Le site choisi pour ce pré-séminaire (une bibliothèque municipale classée dans une ville moyenne, Valenciennes), la composition du public présent (BN, BdF, BS) ont permis de rappeler l'extrême complexité de la cartographie du patrimoine des bibliothèques françaises et de renouveler le souhait de l'ABF (cf. "Réseaulument") de ne pas voir s'instaurer un réseau à "plu-sieurs vitesses".
Le patrimoine des bibliothèques a été abordé de manière dynamique : il a d'emblée été défini comme l'ensemble des documents graphiques, photographiques, imprimés, manuscrits, audiovisuels, magnétiques, etc. à conserver pour l'avenir. En introduction à la journée organisée par Marie-Pierre Dion (BM Valenciennes) et Albert Poirot (BM Dijon), Jean-Marie Arnoult (BN) a rappelé les recommandations du groupe de réflexion "conservation" de la Bibliothèque de France et Albert Poirot a résumé les débats suscités par la réforme du dépôt légal. Anne-Françoise Leurquin a alors présenté la politique de l'I.R.H.T. (C.N.R.S) en matière de reproduction.
Jean-Paul Oddos (Bibliothèque de France) évoquait quant à lui la problématique de l'information bibliographique spécifique aux fonds anciens.
Yves Le Rocq (BM du Mans) a récapitulé les actions menées en région au cours des dernières années.
D. Pallier, Inspecteur Général, a retracé l'essor des bibliothèques de dépôt à l'étranger et explicité les problèmes bibliothéconomiques que posent les silos.
En conclusion, B. Huchet (DLL) précisait quels contrôles se mettaient aujourd'hui en place pour assurer la durée et la qualité des actions.
La description du paysage actuel des réseaux en matière de patrimoine a fait apparaître tout au long de la journée encore bien des disparités ou des incertitudes :
Mais ces dernières années ont été marquées par des choix et des prises de conscience décisifs, par des initiaves individuelles ou concertées qui autorisent un optimisme mesuré. Il convient désormais de favoriser la coordination des actions, de concevoir des réponses d'ensemble à des problèmes envisagés dans leur globalité, de préférer au spectaculaire les mesures d'urgence.
Deux axes de coopération se dessinent :
Mais d'autres modèles sont possibles pour les élus comme pour les professionnels ou le public et ils doivent étayer les précédents :
Les nouvelles compétences des collectivités territoriales permettent toute liberté aux concepteurs de projets. L'exemple des FRAB est ainsi significatif de la marge laissée aux régions.
Yves Le Rocq a parfaitement décrit les trois thèmes de travail relatifs au patrimoine, privilégiés par la plupart des agences de coopération : sensibilisation, conservation, mise en valeur. Les Agences de coopération ont ouvert des perspectives dans de nombreux domaines mais il reste beaucoup à faire en matière de sensibilisation des élus, de formation professionnelle, de repérage de fonds anciens, de mise en place de plans de sauvegarde.
Si les objectifs sont clairs, les structures et les méthodes se précisent peu à peu :
D'autres domaines devraient retenir l'attention au cours des prochaines années comme la mise en place d'une politique de conservation "à la source" brièvement évoquée. En aval, la notion de réseau aboutit naturellement au concept de silo.
D. Pallier a opposé la fréquence de ce thème de réflexion en France depuis 1980, à la rareté des réalisations (sauf Centre de prêt et BU parisiennes en projet). Un silo représenterait une véritable "soupape de sécurité" pour les bibliothèques publiques. Il conviendrait donc d'en étudier la viabilité en comparaison avec les modèles scandinaves et de régler quelques problèmes bibliothéconomiques et économiques importants :
MM. Le Rocq, Pallier et Huchet ont chacun à leur manière rappelé la nécessité d'une politique nationale et d'un contrôle pour garantir la durée et la qualité de ces actions.
Le transfert des compétences aux collectivités territoriales s'est accompagné d'une volonté de contrôle technique accru (décret du 9 Novembre 1988, arrêté du 9 Mai 1989).
La création d'un Conseil National Scientifique du Patrimoine a permis à l'Etat de se doter d'un outil de définition et de prescription pour une politique nationale. If reste à l'Etat à se donner les moyens de cette politique ...
Au terme de la journée, le cadre régional est apparu comme le niveau de réflexion, de financement (investissement) et de coopération le mieux adapté à la mise en place d'un réseau national véritablement pensé.
Pour peu qu'une coordination nationale technique mais aussi politique se mette en place entre les collectivités territoriales, les bibliothèques de celles-ci pourraient ne pas manquer le rendez-vous de la Bibliothèque de France.