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    Par Françoise Bourdon
    Marie-Renée Cazabon
    Maria Witt, Collab
    Marcelle Beaudiquez, Préf
    Marc Chauveinc, Préf

    UNLMARC

    Manuel de catalogage

    Monographies, publications en série, musique imprimée, documents électroniques

    2e éd. mise à jour et augm. - Paris, Éditions du Cercle de la librairie, 1999. - 444 p. (co//. Bibliothèques). ISBN 2-7654-0746-0. - br. - 280 F

    Au printemps 1999 paraissait sous la plume de Marc Chauveinc la 3eédition de la traduction française du format UNIMARC, intitulée Manuel UNIMARC: format bibliographique, reposant sur l'édition originale anglaise publiée par l'IFLA en 1994 et sur les mises à jour de 1996 et de 1998. Il faut donc saluer l'initiative de Marie-Renée Cazabon et de Maria Witt qui, quelques mois seulement après la mise à disposition en français du format brut, proposent une nouvelle édition du Manuel de catalogage.

    Ces deux publications récentes, le format UNIMARC d'une part et le manuel de catalogage d'autre part, témoignent de la vitalité d'UNIMARC en France. Marie-Renée Cazabon explique cet état de fait dans la première partie de son ouvrage, consacrée à l'histoire des formats MARC en général et à celui du format UNIMARC en particulier. Elle rappelle qu'un format bibliographique est une technique de balisage des données qui permet à un ordinateur d'identifier les données bibliographiques qu'on introduit dans sa mémoire pour pouvoir ensuite les trier et les restituer de façon cohérente. Elle explique aussi pourquoi et comment, en France, UNIMARC est utilisé comme format à la fois national et international d'échange de données et comme format de travail pour la saisie de ces données.

    Ce manuel de catalogage s'adresse à des publics divers : catalogueurs utilisant UNIMARC comme format de travail pour la saisie des notices bibliographiques, gestionnaires de la récupération de notices, constructeurs de logiciels, etc. En plus des informations sur le format UNIMARC stricto sensu, il contient donc un bref rappel des normes de catalogage sur lesquelles il s'appuie, des indications sur les contraintes éventuellement imposées par le logiciel qui le gère, des précisions sur les données du format exploitables pour la construction des index ou pour l'affichage des notices dans le catalogue, des informations techniques sur les échanges de notices, etc. De plus, par rapport à la première édition de 1993, ce présent manuel contient beaucoup plus d'exemples et couvre des secteurs préalablement absents, comme le catalogage de la musique imprimée et celui des ressources électroniques.

    Cette pluralité d'approches est un atout et souligne bien le rôle de pivot que joue le format pour le catalogue. Cependant il n'est pas facile de distinguer d'emblée dans le manuel ce qui relève de la norme de catalogage, du format stricto sensu, du logiciel de saisie, du paramétrage d'affichage... et il gagnerait en clarté si ces différents aspects étaient mieux identifiés au fil du texte. Cela éviterait les dérapages évidents tels que « il y a déjà une zone 225 dans l'ISBD (p. 102}

    Cela rendrait plus compréhensibles les exemples de notices donnés en annexe (p. 423 par exemple) et extraits d'une base du Collège de France : on peut deviner que le système local impose de saisir chaque sous-zone sur une ligne différente, mais il est difficile de comprendre pourquoi les indicateurs de traitement propres à une zone apparaissent derrière chaque code de sous-zone. Quelques précisions sur le contexte de ces notices auraient été les bienvenues, d'autant que des erreurs de formatage viennent en compliquer la lecture : comment peut-on avoir à la fois deux sous-zones$a et deux sous-zones$f dans une même zone 200 ?

    La diversité des publics auxquels s'adresse le manuel - et aussi parce qu'un catalogueur utilisera d'autant mieux le format qu'il en comprend bien la structure et l'exploitation qui peut en être faite dans la gestion du catalogue - amène l'auteur à expliquer le rôle de tel ou tel élément du format dans l'affichage des données ou la construction des index. Avec plus ou moins de bonheur...

    Par exemple, on peut lire p. 48 : « Rappelons que les zones codées sont pour le système, et la zone des notes pour le lecteur. En effet, la zone des notes s'adresse à un utilisateur que l'on imagine mal utiliser un manuel de décryptage de codes en même temps qu'il consulte un catalogue. » C'est ignorer que les zones codées peuvent être décryptées dans le cadre du paramétrage de l'affichage des notices, notamment pour un affichage des notices bibliographiques avec libellés. On peut ainsi exploiter un grand nombre de données codées pour enrichir l'information bibliographique fournie aux usagers, et au niveau international cette information peut même être décryptée dans la langue de l'usager, ce qu'il est impossible de faire avec une note !

