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Le programme Hungarica à la bibliothèque nationale

1990
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    Le programme Hungarica à la bibliothèque nationale

    Par Nicole Simon, Directrice du département des Entrées étrangères Bibliothèque nationale.

    MISE EN PLACE DU PROGRAMME

    Ainsi que le signale Nora Borsos dans l'article précédent, les prémisses du projet Hungarica remontent au souci manifesté, par les autorités hongroises dans les années soixante-dix, de répertorier tous les documents relatifs à la culture hongroise, pouvant se trouver dans les bibliothèques du monde entier. Vaste et ambitieux programme, qui s'accomplit patiemment, pas à pas. En témoigne par exemple cette réunion tenue à Budapest le 11 juin 1990 dans le cadre du "19 Arbeits-und Fortbildungstagung der AB-DOSD (Arbeitsgemeinschaft der Bi-bliotheken- und Dokumentationsstellen der Osteuropa-, Südosteuropa- und DDR- Forschung)"; y fut exposé l'état d'avancement des Hungarica dans les endroits suivants : Finlande, Bibliothèque nationale d'Estonie, bibliothèques des universités anglaises, British library, Pays-Bas, Hoover Institution à Stanford, bibliothèque de l'Université de Gôttingen, Ungarisches Institut in München, Bayerische Staatsbibliothek München, Staatsbibliothek Preussischer Kulturbesitz. La Library of Congress de son côté, dès les années quatre-vingt, a mis sur pied un catalogue collectif des Hungarica de quelques 600 bibliothèques américaines. Le "Colloque européen des centres de hungarologie" des 10-12 octobre 1990 organisé par "le Centre interuniversitaire d'études hongroises" (Université Sorbonne-Paris III) a, parmi d'autres objectifs, l'ambition de constituer, "un réseau européen de documentation dans la perspective d'un système d'échanges informatisés qui suppose au préalable la compatibilité des moyens informatiques".

    Cependant, les auteurs du projet français sont la Bibliothèque nationale, le CIEH, et ultérieurement la Bibliothèque nationale de Budapest.

    C'est à la suite d'une rencontre, en février 1986 entre M. Bertrand Boiron du CIEH (créé depuis quelques mois seulement), et Mlle Marie-Renée Morin alors directrice du département des Entrées étrangères, que fut mis en place en collaboration le projet de répertorier les Hungarica de la BN. Une convention fut signée en juillet 1986 entre la Bibliothèque nationale et l'Université de la Sorbonne Nouvelle-Paris III (Centre interuniversitaire d'études hongroises) ; cette convention a été renouvelée en 1989. Elle précise que "les actions entreprises aboutiront à la constitution d'un ensemble de données bibliographiques aux fins de consultation et de publication sous forme de coédition entre l'Université de la Sorbonne Nouvelle - Paris III (Centre interuniversitaire d'études hongroises), et la Bibliothèque nationale ; dans le cas où cet ensemble de données serait entré dans un fichier informatisé, l'Université de la Sorbonne Nouvelle - Paris 111 (Centre interuniversitaire d'études hongroises) y aurait libre accès. Un contrat particulier devra être établi entre les parties pour la mise au point des modalités d'exploitation et de coédition".

    A la suite de contacts pris par la BN et le CIEH, la Bibliothèque nationale Széchényi de Hongrie participe au projet français depuis 1987, sous deux formes : dépouillements réalisés sur place en Hongrie des catalogues imprimés de la BN; envoi en mission de bibliothécaires hongroises (3 mois par an) pour participer aux dépouillements des fichiers, et élaborer le projet du catalogue. Cette collaboration s'est concrétisée par la signature en octobre 1989 d'une convention entre la Bibliothèque nationale en la personne de M. Emmanuel Le Roy La-durie, et la Bibliothèque nationale Széchényi de Budapest en la personne de M. Gyula Juhasz ; après avoir fait référence au travail engagé avec le CIEH, le texte précise l'objet de la convention : "une coopération scientifique est établie entre la Bibliothèque nationale de France et la Bibliothèque nationale de Hongrie qui a pour objet la poursuite de la collecte de notices et leur exploitation afin de réaliser l'inventaire des Hungarica (ouvrages rédigés par des auteurs hongrois ainsi qu'ouvrages relatifs à la Hongrie) conservés à la Bibliothèque nationale de France. Les actions entreprises aboutiront à la constitution d'un ensemble de données bibliographiques entré dans un fichier informatisé aux fins de consultation et de publication. Un contrat particulier devra être établi ultérieurement pour la mise au point des modalités d'édition".

    DÉFINITION DES HUNGARICA

    Cette définition a été mise au point avec l'aide de nos collègues hongrois. Cela recouvre les ouvrages des auteurs hongrois, en langue hongroise, traduits du hongrois, qu'ils soient édités en Hongrie ou à l'étranger ; les ouvrages édités en Hongrie ; les ouvrages concernant la Hongrie et tous les aspects de sa civilisation. Lors de la dernière visite de mise au point du catalogue faite par Nora Borsos à Budapest en février-mars 1990, elle s'est fait préciser les critères selon lesquels une personne ou une oeuvre entre dans la catégorie des Hungarica, notamment pour le service du fichier d'autorité (Magyar névkataszter), à la Bibliothèque nationale de Hongrie, qui rassemble déjà environ 20.000 noms de personnes (depuis 1880) : "en ce qui concerne les collectivités, il n'y a pas de problème, leur statut, lieu ou dénomination détermine leur appartenance. Pour les personnes physiques, c'est un peu plus complexe : très brièvement sont pris en considération, le lieu de naissance, le lieu de l'établissement scolaire ou universitaire ; la possession de diplômes d'études supérieures est souvent déterminante, ainsi que la langue utilisée par la personne en question, mais principalement le choix par la personne concernant son appartenance nationale ; pour les Hongrois (ou supposés tels), vivant ailleurs qu'en Hongrie, différents codes sont attribués selon qu'ils sont de la 1ère, 2ème ou 3ème génération".

