Index des revues

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    Par Dominique Lahary, BDP du Val-d'Oise
    Jacques Notaise
    Jean Barda
    Olivier Dusanter

    Dictionnaire du multimédia

    Audiovisuel, informatique, télécommunications

    Paris : AFNOR, 1995. ISBN 2-12-465007-6

    La vague déferlante du multimédia, mise parfois à toutes les sauces, place le professionnel du livre et de la documentation devant une avalanche de termes techniques qu'il est difficile de maîtriser. Ce dictionnaire arrive donc à point. Et tout d'abord, pour préciser le sens de ce terme.

    Les auteurs rappellent d'abord ce qu'on entendait autrefois par multimédia (dans les années 1960, le terme multimédia désignait l'utilisation conjointe de diapositives et de cassettes sonores) pour définir le sens actuel : technique de communication qui tend à rassembler sur un seul support des moyens audiovisuels | . . . / et informatiques [ .. pour les diffuser simultanément de manière interactive. Et de signaler que cette technique nouvelle est née de la convergence de l'informatique, de l'audiovisuel et des télécommunications.

    On retrouve en effet des termes relevant de ces trois disciplines, dont le mariage a lui-même donné naissance à une nouvelle technique, qui a généré un lexique propre. Le choix des entrées a été sélectif : l'ouvrage ne remplace pas, par exemple, un dictionnaire d'informatique. Même s'il comporte la définition d'un grand nombre de termes informatiques faisant sens indépendamment du multimédia, d'autres n'y figurent pas, comme index ou répertoire, et certaines acceptions manquent (il est question d'émulation mais pas au sens d'émulation de terminal). Un certain nombre d'entrées sont l'occasion de définitions divergeant selon les disciplines (comme cache ou trame).

    Les auteurs s'appuient sur une réelle réflexion sur la langue, qu'ils développent dans les articles calque et emprunt et motivation, et donnent systématiquement l'étymologie des noms communs. Bien qu'ils en tiennent pour l'usage contre la réglementation, ils s'insurgent contre certains emprunts de l'anglais, au demeurant souvent issus du vieux français (1) , et plus encore contre certains calques qui aboutiraient à des aberrations en français, comme interface utilisateur ou ingénieur système. Certes, l'informatique, cette voleuse de mots (2) , diffuse nombre de tournures apparemment insolites. Mais ne devons-nous pas depuis longtemps au génie de la langue française certaines compressions grammaticales savoureuses ? Le lapin chasseur, le poulet basquaise, le hareng pomme à l'huile ou le museau vinaigrette n'ont jamais choqué aucun bibliothécaire jeunesse.

    On ne regrettera certes pas le parti pris résolument francophone des auteurs (3) qui s'autorisent bien moins d'entorses que n'en tolère l'usage. Seul wysiwyg (what you see is what you get) est préféré au rare tel écrit tel écran. Mais si les équivalents anglais sont donnés entre parenthèse, il est fort dommage qu'un index anglais-français n'ait pas été prévu. Seuls certains termes anglais sélectionnés figurent dans le corpus, mais à titre de renvoi. On constate parfois le caractère intraduisible de certains termes. C'est ainsi que l'expression payper view n'est pas définie mais renvoie à trois entrées (télévision à péage, télévision interactive, vidéocommunication) qui n'épuisent pas son sens, quand ils ne le travestissent pas.

    Les entrées sont des noms communs ou des expressions, des noms propres (de programmes, de firmes...) ou des sigles, qui sont systématiquement développés. Les définitions sont tantôt courtes, tantôt développées et complétées par des informations techniques, économiques au point de former un article de dictionnaire encyclopédique, au besoin illustré de schémas. On trouve fréquemment des éléments de bibliographie et des cor-rélats avec d'autres entrées. Il arrive toutefois qu'un terme utilisé dans une définition ne fasse pas l'objet d'une entrée alors qu'on aurait pu le souhaiter (unité centrale, hyperlien, logiciel système, logiciel d'application....).

    De même que les autoroutes de l'information, Internet fait l'objet d'une entrée. Mais on cherchera en vain les termes les plus employés dans le cadre des applications qui lui sont liées, même de celles qui relèvent sans conteste du multimédia, comme le World Wide Web. Et l'article sur le protocole TCP/IP cite Ether-net, Token Ring et FDDI mais pas Internet.

    Ces réserves faites, cet ouvrage demeure un instrument de travail précieux, pour le lecteur averti dans une des disciplines traitées comme pour le novice. D'autant plus précieux qu'il n'apporte pas seulement des informations techniques, mais aussi historiques, économiques, institutionnelles et culturelles. Qu'est-ce qu'une bande passante ? Quels sont les principaux câblo-opérateurs français ? Quelles sont les différents types de bases de données et comment fonctionnent-elles ? En quoi consiste la fibre optique et quelle est sa diffusion ? Qu'entend-on par architecture client-serveur? Quelle est la différence entre une image en mode vectoriel et une image en mode points? Qu'apporte la simulation virtuelle? Quelles sont les principales caractéristiques de la télévision en France ? À ces questions et à bien d'autres encore, ce dictionnaire apporte des réponses claires et précises.

    1. On apprend ainsi que browsing est issu du vieux français brost (pousses de jeunes taillis), lequel a notamment donné brouiller, broutille et brouter. retour au texte

    2. Elle s'empare de mots communs pour les restituer avec un sens différent. C'est ainsi qu'une bibliothèque est un fichier contenant des programmes. retour au texte

    3. Tel n'est pas le cas de l'ouvrage de Férid Jémaa intitulé Multimédia : 2 500 mots pour comprendre (Eyrolles, 1995), dont toutes les entrées sont en anglais, les termes français figurant dans une table thématique et un index alphabétique. retour au texte