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Base de données documentaires sur la littérature enfantine

1993
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    Base de données documentaires sur la littérature enfantine

    Un projet international

    Par Caroline Rives, La Joie par les livres

    Le Svenska Barnobokinstitutet (Institut suédois du livre pour enfants) a organisé à Stokholm les 17, 18, 19, et 20 novembre 1992 une conférence internationale intitulée "Les outils de la recherche en littérature enfantine". Si je n'ai malheureusement pas pu suivre la deuxième partie de cette conférence, consacrée à l'histoire de la littérature enfantine en Suède, j'ai participé à la première dont l'objectif était de réunir des responsables de centres de documentation sur la littérature enfantine autour d'un projet de création de base de données documentaires permettant d'accéder à l'information contenue dans les revues spécialisées.

    La conférence a réuni des responsables de centres de documentation et des chercheurs venus de pays scandinaves (suédois, norvégiens, danois et finlandais), ainsi que des participants allemands, français (La Joie par les livres), néerlandais, suisses et autrichiens. Gillian Adams, qui anime les Children's Literature Abstracts, était venue partager nos travaux.

    L'idée est de constituer la base à partir d'un dépouillement partagé des différentes revues. En effet, les centres de documentation spécialisés sont abonnés au même corpus de revues étrangères, leur fonds se différenciant et s'élargissant au niveau des publications nationales. Le dépouillement des périodiques étrangers représente un travail lourd et difficile puisqu'il doit être assuré par des gens ayant des compétences à la fois en littérature enfantine et dans les différentes langues. En pratique, il est en général seulement effectué pour les documents écrits en langue nationale et dans les langues dominantes (anglais, allemand, français, espagnol, italien).

    L'expérience de l'International index to film periodicals, pourrait servir de modèle à ce projet. Créé il y a 20 ans et piloté par l'International Federation of Film Archives, il regroupe 40 organismes et dépouille 40 périodiques, chaque organisme dépouillant les périodiques du pays correspondant, à partir de bordereaux normalisés. Il est publié sous forme de microfiches et paraît 6 fois par an avec un cumulatif général. Chaque bibliothèque participante est abonnée à l'ensemble des périodiques dépouillés, ce qui résout le problème de l'accès aux documents.

    Certains des centres de documentation représentés à la conférence (Association des bibliothèques néerlandaises, Joie par les livres, Centre danois pour les bibliothèques, Institut finlandais pour la littérature enfantine, Bibliothèque internationale pour la jeunesse de Munich, etc) ont présenté leurs fonds et leur travail d'analyse des documents, en particulier dans le domaine des listes d'autorité-matières.

    Des communications plus générales sur les moyens techniques disponibles ou la philosophie générale de l'indexation-matière ont permis d'éclairer la réflexion des participants.

    Gillian Adams a présenté le travail qu'elle réalise dans le cadre des Children 's Literature Abstracts et qui représente le point de départ de ce qui pourrait être la future base documentaire : il s'agit de publication papier du résultat du dépouillement de 223 revues publiées dans 20 pays différents, avec un index cumulatif annuel. La publication de la revue se fait dans le cadre de

    l'IFLA, mais le manque de moyens (Gillian Adams assure la mise en forme de la revue seule et à titre bénévole) rend difficile une évolution du produit sans aide extérieure.

    Après cet échange d'expériences et de données techniques, la conférence s'est transformée en groupe de travail pour étudier la faisabilité de la base sous différents aspects :

    • Le champ de la base : indexera-t-on seulement les articles traitant de la littérature enfantine au sens strict ou prendra-t-on en compte tous les aspects de la lecture des enfants ? Se limitera-t-on à l'indexation des nouvelles parutions ou envisagera-t-on une indexation rétrospective ?
    • La langue utilisée : on s'achemine vers une indexation en anglais, les langues des utilisateurs potentiels étant trop nombreuses pour qu'on puisse satisfaire tout le monde.
    • Le niveau d'indexation : faut-il limiter le nombre de mots-clés utilisables ? Fautil inclure des résumés ou des annotations ? Faut-il traduire les titres des articles en anglais ?
    • Le choix entre un thésaurus ou une liste d'autorité-matière.
    • L'extension de ce travail à d'autres participants : pays anglo-saxons, pays de langue hispanique où la production est abondante, autres zones linguistiques.
    • Les moyens financiers et humains . un groupe de travail sera désigné pour traiter ces problèmes quand le projet sera plus défini en particulier sur le choix des solutions techniques et des modes d'accès (serveur en ligne ou CD-ROM).

    Le pilotage général du projet a été confié à l'Institut suédois du livre pour Enfants. Deux sous-commissions ont été créées dans un premier temps, l'une devant étudier les moyens techniques qu'il faudra mettre en oeuvre et leurs coûts relatifs, l'autre travaillant sur la mise au point d'une liste d'autorité.

    Un souci constant de pragmatisme a présidé à toute la discussion. L'idée n'est pas de concevoir un outil idéal, mais de partir de l'existant pour réaliser un produit susceptible de s'étendre et de s'étoffer. Comme c'est souvent le cas en matière d'informatisation, l'économie de travail sera certainement illusoire : il faudra sûrement pour les périodiques en langue nationale procéder à une double indexation, le public potentiel de la base probablement composé de chercheurs n'étant pas exactement le même que celui des centres, en général plus large. L'intérêt de la base est ailleurs, c'est de présenter pour les chercheurs un outil important d'ouverture sur la recherche internationale, permettant ainsi à l'étude de la littérature enfantine de jouer pleinement son rôle de discipline universitaire légitimée, en particulier dans les pays comme la France, où cette évolution est relativement récente.