La plupart des professionnels de la documentation connaissent maintenant bien le CCN.
Avant lui, la recherche d'un périodique dans une bibliothèque passait par des étapes multiples et souvent aléatoires, par le biais de bulletins de demande itinérants, guidés par quelques rares catalogues collectifs imprimés, souvent partiels et trop anciens.
Avec le CCN, on accède en une seule recherche de quelques secondes à la totalité des informations disponibles en France sur le sujet, depuis n'importe quel terminal, cette information est à jour en permanence, et elle est fiable puisque ce sont les établissements possesseurs des collections eux-mêmes qui l'oii, entrée. C'est donc un gain de temps considérable.
L'apparition du minitel bistandard, terminal TTY gratuit, aurait dû permettre de généraliser l'accès au CCN. Cependant, rançon de l'exhaustivité de la banque de données (plus de 800.000 collections recensées en 1990), et d'un programme de recherches très performant, il ne saurait être question de mettre l'interrogation du CCN dans des mains non expertes. Le dialogue d'interrogation suppose un apprentissage, et l'interrogation est coûteuse. Jusqu'en 1988, le CCN est donc resté un outil à la disposition exclusive des bibliothécaires et documentalistes.
La question de mettre le produit à la disposition du grand public (c'est-à-dire aussi sans mot de passe et inscription auprès du serveur) a cependant été à l'ordre du jour tout au long de ces 5 premières années de fonctionnement. Au moins ces 5 années ont-elles permis une croissance et une amélioration des données contenues dans la banque. Le CCN est sans doute aujourd'hui plus facile à mettre à la disposition de tous dans la mesure où le signalement des collections est plus complet et de meilleure qualité qu'à l'origine.
La mise du CCN à la disposition de tous, cela supposait la résolution de 2 questions faciles à poser mais complexes à résoudre :
Comment rendre l'interface de recherche suffisamment conviviale pour pouvoir dispenser l'utilisateur d'un manuel ou d'une formation ?
Comment faire pour que la consultation de la base, tout en restant exhaustive et simple, devienne plus économique ?
En 1986, la réponse était double : la version VIDEOTEX ou le CD-ROM. Contre la version VIDEOTEX, plusieurs bonnes raisons :
coût de consultation supérieur (et éventuellement si on veut rester dans une tranche de tarification accessible, pertes du serveur) ;
développement de l'interface complexe et coûteuse à mettre en oeuvre, les données pour chaque titre étant susceptibles de couvrir de nombreux écrans de moins de 1000 caractères (contre 2000 pour un terminal classique) ;
risque de temps de réponses élevés ;
si l'on veut éviter ces deux derniers-problèmes, nécessité d'appauvrir les données, au détriment de la qualité de service ;
Contre la version CD-ROM, des raisons sensiblement moins nombreuses, dont la plus évidente est le coût du produit pour l'utilisateur :
coût de la configuration. Alors qu'un minitel est gratuit, une configuration incluant un micro-ordinateur de type PC-AT, écran couleur, lecteur de CDROM dépasse largement les 30.000 F ;
coût du produit lui-même. Un CDROM tiré à 200 exemplaires revient à près de 3.000 F pièce lorsqu'on y inclut les coûts de préparation des données, pre-mastering, mastering, pressage, impression du livret, et diffusion ;
Cependant, ces coûts peuvent être amoindris dans un proche avenir, pour le premier par l'amortissement de la configuration avec l'utilisation d'autres CD-ROM documentaires (Bibliographies générales et spécialisées se multiplient), le second par l'accroissement du marché qui devrait permettre de réduire sensiblement les coûts de fabrication.
En tout état de cause, nous n'avons pas, en prenant la décision de réaliser un CD-ROM prioritairement à une version VIDEOTEX, voulu faire un choix définitif. Une version VIDEOTEX du CCN devrait d'ailleurs voir le jour sur le 36.17 avant la fin de 1990, une fois tous les problèmes de simplification de l'interface résolus.
Le choix du CD-ROM de préférence au VIDEOTEX va aussi dans le sens d'une ouverture progressive du CCN au grand plublic. En effet, les divers produits du CCN ne seront pas concurrents, à l'exception peut-être des microfiches qui seront, lorsque les problèmes de coût seront résolus, très largement remplacées par le CD-ROM. On disposera donc de :
En 1986, il y avait peu de sociétés en France capables de réaliser ce produit. La DBMIST a pris contact avec la société CEDROM Technologies et financé une pré-étude de faisabilité, le cahier des charges exigeant l'utilisation d'un logiciel soit CD-ROM soit micro déjà existant. La société CEDROM ayant conclu à la nécessité d'un développement spécifique, donc contradictoire avec ce dernier point, le projet s'était arrêté là. Il a été repris au milieu de 1987, lorsque la Société Jouve s'est à son tour lancée dans le CD-ROM documentaire.
Suite à un voyage d'étude aux USA de M. PIC, PDG de Jouve, un certain nombre de logiciels spécifiques de gestion de fichiers de bibliothèques sur CD-ROM ont été examinés. Le choix définitif s'est arrêté sur Le Pac, de Brodart Automation (société américaine importante, spécialisée dans les produits de tous types pour bibliothèques, des rayonnages jusqu'aux développements informatiques intégrés). Ce logiciel a été choisi à la fois pour sa simplicité d'accès comparable au VIDEOTEX (indispensable étant donné la "clientèle" visée par le CDROM du CCN), pour ses potentialités en matière d'interrogation plus sophistiquée, et pour sa "portabilité" quant à la version française. Jouve a conclu un accord de partenariat avec Brodart afin de pouvoir participer au développement du produit CCN.
