Index des revues

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    Les temps modernes


    Tel est le nom choisi pour la toute nouvelle médiathèque de Taverny, une élégante construction de verre et d'acier, inaugurée en mars dernier, au cours de 2 journées mémorables où elle a accueilli six-mille visiteurs : le quart de la population de cette cité du Val d'Oise dont 30% des habitants ont moins de vingt ans, Jacqueline Gascuel a rencontré son conservateur, Alain Pansu, pour lui poser quelques questions.

    JG : Le nom qui a été choisi pour la Médiathèque de Taverny, est riche de sens. Est-ce vraiment la première bibliothèque intelligente, comme l'a dit Livres-Hebdo ?

    AP : Non on ne peut dire ça ! c'est beaucoup plus simple : alors que la culture technique est étrangère à beaucoup de nos collègues, et parfois les inquiète, j'ai au contraire souhaité étudier ce que certaines techniques pouvaient nous apporter au niveau même de la conception du bâtiment. J'étais à la recherche du plan le plus intelligent... pour aujourd'hui et pour demain !

    JG : C'est à dire de la flexibilité des espaces ?

    AP : Le problème de l'introduction des nouveaux supports c'est qu'ils figent l'organisation parce qu'ils exigent un câblage important : pour la consultation du catalogue, des bases de données, des audiovisuels, pour la gestion des prêts, etc. J'avais visité la bibliothèque municipale de Clichy qui avait été câblée avec BCS (Building cabling system de Bull). J'ai voulu aller plus loin : faire qu'aucune décision d'implantation des appareils ne soit irréversible. Les techniciens ont réfléchi et nous ont proposé un système très performant : tout passe par le même câble.

    JG: Voilà qui est simple !

    AP : Oui, encore qu'il faille aller voir notre armoire de brassage : une quantité impressionnante de fils qu'il faut relier selon les choix faits. Chaque circuit a une arrivée et un départ. L'arrivée c'est le poste de consultation, le départ c'est selon les cas l'ordinateur, le modem, le magnétophone, etc... Un peu partout dans les services, ont été posées des boîtiers qui permettent de brancher les appareils.

    JG: Quel intérêt pratique ?

    AP : Nous pouvons déplacer tous les postes de travail, balader la banque de prêt, nous adapter à la demande du public, faire évoluer notre parc d'outils techniques... Naturellement, le catalogue est aussi accessible depuis l'extérieur, par Minitel.

    JG : Et pourquoi ces casques d'écoute à infra-rouge ?

    AP : Les usagers peuvent s"installer partout, écouter en lisant une revue, profiter d'un recoin tranquille, etc. Là aussi tout est possible...

    JG : Mais vous risquez des vols ?

    AP : Non bien sûr, beaucoup moins qu'avec les casques traditionnels : que voulez-vous qu'on fasse d'un casque si on ne possède pas la platine correspondante ? Il s'agit d'un appareil spécial, coûteux qui émet le signal reçu par ces casques...

    JG : Tout ceci fonctionne sans contrainte particulière ?

    AP : Je ne vois qu'une seule chose à signaler : notre alarme électronique était raccordée au commissariat très proche, mais nous avons dû veiller à avoir une ligne téléphonique spéciale pour cette alarme, sinon par l'intermédiaire du Minitel n'importe qui pouvait rendre la liaison indisponible... Certains de nos lecteurs sont pleins d'imagination et parfois très compétents en informatique ou en électronique : j'en ai trouvé un qui s'efforçait de recopier des données d'un CD-Rom sur son micro-ordinateur.

    JG : C'est la version moderne de la photocopie...

    AP : Peut-être, mais je ne peux pas laisser ce pillage s'instaurer : j'obtiens d'importantes remises des fournisseurs dont la médiathèque peut devenir une vitrine.

    JG : Vous êtes un partisan convaincu de la présentation multimédia des documents : qu'en pensent vos lecteurs ?

    AP : j'ai une collections de vidéos documentaires très importante : j'ai souvent acheté tout le catalogue d'un éditeur, avec de sérieuses remises, ou bien j'ai recherché des filons, par exemple le fonds documentaire de la SNCF, particulièrement riche et intéressant : rendez-vous compte, j'ai en vidéo "Pacific 231" des années vingt ! Le fonds de l'INSEP est également très précieux pour répondre à la demande des jeunes qui s'intéressent au sport. Les lecteurs trouvent regroupés tous les supports sur un même sujet, ils l'apprécient beaucoup.

    JG : J'ai remarqué en effet tout le folklore enregistré classé avec les ouvrages de géographie, c'était très parlant. Mais qu'en est-il de la fiction ? Avez-vous, comme à Saint-Quentin par exemple, une rubrique "cinéma" ?

    AP : Non bien entendu, la Médiathèque n'est pas un vidéo-club ! Les films sont classés avec les romans par nom d'auteur - auteur d'où l'oeuvre est tiré ou auteur du scénario. Les lecteurs sont parfois désorientés, ils pédalent dans la semoule - mais ils peuvent chercher dans les catalogues. Et si nous décourageons une démarche de type "vidéoclub", tant mieux. D'ailleurs les emprunts de livres sont plus nombreux que les emprunts de documents sonores ou audiovisuels...

    JG : Comme dans toutes les bibliothèques municipales ! il n'y a guère que dans certaines bibliothèques de CE que la demande s'inverse. Et si ce résultat vous étonne, c'est peut-être parce que vous avez commencé votre carrière dans une entreprise...

    AP : Il est certain que cette expérience est utile : elle conforte une pratique novatrice... et une politique d'acquisitions et de mise à disposition des documents très rapide - pour les nouveautés huit jours nous suffisent pour mettre en place, et 24 h s'il y a une demande urgente. Parfois le catalogage intervient bien après la mise en service : à chaque prêt l'ISBN est enregistré, nous pouvons donc avoir la liste des documents sortis par ISBN et faire de la reprise de notices grâce à Electre.

    JG : j'ai remarqué que le nombre des lecteurs inscrits progresse très vite.

    AP : C'est une autre histoire ... qui est loin d'être achevée.

    Vignette de l'image.Illustration
    Fiche technique