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    Bibliothèques d'art en Scandinavie

    Assemblée générale d'ARLIS/Norden

    Par Jacqueline Viaux, Conservateur en chef Honoraire Bibliothèque Forney

    Les bibliothécaires d'art des pays scandinaves ont coutume d'organiser une fois par an un colloque pour faire le point sur leurs activités et leurs problèmes spécifiques. Cette réunion a eu lieu en 1991 à Helsinki. En 1992, le pays organisateur était l'Islande. C'est donc à Reykjavik que s'est tenue, du 14 au 16 Août, l'assemblée annuelle des représentants des cinq pays : Danemark, Finlande, Islande, Norvège, Suède.

    La présidente Eava Viljanen cherchait un bibliothécaire connu sur le plan international pour ouvrir la session sur le thème "What shall we do as art librarian from the user's point of view ?". C'est ainsi que j'ai été contactée pour exposer mon point de vue sur les qualités et les devoirs d'un bibliothécaire travaillant dans une bibliothèque d'art.

    L'ABF a en effet créé la première, en 1967, une section spécifique pour les bibliothèques d'art. Les anglo-saxons, Grande-Bretagne et Etats-Unis, ont attendu 1969 et 1972 pour organiser leurs associations ARLIS/UK et ARLIS/NA.

    La difficulté du colloque de Reykjavik résidait dans la tour de Babel que représentaient les cinq langues différentes parlées par les participants. Personne ne pouvait s'exprimer dans sa langue maternelle et bien que l'anglais soit largement pratiqué dans les pays nordiques, il n'en reste pas moins que les bibliothécaires butaient souvent sur des termes précis. La chaleureuse et amicale ambiance remédiait à cet inconvénient et les exercices linguistiques étaient toujours fort joyeux. Les participants étaient peu nombreux (environ 50) et avaient de toute évidence l'habitude de travailler ensemble.

    La première journée a été consacrée à l'étude du thème du colloque et s'est terminée par un repas en commun dans un restaurant typique.

    Le deuxième jour, ont eu lieu les rapports d'activités des différentes sections nationales. Certains délégués ont choisi le suédois plutôt que l'anglais, ce qui n'a pas facilité ma participation.

    Les prises de contact avec les collègues, dont très peu participent aux congrès internationaux de l'IFLA, ont été très enrichissantes. Les visites de musées, bibliothèques et différents organismes, qui coupaient les séances de travail, ont été du plus grand intérêt. Le centre de Reykjavik est très peu étendu et permettait de se rendre à pied en quelques minutes dans la plupart des lieux de visite. Le colloque se déroulait à Nordens Hus sur le campus universitaire.

    Ainsi, le professeur Einar Sigurdson nous a fait visiter le bâtiment presque terminé (12 500 m2 ; 5 niveaux) dans lequel doivent être réunies les collections de la Bibliothèque nationale islandaise et de la Bibliothèque universitaire (environ 1 million de volumes). Le dépôt légal a été institué en 1977 et la production de livres paraît faible (880 livres en 1982). Il y a pourtant 60 maisons d'édition. Le problème linguistique limite la production locale. Qui lit l'islandais ? Les 4 000 étudiants (de Reykjavik) ont besoin de la production étrangère.

    Le professeur Sigurdson était très intéressé par le projet de la Bibliothèque de France et de la Bibliothèque nationale d'art et a posé beaucoup de questions. Le N°154 du Bulletin de l'ABF contenant le compte-rendu de la réunion du 12 décembre 1991 a été vivement apprécié.

    Un autre bâtiment du campus abrite la collection de manuscrits islandais rendus par le Danemark en 1960. L'Institut Magnusson, du nom de l'érudit Arni Magnusson (1663-1730), qui étudia le premier ces manuscrits et réussit à en réunir un important fonds, présente cette inestimable collection. Les plus anciens manuscrits islandais remontent au XIIe siècle (sermons, vies de saints, textes juridiques, saga) ; les textes sont en islandais et n'utilisent pas le latin, ce qui est une exception en Europe à l'époque du Haut Moyen-âge. L'illustration est très originale et vigoureuse, et n'a pas été influencée par l'art européen, pas même par l'art islandais.

    Nous avons eu aussi une visite et une réception à la Galerie nationale d'art contemporain. Le bâtiment n'est pas sans intérêt. Situé au bord du lac, cette puissante demeure servait à stocker la glace du lac pour permettre la conservation du poisson en été, d'où son nom Ishusio (Maison de glace). La galerie a été récemment agrandie et peut présenter les meilleures réalisations de l'art islandais des 100 dernières années en peinture et en sculpture. La galerie organise de nombreuses expositions sur des artistes contemporains assez peu connus en France.

    Nous avons eu aussi l'occasion de visiter le musée de plein air (Arba Erjarsafn) et le nouvel Hôtel de Ville, situé aussi sur le lac. Une rapide excursion dans la région des geysers nous a permis de mieux comprendre cet âpre pays.

    Il faut donc remercier la présidente Eeva Viljanen d'avoir fait appel à un bibliothécaire français pour apporter une note internationale à ce colloque nordique.