent à l'initiative des collectivités territoriales entre lecture publique et bibliothèques universitaires, sur le nécessaire soutien aux librairies. Rien de bien neuf pour un bibliothécaire. En revanche pourront lui paraître plus intéressants et plus utiles les constats faits dans les autres secteurs de la culture : cinéma, audiovisuel, culture scientifique et technique, musées, etc.

    La deuxième partie du rapport consacrée aux fondements d'une politique d'aménagement culturel du territoire prend la forme d'un mémento. On y retrouve les notions de réseaux, d'identité culturelle, notamment dans les campagnes, de soutien aux pratiques innovantes, de bilans producteurs de décisions ou de nouvelles orientations. Une phrase de la conclusion souligne bien a très vaste ambition du propos : « Le ministère de la Culture est d'abord le ministère des artistes, parce que sans oeuvre, il n'y a pas de culture. Mais aux yeux de nos interlocuteurs, il devient peu à peu, et presque malgré lui, le ministère de la ville, de l'éducation, de l'intégration, de la solidarité ».