Le logiciel d'interrogation de Myriade version 0 était fondé sur le système Le Pac version 4. Cette version a été traduite et adaptée selon les spécifications rédigées en commun par le Centre national du CCN et le département Systèmes d'information de Jouve, et réalisée par Brodart.
Après diverses pré-versions posant des problèmes, essentiellement dûs aux localisations du CCN, la version 0 de Myriade a été présentée à la presse et au public le 10 mars 1988, et installée au cours des semaines suivantes dans 20 sites tests situés à Paris et en région Rhône-Alpes. Cette phase de tests s'est poursuivie jusqu'à la fin du mois de juin 1988, après quoi on a tiré les conclusions de l'expérience. Ces conclusions ont été globalement positives et entraîné la réalisation d'une version définitive de Myriade.
Afin de ne pas briser l'expérience en cours dans les 20 sites test, une version intermédiaire a été diffusée en décembre 1988, correspondant à une réactualisation de la base sans modification des spécifications logicielles, et l'expérience a été étendue à de nouvelles sections de bibliothèques universitaires, portant alors le nombre des sites Myriade à 90 environ.
Nous avons procédé ensuite à une réanalyse de l'application, afin, le cas échéant, de corriger les bogues et les dysfonctionnements et optimiser l'interface utilisateur en fonction des remarques faites. La version définitive est commercialisée depuis décembre 1989.
Le prix public est de 5500 F HT par an, sous forme d'abonnement à 2 disques semestriels (tarif préférentiel pour les établissements sous tutelle de la DPDU (MENJS)).
En outre, la totalité des sections de bibliothèques universitaires devrait être équipée de configurations complètes d'ici à 1991 (soit environ 200 configurations).
Myriade nécessite une configuration de base de type IBM PC AT avec écran couleur et lecteur de CD-ROM. Le logiciel de pilotage du CD-ROM tient sur une simple disquette 5 pouce 1/4, et ne nécessite donc pas de disque dur. Si le logiciel est installé sur disque dur, à l'allumage de l'ordinateur, il y a exécution automatique d'un programme de démarrage qui permet d'accéder directement au CCN sans avoir à connaître le système d'exploitation MS-DOS. Une fois en place sur l'application, la sortie du logiciel CCN est masquée, de même que les procédures de réinitialisation traditionnelles sur IBM PC (CRTL+ALT+DEL) afin d'interdire aux utilisateurs tout usage du micro-ordinateur à d'autres fins que l'interrogation de MYRIADE (ou, dans la prochaine étape, des CD-ROM disponibles dans l'établissement)
MYRIADE fonctionne en deux modes : le mode simple, destiné au grand public, et le mode expert (recherche booléenne "et" et "ou" ou sur des mots) pour les utilisateurs plus avancés. Le deuxième mode peut ou non être masqué, au choix de l'utilisateur, en fonction de son public.
L'interrogation de MYRIADE dans son mode simple est fondée sur deux principes :
Pour répondre au premier point, le logiciel est totalement guidé. Chaque écran comporte deux parties : une d'assistance en ligne et une pour afficher les données. En outre, pour chaque étape de recherche, il existe des écrans d'aide complémentaires accessibles par la touche normalisée FI.
Pour répondre au second point, le logiciel n'utilise quasiment que 10 touches de fonctions (passage d'un type de recherche à l'autre) et les 4 touches de déplacement du curseur (haute-basse : déplacement dans les listes, gauche-droite : déplacement dans les étapes de recherche avant-arrière).
Le mode simple permet d'accéder aux notices par 2 points d'entrée : le titre entier, l'éditeur scientifique entier.
Le principe de la recherche en mode simple est le feuilletage d'index par pas successifs : un sur 5000, puis un sur 70, puis 1 sur 1, puis affichage de la notice complète, choix d'un département, affichage des localisations.
Une variante du mode simple pour les utilisateurs un peu plus avancés permet d'accéder directement au milieu des index en entrant au clavier les premiers caractères du titre ou du nom de l'éditeur recherché. On gagne ainsi un peu de temps en éliminant 2 des 3 pas successifs de recherche.
Le mode simple se complète d'un accès direct aux mots du titre. Ce mode est utile lorsque le début du titre est mal connu. Il fonctionne de la même façon que le précédent : on entre quelques caractères d'un mot au clavier et on débouche immédiatement dans la liste des mots du titre (tous les mots de plus de 2 lettres sont indexés). Le choix d'un mot provoque l'affichage des titres qui le contiennent.
Dans le mode expert, on a accès aux mots du titre et aux mots de l'éditeur scientifique, avec toutes les combinaisons booléennes de "et" et de "ou" entre titres et éditeurs que l'on peut imaginer. Tous les mots du titre et de l'éditeur scientifique sont indexés.
Enfin, un dernier mode permet d'accéder directement et sans ambiguïté à un périodique, à partir de son ISSN (numéro international standardisé attribué aux périodiques).
Le CD-ROM du CCN étant explicitement réservé aux demandes de prêt, il ne permet d'accéder qu'aux notices CCN localisées.
Par rapport à la version 0 qui a servi de test, cette version apporte des améliorations importantes, notamment sur les points suivants :
En outre, dans une version ultérieure, une fonction de déchargement de données en liaison avec PEB-MICRO (système de gestion du PEB sur micro-ordinateur) sera ajoutée, permettant l'automatisation complète de la chaîne.
Le logiciel est en version française. Ceci est dû au logiciel pilotant le disque. Prochainement une version anglaise sera développée. D'ores et déjà, tous les éléments nécessaires à cette version ont été intégrés au CD lui-même.