Ce dictionnaire renoue avec une ancienne tradition des éditions RETZ, des « Encyclopédies du savoir moderne » où était paru, il y a plus de 20 ans déjà, un volume sur « la chose imprimée ». François Richaudeau, préfacier de ce document, et directeur de l'ancienne édition, le rappelle : depuis 1984, date de la dernière édition qu'il dirigeait, il fallait une autre conception, vu les développements impressionnants dans le domaine de l'écrit des technologies informatiques.
La date de 1984, justement, est celle de l'apparition du Mac Intosh, dont on sait combien il a révolutionné les pratiques de l'imprimerie, et de tous ceux qui travaillent dans la maquette, la mise en pages.
Cette encyclopédie se présente plutôt comme un dictionnaire encyclopédique, puisqu'elle nous propose à la fois des articles de fond, longs, détaillés, construits et structurés, et de courts articles (350, de type dictionnaire de définitions) qui permettent une recherche rapide, et renvoient d'ailleurs également aux articles de fond ou à d'autres vocables.
Evidemment, pour un tel ouvrage, on attendait que la mise en pages et la présentation fussent soignées, et nous ne sommes pas déçus : clarté de la mise en pages, travail évident sur les polices de caractères (toutes sont signées). Le feuilletage est un réel plaisir, et incite à s'arrêter sur tel ou tel article.
Sur le fond, cette encyclopédie mérite son nom. Bien sûr, les caractères traditionnels du papier, de l'imprimerie typographique sont longuement traités : on saura tout (ou presque) sur les fontes de caractères, l'histoire de l'imprimerie, la fabrication du papier, les filigranes. Les procédés d'impression sont passés en revue, des schémas très clairs montrent le fonctionnement technique des différentes presses, et des techniques de l'illustration.
Les apports dus à la composition informatique sont longuement explicités, et définis les codages de caractères, les procédés de reproduction et de flashage numérique, les abréviations atm, tiff, jpeg, n'auront presque plus de secrets pour le lecteur.
L'article sur le livre « Éditer un livre » est un mini manuel, qui montre avec humour les évolutions du métier d'éditeur, et les rôles comparés, dans le contexte de la composition numérique, d'un auteur qui donne son texte sur disquette et un véritable éditeur. Toutes les données chiffrées permettent de mieux comprendre les coûts, et questions liées à l'économie du livre.
De la même façon, est traitée la publication d'un magazine, avec ses spécificités. Les législations sont largement abordées, pour les documents papier, mais l'article s'étend aussi aux droits de diffusion des oeuvres multimédias. Ce chapitre est rédigé de façon très pratique.
L'édition numérique fait l'objet d'un chapitre complet, rédigé par Maurice Laugier, directeur d'imprimerie : rédaction là aussi plutôt technique, puisque l'auteur entre dans le détail des normes SGML, des codifications de l'information, avant d'envisager rapidement les modifications que ces mutations technologiques entraînent sur la diffusion et sur les métiers.
Il serait vain de vouloir aborder en quelques lignes tous les sujets traités en 540 pages, qui se terminent par une liste d'adresses utiles (syndicats, centres et écoles de formation) un glossaire français-anglais : quel bibliothécaire sait que « serif » est le terme anglais pour empattement ? Pas de bibliographie générale, les ouvrages ou textes sont cités en marge de chaque article.
Même s'il n'apparaît que comme préfacier, j'ai cru reconnaître la « patte » de François Richaudeau dans l'article, discrètement glissé entre « pelliculage » et « photocopie » sur « Perception et compréhension de l'écrit » où l'auteur envisage l'écrit plus du point de vue du lecteur, et ce qu'il appelle le « traitement cognitif » de l'écrit. Important de situer cette donnée, car les maquettistes et compositeurs, finalement, travaillent pour servir le texte, le mettre en valeur pour une lisibilité maximale.
En conclusion, un ouvrage qui se consulte régulièrement, ou se lit par curiosité et avec grand plaisir.