« Cette étude approfondie se veut lecture divertissante » disait, dans nos colonnes, Françoise Hecquard de la première édi- tion de cet ouvrage (Bulletin d'informations de l'ABF, no148). Je ne sais si c'est pour le travail approfondi de dépouillement ou pour la « manière légère et drôle dont les textes - ou les scénarios - sont présentés, toujours est-il qu'en moins de trois ans l'ouvrage s'est épuisé. Il a donc fallu que les auteurs reprennent leur travail - et tout d'abord le complètent de la moisson des nouvelles références réunies : 115 textes litté- raires et 33 films, ce qui porte à près de 400 les œuvres recensées. Et plus encore que précédemment ce recueil trouve sa place aussi bien dans la bibliothèque des lecteurs que dans celle du bibliothécaire, même s'il paraît toujours dans la collection Bibliothèques.
Quelques-unes des nouvelles références sont des œuvres qui avaient échappé à la vigilance des auteurs lors de la précé- dente édition, mais la plupart correspondent à des ouvrages publiés depuis ou à des films récents. Le lecteur de la pre- mière édition cherchera donc à savoir si les stéréotypes ont évolué, si des thèmes nouveaux sont apparus. Et il découvrira que les bibliothèques, dans leur diversité, semblent mieux connues des auteurs. Ceci explique sans doute que se nuan- cent les stéréotypes, que disparaissent les gags désormais trop classiques, voire sans fondement (où trouve-t-on encore des échelles pour accéder aux rayonnages élevés ? Combien de lecteurs, ou même de bibliothécaires, savent que ce fut jadis la règle commune ? ... tout comme l'absence de chauf- fage ou de lumière électrique). Aux thèmes très rebattus se substituent désormais d'autres visions, dérivées de la re- connaissance sociale de la bibliothèque ou de l'imaginaire post-électronique... Le vol, les livres non rendus, le pilon font leur entrée en littérature, tout comme « la grande marée écranique », la TGB ou les bibliothèques immatérielles. C'est souvent dans le miroir de la littérature enfantine que les bibliothécaires trouveront une image valorisante ou at- tendrissante de leur corporation : ils volent au secours des lecteurs dans l'adversité, militent dans les mouvements fémi- nistes, découvrent des talents inconnus, deviennent gardiens des âmes ,. Mais la vision peut aussi se faire sarcastique : les bibliothécaires qui détestent les livres - et les remplacent par des documents numérisés - sont les « démons des coulisses » et les bibliothèques sont devenues des lieux suspects, envahis par tous les bruits du monde, plus propices au tourisme qu'à la lecture studieuse...
Cependant certains thèmes déjà connus sont éternellement recommencés : la bibliothèque reste pour l'écrivain un pay- sage mythique, où se mêlent le vertige engendré par la mul- titude des textes, le rituel des allées et des travées, les odeurs du papier et du cuir, le mystère des pas ou des voix assourdis. Un décor idéal pour des rencontres amoureuses... ou fantas- magoriques.
Si les œuvres nouvellement introduites n'ont entraîné que peu de modifications de l'index, elles ont en revanche conduit les auteurs à modifier l'intitulé et l'ordre de leurs chapitres : on y voit apparaître Le mythe d'Alexandrie et celui de Babel, Méditations de magasiniers, Le bibliothécaire assisté par ordinateur, Cauchemars, etc. Bref cette édition renou- velle la vision précédemment donnée de toutes ces drôles de bibliothèques. A suivre !