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    Introduction

    Par Claudine Belayche, Présidente ABF

    Je commencerai par une lecture.

    « Concevoir la lecture comme un service public nécessaire, dont tous doivent profiter, et pour lequel tous doivent payer, non seulement ceux qui en profitent mais surtout ceux qui n'en profitent pas, car leur ignorance est un danger public. Danger public de loisirs qui ne trouveront que plaisirs imbéciles, ou funestes, ou d'un travail qui demeurera routinier, oiseux ou encombrant. Danger public qui est l'ignorance du pauvre nuisible à lui-même, à la prospérité de la race et du pays. Danger public qui est l'ignorance du riche, qui par l'emploi stupide de sa fortune et de son pouvoir qu'il a de faire travailler les autres multiplie le danger de son incompétence.

    « Concevoir la lecture comme un système d'éducation, l'instruction par soi-même, la libre recherche, la découverte et non la simple acquisition du savoir. La concevoir ainsi dès l'école, même primaire et dans la secondaire et dans la supérieure...

    Je m'arrêterai là. C'est l'introduction de l'ouvrage d'Eugène Morel La Librairie publique, texte qui en 1910 était considéré par les collègues de l'époque comme révolutionnaire. En effet, dès le début du siècle, certains ont réfléchi sur l'ouverture des bibliothèques au grand public, et préfèrent le vocable de librairie publique à celui de bibliothèque. Cette ouverture prendra longtemps, très longtemps. Elle commence vraiment dans les années cinquante, et dans les années soixante-dix ce nom est mis à l'honneur par Michel Bouvy. L'idée de médiathèque peut se situer au confluent de trois points de vue, qui seront une sorte de fil conducteur de cette journée. La médiathèque est d'abord un espace, un espace conquis pour le public sur des magasins de stockage. On peut déjà dire que la médiathèque, ou la librairie publique d'Eugène Morel, sont d'abord l'appropriation d'un espace par des publics. Cette réflexion sur l'espace est importante et occupera une partie de la matinée.

    L'organisation des collections impliquera des conséquences sur les publics accueillis, qui vont investir l'établissement, mais aussi sur les services offerts.

    La différence par rapport à ce qui se passait il y a quelques années, est probablement que des demandes différentes peuvent venir d'une même personne. Ceci fonde une plus grande difficulté d'approche des publics : on parlera de plus en plus d'usages de la bibliothèque, plutôt que d'usagers, puisque les usages pourront être différents à divers moments de la journée ou de la vie de chacun des usagers.

    Là réside aussi la difficulté d'organiser les collections, en gardant présent à l'esprit que les demandes, les envies de tous les publics se heurtent parfois, souvent, aux requis des bibliothécaires. C'est une des contradictions de l'évolution des bibliothèques qui nous questionne.