    Le manuel est assez confus en ce qui concerne la construction des index, mais il faut dire à sa décharge que le format UNIMARC lui-même contient à ce sujet beaucoup de déclarations péremptoires qu'il conviendrait de nuancer. Par exemple, s'il est vrai que les indicateurs de traitement « donnent à l'ordinateur une information sur le contenu de la zone qu'ils affectent, [...] sur les traitements à effectuer tels que les [...] mises aux index (p. 34) », il est abusif d'en conclure que, selon la valeur du premier indicateur dans la zone Titre et mention de responsabilité (1 = titre significatif, 0 = titre non significatif), on crée ou on ne crée pas de point d'accès titre (p. 55).

    Certes, le format UNIMARC présente bien les choses ainsi (Chauveinc, p. 135), mais il serait p!usjuste de dire que selon la valeur de l'indicateur on peut définir différentes règles d'indexation du titre : indexation du seul titre propre [$a) quand la valeur est 1, indexation du titre propre et de la première mention de responsabilité ($a et$f] quand la valeur est 0. C'est ce qui est fait sur le cédérom de la Bibliographie nationale française, et il faut donc nuancer les propos suivants : Aujourd'hui, avec les performances de nos systèmes et la taille des mémoires, [la valeur de l'indicateur] n'a plus vraiment d'importance ; significatif ou pas, le titre de la sous-zone $a sera indexé (p. 57). »

    Il vaudrait mieux expliquer tout simplement que le format structure les données et les identifie. Partant de là, l'affichage de ces données et leur mise dans les index sont affaire de paramétrage. Ainsi, les mêmes données, formatées de la même façon, peuvent être affichées et indexées différemment d'un catalogue à l'autre, ou pour un même catalogue d'un support à l'autre (en ligne et sur cédérom par exemple). Le format prépare les données mais il n'impose pas les choix qui, cependant, doivent rester cohérents avec les règles d'indexation en vigueur.

    Ces imprécisions concernant certains exemples ou l'exploitation du format pour l'affichage et les index sont moins graves que celles concernant la présentation du format lui-même. Un des points faibles du manuel est, par exemple, de négliger complètement, et surtout sans le dire, le cas du catalogage en plusieurs écritures. Ainsi peut-on lire p. 35 : « [...] dans UNIMARC il ne peut y avoir qu'un seul champ 200 (champ qui recevra le contenu de la zone Titre et mention de responsabilité) [...]. » Or c'est faux, car on peut lire dans le format [Chauveinc, p. 9) : « Toutes les zones UNIMARC peuvent être répétées pour enregistrer des alphabets ou des signes graphiques différents [ ... ]les zones non répétables ne peuvent être utilisées qu'une fois par alphabet ou signe différent [...]. » C'est par le jeu du$6 Code de liens entre zones et du$7 Alphabet ou écriture de la zone que s'opère ce traitement d'alphabets différents. Les exemples de notices en chinois et en japonais donnés dans le manuel p. 425 contiennent bien un$6, mais qui ne respecte pas la définition donnée dans le format. De même, il est surprenant de voir (p. 42) que le code de translittération (zone 100$a position 25) est indiqué dans le manuel comme étant une information donnée par défaut par le système et non par le catalogueur !

    On touche là toute la difficulté de l'entreprise qui consiste à faire un manuel de catalogage répondant aussi bien aux besoins d'un débutant découvrant le catalogage en format qu'à ceux d'un professionnel chevronné susceptible de recourir au manuel pour des cas de figure complexes. Pourtant sur certains points, par exemple les zones de lien entre notices, la complexité des choix de traitement n'est pas escamotée, au risque d'embrouiller les débutants !

    L'absence d'un tableau récapitulatif unique des zones du format, le classement très fantaisiste des index alphabétiques en fin de volume et le manque de mise à jour de la bibliographie sélective sont autant d'imperfections qui s'ajoutent au fait que l'ensemble de l'ouvrage aurait nécessité une relecture attentive avant sa publication : d'innombrables erreurs typographiques qui font s'interroger inutilement le lecteur auraient ainsi pu être corrigées dans les exemples.

    Malgré ces inexactitudes que les lecteurs attentifs pourront peut-être rectifier d'eux-mêmes, ce Manuel de cofo/ogogea a la vertu d'exister. Il s'agit là d'un travail très difficile, qui mérite d'être accueilli favorablement par toute la profession. UNIMARC évolue sans cesse, et une autre édition du manuel sera à mettre en chantier prochainement. Elle devra se détacher un peu du catalogage en ligne pour aborder des aspects tels que la récupération de notices en UNIMARC, la conversion de notices d'UNIMARC vers un autre format et vice versa, l'articulation entre le format UNIMARC pour les données bibliographiques et le format UNIMARC pour les données d'autorité, etc. C'est pourquoi la prochaine édition gagnerait sans doute à être entreprise par une équipe beaucoup plus étoffée, qui pourrait multiplier les relectures et les vérifications.