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    Par Jacqueline Gascuel

    Évaluer pour évoluer

    L'évaluation en bibliothèque, compte rendu de la journée d'étude du 17 janvier 1992 [...] -

    Paris : Bibliothèque publique d'information, 1995. - (La BPI en actes). ISBN 2-902706-87. Prix : 100 F.

    Il s'agit d'un deuxième tirage, sous la nouvelle maquette de la collection « La BPI en actes », du compte rendu d'un colloque qui s'est déroulé il y a plus de trois ans. Et entre temps est paru dans la collection « Bibliothèques l'ouvrage dirigé par Anne Kupiec : Bibliothèques et évaluation. Certes on ne saurait se plaindre d'avoir plusieurs ouvrages qui traitent d'un même thème, et il faudrait plutôt déplorer que la bibliothéconomie française demeure aussi modeste dans ses ambitions éditoriales. Mais sur un sujet aussi sensible, les idées évoluent vite et la bibliographie s'enrichit. Celle qui clôt le compte rendu du colloque, s'arrête en 1991 - et comporte surtout des articles parus dans le Bulletin des bibliothèques de France et le Bulletin de l'ABF, au cours des années quatre-vingts - mais sur ce thème les ouvrages en anglais sont innombrables (1) .

    Quant aux idées, elles émergent difficilement et commencent seulement à avoir une certaine pertinence. Une première distinction s'impose entre statistiques et évaluation. Pour les premières nous pouvons remonter à près de trente ans en arrière : 1970 pour les BM (et même avant si on tient compte d'un article de Louis Yvert couvrant la période 1940-1969), 1955 pour les BCP et les BU... Et quand Bertrand Calenge ou Dominique Arot interviennent au colloque de 1992 - leurs interventions sont très marquées par le souci, louable au demeurant, d'améliorer la collecte et l'exploitation des statiques. Nous savons que les nouveaux questionnaires de la DLL sont plus simples, que l'outil informatique en permet une exploitation plus fine (je n'ai pas écrit plus rapide). Mais l'évaluation dans tout cela ? les évaluations sont des données fournies en termes d'objectifs. " nous précise Bertrand Calenge. L'évaluation serait donc une approche prospective... faute peut-être de disposer de moyens pour une approche qualitative. Car comme le souligne Geneviève Boisard, à propos des travaux de l'IFLA, il est plus facile de parler d'évaluation que d'en faire. Il y faudrait qu'un consensus s'établisse sur ces objectifs : en terme de « quantité , de qualité », de « délais » (ou le Tout, tout de suite, pour tout le monde s'avère illusoire !)...

    Pour l'évaluation de la fréquentation par exemple, Anne-Marie Bertrand souligne avec pertinence que nous manquons d'indicateurs fiables : qu'est-ce que le public ? Les emprunteurs ?, les inscrits ? les entrants ? - elle aurait pu ajouter les touristes, ceux qui viennent pour visiter au passage, à la différence des entrants qui peuvent être fidèles (mais peut-être ne venir que pour exploiter les tables, les chaises, la lumière et le chauffage comme le dit avec humour François Reiner). Et si l'usage social de la bibliothèque, les pratiques multi-support, la recherche documentaire aboutie, étaient des pratiques non mesurables, non quantifiables - et cependant les seuls vrais signaux de performance d'une bibliothèque ? Et il en va de même des nouveaux territoires » (2) , là où les bibliothécaires travaillent « hors les murs », consacrent beaucoup de temps et de savoir faire à aller au devant d'un autre public : ils ne figurent dans aucun relevé statistique. Il semble, à lire l'intervention de Marie-Dominique Heusse, que les bibliothèques universitaires disposent d'instruments plus performants, tableaux de bord, commission d'évaluation - et soient mieux à même d'avoir un retour, (en termes de produits comme de clients) de ces évaluations... pour évoluer.

    Je crains que le Bulletin de l'ABF n'ait jamais rendu compte de l'ouvrage dirigé par Anne Kupiec, et il est bien tard pour le faire, la plupart de nos lecteurs l'ayant probablement déjà lu ! Si on s'amuse à le comparer à l'ouvrage ci-dessus (je dis bien amuser, car la démarche n'est peut-être pas très sérieuse), on mesure toute la distance entre un colloque où le discours est rapide, anecdotique, et un ouvrage pensé comme écriture, avec son argumentation solidement construite, ses notes, ses références. Même si certains défauts persistent et notamment la propension de quelques-uns à parler de statistiques plutôt que d'évaluation.

    1. Sur l'évaluation et bibliothèques Alain Gleyze relève dans la base Pascal 1 300 références en anglais contre 149 en français, pour la période 19721993 in Bibliothèques et évaluation., op. cit., p. 71. retour au texte

    2. Autrefois on parlait d'activité d'extension le métier de bibliothécaire resterait-il un métier de conquérant - comme le disait H. Vendel ?, dans les années trente. retour au texte