Index des revues

  • Index des revues
    ⇓  Autres articles dans la même rubrique  ⇓
    Par Dominique Fourment
    Serge Martin

    Les contes à l'école

    Le (s) petit (s) chaperons rouge (s)

    Paris : Bertrand Lacoste (Coll. Parcours didactiques à l'école), 1997. ISBN 2-7352.1308-0.

    Après la récente parution aux PUF du livre remarquable qu'il a écrit avec Marie-Claire Martin, Les Poésies, l'école, Serge Martin nous livre ici les fruits de ses réflexions sur l'usage ou plutôt les usages du conte à l'école. La première partie de l'ouvrage consacrée à un parcours - un peu rapide, de l'aveu même de l'auteur, - de l'appareil critique et des «théories de référence » est assez décevante. Vladimir Propp, bien égratigné au passage, est accusé de réduire les contenus à des formes. Mais peut-on ne résumer le travail de défricheur et de précurseur de l'auteur de Morphologie du conte qu'à un pur formalisme? Dans le chapitre «Figures mythiques, lectures psychanalytiques ,, Marthe Robert ne s'en tire pas mieux. Elle n'aurait eu qu'une vision restrictive du conte, qu'elle aurait exclu - tout en prétendant faire le contraire - de la «vraie littérature... C'est d'ailleurs l'ensemble de l'approche psychanalytique de cette question que l'auteur semble remettre en cause, faisant sienne cette remarque que Pierre Péju faisait à propos de Bruno Bettelheim :«(...) nous gardons un sentiment pénible d'étroitesse, comme si toutes les histoires racontaient toujours la même histoire». C'est oublier, par exemple, le travail passionnant mené par quelqu'un comme Pierre Lafforgue, psychiatre pour enfants, psychanalyste et fin connaisseur du conte, auteur du Petit Pou-cet deviendra grand: le travail du conte, paru chez Mollat.

    La deuxième partie du livre est beaucoup plus intéressante. Elle propose une véritable lecture comparative des contes - s'articulant autour du thème du petit chaperon rouge et de ses nombreux avatars. Fondée sur un certain nombre de propositions concrètes à réaliser en classe, fournissant matière à réflexion plutôt que recettes toutes faites, la démarche de l'auteur devient convaincante. Vibrant plaidoyer pour le conte sous toutes ses formes, l'ouvrage fait également une place très large et très pertinente à une analyse à part entière de l'illustration. Erudit, intelligent, sensible, destiné, c'est certain, davantage aux enseignants qu'aux bibliothécaires ou aux conteurs, il faut qu'il trouve sa place sur les rayonnages des BCD pour que se dessinent, entre les murs de l'école, mille «ouvertures dans la forêt des contes ».