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    Par Philippe Rouyer, BU de.Mont-Saint-Aignan

    Préservation of savety film

    Final report to the office of préservation, national endowment for the humanities

    Rochester institute of technologie, Image permanence institute.- Rochester, N.Y : IPI, 1991 .-

    Support ancien, mais éprouvé, le microfilm conserve de nombreuses applications dans l'archivage et la documentation. Ainsi que le rappelle Claude Coulard, « les microformes ont pour leur part les avantages découlant de leur facilité de mise en oeuvre, de leur faible coût de réalisation et de leur pérennité... Ce sont aussi des supports de conservation et de sauvegarde unanimement reconnus (1) ».

    Le film photographique est effectivement le seul support d'information, en dehors du papier pour lequel nous disposons de plus d'un siècle d'expérience. Et, dans la mesure où les études sur la conservation des documents n'ont été entreprises qu'assez tardivement, nous possédons sans doute autant de données sur la stabilité de l'image photographique que sur celle du papier. Financées en grande partie par l'industrie chimique et l'industrie cinématographique, les recherches sur la permanence de l'image se sont développées avec l'essort du cinéma, dès les années 30.

    Cependant, même si le film est dans l'état actuel des connaissances, le seul support pouvant se substituer au papier pour l'archivage « définitif », il n'en est pas pour autant un matériau interne, et se dégrade, parfois plus rapidement que prévu. Nous n'abordons ici que les films reconnus propres à l'archivage, c'est-à-dire les films argentiques, en excluant les films diazoïques, vésiculaires, les différentes émulsions couleur et autres procédés non-argentiques. Les principaux facteurs de dégradation de l'image sont aujourd'hui assez bien connus. La détérioration de l'image, et principalement des textes pour ce qui nous concerne, est liée à la fois à la dégradation de l'émulsion, et à celle du support. De nombreux travaux ont été entrepris pour identifier les mécanismes de dégradation, concevoir des traitements préventifs, mettre au point des procédures de sauvegarde, et définir les conditions de conservation optimales.

    Un rapport, rédigé l'an dernier par l'Image Permanence Institute, à la demande du National Endowment for the Humanities, Office of Préservation fait la synthèse de recherches de ces dernières années, en apportant des éléments nouveaux.

    L'Image Permanence Institute insiste sur l'extrême importance des conditions de stockage. Il souligne les effets néfastes d'une humidité excessive et préconise, pour la conservation à long terme, le maintien d'une humidité relative comprise entre 20 et 30%. (Les recommandations de l'IPI ont conduit récemment à une révision de la norme ANSHT9. 1 1 1991 ).

    Les pratiques courantes admettaient jusqu'à présent une humidité relative allant jusqu'à 50%. Or tant au niveau de l'émulsion qu'au niveau du support, l'abaissement de l'humidité relative, dans les locaux de stockage, a des conséquences extrêmement bénéfiques, dans des proportions qui justifient largement le surcoût d'un assèchement de l'atmosphère. A titre d'exemple, l'abaissement de l'humidité relative de 50 à 20% multiplie la durée d'un film par un facteur compris entre 3 et 10.

    Ces recommandations rejoignent celles des fabricants, qui depuis longtemps, conseillaient une humidité relative très basse ayant observé que :

    • le film conservait sa flexibilité au moins jusqu'à 15% d'humidité relative ;
    • une sécheresse excessive n'avait pas de conséquences irréversibles, le reconditionnement du film étant presque toujours possible (2) .

    Jusqu'à présent, beaucoup de professionnels pensaient que la température des locaux n'avaient qu'une importance relative, dès lors qu'elle n'excédait pas 21°C (70°F) et qu'elle était maintenue constante. La conservation à basse température était réservée aux films couleurs. Il était du reste conseillé lorsque l'on ne disposait que de locaux froids et humides, de les chauffer jusqu'à 21 °C, de façon à abaisser l'humidité relative. Ceci est toujours vrai, une humidité excessive entraînant, indépendamment de la température, des processus de dégradation souvent amplifiés par un conditionnement inapproprié.

    Mais, dès lors que l'humidité relative est maintenue dans les limites préconisées, l'abaissement de la température de stockage conduit à augmenter la durée de vie prévisible du film de façon spectaculaire. Approximativement, tout abaissement de 5°C de la température de stockage entraîne un doublement de la durée de conservation. Aussi, en abaissant la température de stockage de 20°C à 5°C, on multipliera par 10 l'espérance de vie d'un microfilm. Trois ans d'expérimentation à l'IPI permettent d'affirmer que les bénéfices de l'abaissement de l'humidité relative et de la température se cumulent. Ainsi, la conservation à basse température peut avantageusement s'appliquer à tous les films argentiques, notamment aux microfilms.,

    Si l'instabilité du nitrate de cellulose, utilisé pour la photographie professionnelle jusqu'en 1940 et dans le cinéma professionnel jusqu'en 1950 est bien connue, on a prêté aux divers acétates des qualités de conservation très supérieures. Avant-guerre, le Bureau of Standards américain, avait conclu à une durée de vie des microfilms sur film acétate (Safety film), égale ou supérieure à celle des papiers de bonne qualité. Or les acétates subissent des processus de dégradation de la même nature que ceux qui affectent le nitrate de cellulose, et conservés dans de mauvaises conditions, présentent une stabilité très médiocre. Chose assez surprenante, les acétates de fabrication ancienne ne se sont pas révélés, d'après les expériences de l'IPI, d'une stabilité sensiblement inférieure à celles des triacétates, fabriqués à partir de 1948. Seul le film polyester constitue un support convenant à l'archivage définitif.

    En pratique, cela signifie que tous les microfilms réalisés sur support acétate, c'est-à-dire depuis les origines jusqu'à la généralisation du polyester vers 1980, peuvent réserver de mauvaises surprises à l'archiviste. Certes, de même qu'il existe de nombreux exemples de films nitrate en parfait état de conservation après 50 ou 60 ans, tous les films acétate ne vont pas disparaître dans les prochaines années. Mais il est certain que la duplication systématique des films acétate sur support polyester peut garantir la sauvegarde des documents pour les siècles à venir. L'amélioration des conditions de conservation est techniquement possible et très souhaitable. Un premier pas peut être accompli en abaissant l'humidité relative ainsi que le préconise l'IPI I (3) tout en maintenant une température de 20°C. Une deuxième étape devra être- franchie, par le maintien, dans les mêmes conditions d'humidité, de températures plus basses. Ces mesures imposeront de très lourdes charges financières pour les établissements ayant une mission de conservation. Beaucoup seront incapables d'y faire face. C'est pourquoi la mise en commun de moyens techniques pour la sauvegarde du patrimoine sera de plus en plus nécessaire.

    1. Microforms ou CD-ROM/Claude Goulard : Le diques compact (CD-ROM) au quotidien : dossier documentaire réalisé par Eric Sutter.- ADBS, 1991 retour au texte

    2. Cf : la brochure Kodak D 31 : Storage and preservation of microfilms retour au texte

    3. Recommandations reprises par la norme ANSI IT-9.11-1991 retour au texte