Index des revues

  • Index des revues
    ⇓  Autres articles dans la même rubrique  ⇓
    Par Dominique Lahary

    L'avenir des formats de communication

    Actes = The future of Communication Formats: Pro-ceedings

    Conférence internationales organisée par la Banque internationale d'information sur les États francophones de l'ACCTet la Bibliothèque nationale du Canada. - Hull: Banque internationale d'information sur les États francophones, 1997. - 229p.Disponible auprès de la BIEF 25, rue Eddy, Hull, Canada K1A OM5, tél. (1) (819) 997-3857, fax (1) (819) 953-3384, Mél. acct@fox.nstn.ca, http -.//acctbief.org.

    En octobre 1996 eut lieu à la Bibliothèque nationale du Canada une conférence internationale qui réunit plus de 150 professionnels de l'espace francophone, mais aussi anglophone. Cette publication reproduit quinze communications, dont sept en anglais et huit en français, ainsi que, dans les deux langues, un rapport général de Marcelle Beaudiquez, qui, outre qu'il constitue une utile synthèse, offre quelques échos des débats non publiés de cette importante manifestation.

    Y trouvera-t-on une réponse à la question que bien des bibliothécaires se posent : quel est l'avenir de « nos " formats? Pas exactement. La matière apportée par ce volume est à la fois plus modeste et plus ambitieuse. Plus modeste, car la question de l'avenir des formats bibliographiques actuels est abordée avec prudence.

    Plus ambitieuse, car le propos est bien plus large, embrassant l'ensemble des formats d'image ou de texte en usage notamment sur Internet, et plus généralement les questions de standardisation de l'information.

    Après une introduction inspirée de Derrick De Kerckhove, un hymne au monde du Web (Webness) au lyrisme un peu unilatéral, on découvre, sous le titre « Les formats bibliographiques : à conserver? à modifier? à rejeter? », trois contributions qui, pour ne pas répondre brutalement à la question, n'en sont pas moins riches.

    Tom Delsey, de la Bibliothèque nationale du Canada, livre un historique des formats MARC. Il montre qu'ils se sont étendus à la description de divers types de documents, et aborde la question de l'adaptation aux changements de l'environnement technologique, notamment aux structures des bases de données permettant maintenant des liens entre notices. Soulignant certaines insuffisances et incohérences des formats MARC, Tom Delsey plaide pour une évolution graduelle et non des changements radicaux. Il reconnaît que la structure MARC ne s'est pas étendue en dehors de la communauté des bibliothécaires. Il justifie en définitive le maintien de formats MARC par l'importance des investissements consentis et le nombre et l'énormité des bases constituées. On peut observer que ces arguments de poids ne sont pas de nature technique.

    Françoise Bourdon présente les choix de la BnF en matière de format d'échange et de travail. Cet exposé qui aborde l'ensemble de la situation française échappe au plaidoyer pro domo puisque les avantages, mais aussi les inconvénients de la gestion de deux formats différents sont abordés.

    Enfin Alain Hopkinson (Middlesex University) présente le CCF (Common Communication Format), un format MARC simplifié élaboré sous l'égide de l'UNESCO, peu connu en Francdoù a prévalu le tout-UNIMARC et que l'intervenant présente comme davantage adapté aux petites bibliothèques. Il signale au passage que la complexité de la structure de la norme ISO 2709 (norme mère des formats MARC) est une garantie contre le pillage intempestif des notices.

    Une seconde partie aborde la question des formats Internet.

    Terry Kuny brosse avec toute la clarté possible le paysage complexe des normes et standards utilisés sur Internet. Jean-Marc Czaplinsky, de la BnF, présente la norme Z39. 50. Les tableaux illustrant sa communication sont malheureusement illisibles : on se reportera à sa contribution dans le numéro 174 du Bulletin d'informations (1) .

    Enfin, Adel El-Zaïm et Sylvie Tellier, partant de la situation d'Internet où s'accumule une masse considérable de données non structurées, exposent diverses initiatives en vue de baliser ce chaos, notamment les « metadata » (cette « indexation des documents HTML), avant de conclure que SGML, malgré le coût de sa complexité, constitue une perspective sérieuse.

    Sous le titre « Les formats de l'édition électronique », nous retiendrons deux contributions qui se recoupent en partie mais sont fort instructives : celles de Jacques Chaumier et de Normand Montour.

    Le premier conclut sa revue de détail en convenant que « nous n'en sommes qu'à la Préhistoire du format logique » mais frustre au passage le lecteur en disant n'avoir pas le temps de « s'arrêter, en matière de SGML, sur la notion de format d'échange et de stockage ». Car bien des débats et publications sur les formats font l'économie de cette distinction pourtant utile. Normand Montour convainc ou amuse plus par ses observations technologiques (le format PDF, qui reproduit à l'écran l'aspect du document imprimé, est du « papier sous verre ,, le navigateur et ses programmes associés constituent une « foire aux technologies embryonnaires ») qu'en prédisant que « la bibliothèque comme lieu physique qui deviendra un musée.

    Sous la rubrique « Les formats multimédia », Marcelle Beaudiquez en présentant le projet Bibliotheca uni-versalis (2) et Beth Sandore en s'appuyant sur deux expériences américaines abordent notamment le problème de la description et de l'indexation des images (caractéristiques techniques et légales, contenu), par des notices bibliographiques ou des « metadat ».

    La boucle est enfin bouclée dans la dernière partie qui présente deux expériences de conversion de formats MARC en SGML. Sally McCallum, de la Bibliothèque du Congrès, pour justifier cette entreprise, s'appuie sur trois hypothèses fondamentales : il faudra à l'avenir gérer à la fois des documents électroniques et de grandes masses de documents imprimés ; le catalogage distinct du document demeure essentiel; celui-ci continuera à exiger une intervention humaine notamment pour l'analyse du contenu. Le modèle expérimental de conversion du Congrès est plus complexe que celui de la BIEF présenté par Claude Schnéegans et Robert Dupuy, mais tous deux démontrent à quelques détails près la faisabilité de l'exercice, puisque SGML est à la fois plus souple et plus arborescent. Voilà donc une éventuelle sortie « par le haut pour les formats bibliographiques. L'avenir dira si elle est susceptible de se généraliser à des coûts acceptables.

    On le voit, l'heure est encore aux expérimentations et au foisonnement. Claude Schnéegans et Robert Dupuy se demandent plaisamment si nous allons « assister à une prolifération de normes locales plus simples, ou au contraire voir naître une norme globale et universelle, une énorme norme ". Et, ce qui complique la vie des bibliothécaires, c'est qu'ils sont désormais dans une cour commune et y rencontrent des formats qui ne viennent pas d'eux. Entre le maintien de formats bibliographiques et la dilution dans les standards plus généraux, entre la persistance d'un catalogage autonome et la fécondation des documents électroniques par les concepts catalographiques, tensions, divergences et compromis s'esquissent. Cette stimulante publication fournit un certain état de la question en octobre 1996 - ce n'est pas si vieux.

    1. Page 77. retour au texte

    2. Voir Bulletin n° 174, p. 133 retour au texte