    QUI RÉALISE LE TRAVAIL ? ET MOYENS MIS EN UVRE

    Depuis 1986, Agnès Jarfas accomplit avec une grande compétence les différents travaux nécessaires à la réalisation du catalogue, sous la responsabilité de Nora Borsos ; elle est rémunérée selon la convention sus-dite à moitié par la BN, et à moitié par le CIEH. La BN, outre les locaux, a mis à la disposition du projet différents matériels (lecteur reproducteur de microfiches, photocopieurs...).

    Lorsqu'en 1987 la BN de Budapest s'est jointe au programme, elle a désigné Aniko Nagy, Conservateur en Chef de section de la rédaction de la Bibliographie nationale des périodiques, comme Chef du projet pour le côté hongrois. Elle a rempli cette fonction avec une grande efficacité venant en mission chaque année, pour participer aux dépouillements des catalogues et faire le point sur le travail en cours ; elle a été accompagnée, selon les années, de plusieurs de ses collègues, Anna Bacsvari, Ildikô Bihari, Julia Fülôp, Julia Gai, à raison de 3 mois au total de mission, par an, pour le côté hongrois depuis 1988.

    En outre, le côté hongrois a mis à la disposition du projet un certain nombre de personnes, chargées en Hongrie même, de dépouiller le Catalogue général auteurs, le Catalogue 1960-1969 et ses suppléments pour les langues slaves.

    LE POINT DU PROJET

    Le catalogue comprendra toutes les notices de la BN jusqu'en 1979. Cette date a été choisie car elle correspond à la fin de la dernière tranche décennale des catalogues de la BN, qui sera versée dans la base BN-OPALE dans le courant de l'année 1990 ; à partir de 1970, tous les imprimés de la BN, se trouveront dans BN-OPALE.

    L'évaluation initiale du travail avait été d'environ 3400 heures de travail pour les 2.500.000 notices du Catalogue général à dépouiller et à 4000 heures pour les 3 millions de notices des catalogues sur fiches.

    Le dernier bilan établit que le catalogue Hungarica de la BN devrait comprendre environ environ 27.000 fiches, dont :

    • catalogue général imprimé (fait par la BN de Hongrie), environ 2,1 M notices : 6000 fiches.
    • catalogue 1960 - 1969 (fait par la BN de Hongrie), environ 675.000 notices : 5500 fiches.
    • supplément au catalogue général (1885-1959), dépouillement de 2890 microfiches, environ 1.250.000 notices (fait pour les trois-quarts par Agnès Jarfas, et pour un quart par les missionnaires hongroises) : 5669 fiches.
    • supplément au Catalogue général, 1970 -1979, environ 957. 100 fiches (fait par Agnès Jarfas) : 9975 fiches.

    L'ensemble des dépouillements est terminé à la date de fin juin 1990, ayant nécessité environ 3029 heures de travail du côté français, uniquement pour le travail de repérage de 16894 notices. Le côté hongrois a consacré de son côté 5550 heures à cette entreprise pour 11500 notices.

    QUE RESTE-T-DL À FAIRE ?

    Un travail important d'unification des vedettes a déjà été fait au fur et à mesure du repérage des notices, par Agnès Jarfas, et l'équipe des bibliothécaires hongroises : de nombreuses erreurs de vedettes ont été relevées (prénoms pris pour le nom...). Cette tâche doit être terminée, ce qui permettra ensuite de fusionner les fiches provenant des deux sources, française et hongroise, et de mettre, en les reproduisant, un exemplaire du fichier total à la disposition de la BN de Paris, de la Bibliothèque nationale de Budapest, et du CIEH à Paris. En principe la modalité de reproduction devait être la photocopie, mais nous étudions la possibilité de faire une reproduction en microforme, ce qui élargirait la possibilité de diffusion.

    L'ÉDITION DU CATALOGUE

    L'objectif est maintenu d'informatiser les données recueillies, mais les modalités restent à étudier, étant donné le coût de la saisie. Nous envisageons de profiter du programme de conversion rétrospective qui va permettre la saisie informatisée de tous les catalogues de la BN, dans le cadre du projet Bibliothèque de France, pour récupérer ultérieurement celles du catalogue Hungarica, et en faire une édition particulière.

    CONCLUSION

    La réalisation de ce catalogue des Fonds hongrois de la BN nous semble exemplaire d'une coopération réussie entre un centre de recherches universitaire, et deux bibliothèques nationales. La méthode adoptée, le déroulement du travail, le respect des délais annoncés initialement, doivent aussi beaucoup à l'esprit de rigueur des spécialistes qui ont participé au dépouillement des catalogues de la BN : Agnès Jarfas pour le côté français, sous l'autorité de Nora Borsos ; Aniko Nagy et ses adjointes de la Bibliothèque nationale Széchényi. Il faut remercier de sa collaboration le CIEH en la personne de M. Jean Perrot et de M. Bertrand Boiron. La Bibliothèque nationale a beaucoup apporté, financièrement et intellectuellement parlant, notamment grâce à l'aide apportée par Mme Alix Cheval-lier, directeur scientifique et Mme Anne Flottès Dubrulle, responsable des programmes de recherches à la BN.